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Cinéma

Le Dîner de cons, Alien, La Grande bouffe... des films de confinement pour s'évader

Jacques Villeret et Thierry Lhermitte dans "Le dîner de cons"

Jacques Villeret et Thierry Lhermitte dans "Le dîner de cons" - Gaumont

De Panic Room au Dîner de cons en passant par La Grande bouffe, le cinéma adore les huis clos. Voici une sélection de films de confinement qui vous permettront, contre toute attente, de vous évader...

Le cinéma adore les huis clos, lieux propices aux pires atrocités ou aux pitreries, ou encore pour disséquer la société. De Panic Room au Dîner de cons en passant par Fenêtre sur cour et La Grande bouffe, voici une sélection de films de confinement qui vous permettront, contre toute attente, de vous évader... 

  • Confiné avec Tom Hanks
Tom Hanks dans Le Terminal
Tom Hanks dans Le Terminal © DreamWorks

On n'a pas tous la chance d'être confiné chez soi. Tom Hanks, dans Le Terminal, se retrouve ainsi enfermé dans l'aéroport JFK, à New York. Alors que son avion le dépose sur le sol américain, Viktor Navorski découvre qu'une guerre civile a plongé son pays d'origine, la Krakozie, en plein chaos. Ne pouvant ni rentrer chez lui ni sortir de l'aéroport, il apprend à survivre dans ce royaume cosmopolite où il découvre les joies des repas sur le pouce (crackers et ketchup) et apprend à construire une fontaine avec des bouts de céramiques. Tom Hanks est un peu un spécialiste du confinement. En 1999, c'est sur une île perdue du Pacifique qu'il est confiné pendant quatre ans, après le crash de son avion dans Seul au monde. Confiné pour de vrai en Australie ces deux dernières semaines pour cause de coronavirus, Tom Hanks a dû être un compagnon idéal. Mais on ne vous conseille pas de voyager avec lui.

  • Confiné avec vue
Fenêtre sur cour
Fenêtre sur cour © Paramount Pictures

Si vous tournez en rond, dites-vous que James Stewart l’a fait avant vous. Dans l’inoxydable Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock, sorti en 1954, le Tom Hanks des années 40-50 est confiné six semaines chez lui à cause d’une jambe dans le plâtre. Incarnant un photographe de renom, il en profite pour jeter un œil régulier, sur ce qui se trame à portée de jumelles. L’espiègle James Stewart, star récurrente dans l’œuvre de Sir Alfred, voit son confinement chamboulé par un meurtre potentiel dont il se croit le témoin impuissant. S’ensuit un magnifique polar technicolor en huis clos, parfaitement rythmé, à la fois drôle et haletant. Un modèle du genre. Le réalisateur de Psychose - qui aurait pu aussi figurer dans cette liste - y fait un brillant usage de son décor, là aussi minutieusement construit pour l’occasion. Sur les 31 appartements bâtis, 12 ont été entièrement meublés. Le film bénéficie enfin de la présence lumineuse de Grace Kelly dans le rôle de la petite amie de Stewart. Rien que pour revoir ce duo, ça vaut le coup d’être enfermé. 

  • Confiné dans un centre commercial avec des zombies 
Zombie de George A. Romero
Zombie de George A. Romero © ESC Distribution

Quand il n'y a plus de place en enfer, les morts reviennent sur Terre... et les humains se réfugient dans les centres commerciaux! Une idée maligne en ces temps de confinement pour ne pas avoir à sortir pour se réapprovisionner... Ecrit et réalisé par George A. Romero, Zombie est avec La Nuit des morts-vivants un des chefs d'oeuvre originels du cinéma de zombies. Le centre commercial où se réfugie le petit groupe de survivants de Zombie est en réalité une métaphore de la société de consommation américaine, et plus généralement d'une époque marquée par la guerre du Vietnam et la course aux armements. Les morts-vivants, qui ont toujours en mémoire leurs habitudes grégaires de consommateurs, y retournent instinctivement pour y dévorer les rares humains encore en vie. Jetez un oeil à votre voisin croisé au rayon surgelé.

  • Confiné avec un hôte (très) indésirable
Alien de Ridley Scott
Alien de Ridley Scott © 20th Century Fox

Rien de tel que le cosmos pour simuler l’isolement et l’impossibilité d’aller prendre l’air. Mais si en plus de la réclusion forcée, vous deviez affronter une créature haute de deux mètres et amatrice de chair humaine? "Dans l’espace, personne ne peut vous entendre crier", apprend-on dans Alien, chef-d’œuvre de Ridley Scott. Mais rien ne vous empêche de sursauter. De la science-fiction mêlée à de l’épouvante, amplifiée par des décors mirifiques et des effets spéciaux révolutionnaires. "Les Dents de la mer dans l’espace", se plaisait à résumer le scénariste Dan O’Bannon. Dans un futur indéterminé, le Nostromo reconduit son équipage vers la Terre. Ses sept membres voient leur cryo-sommeil interrompu par un signal de détresse émanant d’une planète inconnue. Ils décident de s’y rendre et font donc entorse au confinement. Ils n’ont pas idée de l’horreur absolue qu’ils s’apprêtent à ramener à bord - et surtout par quel biais. Le début du film est lent et sournois, la fin suffocante. Les nombreuses suites, à l’exception du troisième volet (réalisé par un certain David Fincher), délaisseront le storytelling épuré et diabolique de l’original.

  • Confiné parano
The Thing
The Thing © Universal Pictures

Chef d'œuvre de John Carpenter, The Thing raconte l'histoire d'un groupe de scientifiques enfermé dans une station perdue au fond de l'Antarctique. Une créature innommable, impossible à capturer et capable d'emprunter la forme de n'importe quel humain ou animal, commence à les décimer un par un. Un scénario qui pourrait ressembler à la situation actuelle. Dans une scène culte, les scientifiques testent un par un leur sang pour savoir s'ils sont "la chose". Sueurs froides assurées lors de cette séquence que vous ne regardez pas du même œil en ces temps de confinement, surtout si votre colocataire se met à tousser en regardant le film.

  • Confiné paniqué
Panic Room
Panic Room © Sony Pictures

Luxe et oppression. Après avoir concocté son Fight Club de 1999 sur 150 lieux de tournage différents, David Fincher a réduit la voilure avec Panic Room, thriller claustrophobe sorti en salles trois ans plus tard. Un lieu unique et créé de toute pièce cette fois-ci: un hôtel particulier du Upper West Side de Manhattan. Le spectre de Fenêtre sur cour, dont Fincher entendait reproduire la “subjectivité spécifique”, n’est pas loin. Point de voyeurisme toutefois dans ce film souvent jugé mineur dans l’œuvre globale du réalisateur, qui bidouille ici avec la violation de domicile. La botte secrète du scénario, signé David Koepp et acquis pour la bagatelle de 4 millions de dollars? La présence dans l’hôtel particulier d’une "salle sécurisée”, dans laquelle Jodie Foster et sa fille diabétique s’enferment pour échapper à des cambrioleurs étrangement familiers des lieux. Murs en béton armé obstruant tout réseau cellulaire, 9 mètres carrés d’espace et porte coulissante en acier renforcé: voilà ce dont nos deux héroïnes doivent se contenter pour s’isoler. Heureusement pour elles, leur confinement s’avère plus bref que celui imposé par le Covid-19. 

  • Confinés confis dans la haine
Simone Signoret et Jean Gabin dans Le Chat
Simone Signoret et Jean Gabin dans Le Chat © Studio Canal

Le film parfait pour un couple confiné avec des animaux. Adapté d'un roman de Georges Simenon, ce classique du cinéma français avec Jean Gabin et Simone Signoret met en scène un couple de retraités qui se déteste et dont la haine réciproque va se cristalliser dans un chat errant sauvé par l'homme. Situé en banlieue parisienne, au début des années 1970, dans un Courbevoie transfiguré par les travaux d'urbanisme et la construction des grands ensembles, le film met en parallèle avec férocité la fin d'un monde et la fin d'un couple. Le Chat était un des films préférés de Jean Gabin et un des meilleurs de son auteur, Pierre Granier-Deferre.

  • Confiné dans une boîte de sardines
Image du film "Das Boot", en 1981
Image du film "Das Boot", en 1981 © Bavaria Film

"Charmant endroit, non? Pas de courrier ni de téléphone", se rassure le capitaine Lehmann. Si on ajoute à cela le fait d’être enfermé dans un long couloir exigu, ceint de machinerie lourde, qui pivote en mer agitée avec plusieurs dizaines d’hommes à bord et entassés les uns sur les autres, l'"endroit" perd en charme. C’est ce que doit endurer l’équipage d’un U-boat nazi dans Das Boot, meilleur film du cinéaste allemand Wolfgang Petersen, dont les autres échappées en haute mer - En pleine tempête et Poséidon - valent moins le détour. Tout en travellings effrénés et plans resserrés, ce bijou de réalisme et de patience est l'essence même du film de sous-marin: suintant, intense, sans chichi mais bourré de détails. Le confinement total en pleine bataille de l'Atlantique, pendant la Seconde Guerre mondiale. Depuis sa sortie en 1981, d’autres films semblables comme À la poursuite d’Octobre Rouge ou USS Alabama se sont démarqués, mais étaient alourdis par leur sensationnalisme. Idem pour Le Chant du loup, sorti l’an dernier. Plus high-tech, certes, mais moins claustrophobique. C'est pourtant ce qu'on cherche, non?

  • Confiné avec Michel Piccoli, le roi du confinement
Michel Piccoli dans La Grande bouffe
Michel Piccoli dans La Grande bouffe © EuropaCorp

Incarnation de l’homme bourgeois des années 1970 et amateur des personnages ambigus, troubles et pervers, Michel Piccoli est aussi le spécialiste des films de confinement. Entre 1969 et 1973, l'acteur fétiche de Claude Sautet a tourné trois fables satiriques - Dillinger est mortThemroc et La Grande bouffe - où ses personnages quittent une société qui court à sa perte pour se réfugier chez eux. Dans La Grande bouffe de Marco Ferreri, quatre hommes (Marcello Mastroianni, Ugo Tognazzi, Philippe Noiret et Piccoli) se tuent au moyen d'une orgie de nourriture. Dans Themroc de Claude Faraldo, étonnant film désormais introuvable, Michel Piccoli incarne un peintre en bâtiment qui choisit de se retirer de la société de consommation et transforme son appartement en grotte. Ce film sans paroles, où les acteurs s’expriment par grognement, est un des favoris de l’acteur. 

  • Confiné par maman à l'insu de son plein gré
Macaulay Culkin dans Maman j'ai raté l'avion
Macaulay Culkin dans Maman j'ai raté l'avion © 20th Century Fox

Beaucoup de cinéphiles nés dans les années 80 ont un jour rêvé d’être Kevin McCallister. Un pavillon de près de 400 mètres carrés sur deux étages (sans compter le fameux grenier), avec télévision et stock de glace illimité... et des parents volatilisés. Comme confinement, il y a pire. John Hughes, prodige d’une décennie où il fut aux manettes de La Folle journée de Ferris Bueller (1986) et des ados confinés - déjà! - du Breakfast Club (1985), a entamé les 90’s avec un autre film-culte. Écrit par Hughes et réalisé par Chris Columbus, Maman, j'ai raté l'avion met en scène le précoce Macaulay Culkin dans le rôle d’un enfant au sein d'une famille nombreuse qui, l’ayant puni la veille, l’oublie à la maison lorsqu’elle part à l’étranger. Après quelques jours d’euphorie, Kevin doit affronter deux cambrioleurs, mais pas du même calibre que ceux de Panic Room. L’occasion d’orner sa demeure de quelques pièges qui, s’ils étaient reproduits dans la vraie vie, en enverraient plus d’un aux urgences. Ce dont on n’a pas besoin en ce moment. Inusable.

  • Confiné façon Bong Joon-ho
Parasite de Bong Joon-ho
Parasite de Bong Joon-ho © The Jokers

Maître du cinéma coréen, Bong Joon-ho adore les huis-clos. Dans Snowpiercer, adaptation de la célèbre BD de Rochette et Lob, et Parasite, son film multi-primé aux Oscars, le cinéaste met en scène des versions condensées de la société coréenne, dont il dénonce avec une pointe d'ironie les non-dits et les disparités sociales. Snowpiercer raconte le quotidien de survivants d'une apocalypse glaciaire dans un train à grande vitesse. Parasite suit le quotidien d'une famille d'escrocs du dimanche qui infiltre une famille riche. Des films parfaits pour cette période qui révèle les inégalités de façon criante, entre journaux, vidéo et images de confinement de luxe, et tests non systématiques.

  • Confinés dans un hôtel paumé dans les Rocheuses
Jack Nicholson dans "Shining"
Jack Nicholson dans "Shining" © Stanley Kubrick

Difficile de dresser une telle liste sans évoquer The Shining, merveille du maître Stanley Kubrick, adaptée d'un roman de Stephen King. Beaucoup de choses ont été racontées sur les éprouvantes conditions de tournage imposées par le réalisateur pour instiller l’atmosphère de folie qui saisit la famille Torrance. Jack, le père incarné de manière indélébile par Jack Nicholson, est envoyé avec femme et enfant à l’Hôtel Overlook, dans les Rocheuses, pour faire du gardiennage d’hiver. Jack veut en profiter pour écrire, mais se laisse vite happer par les fantômes qui hantent le vaste chalet. Il perd progressivement contact avec le réel, au point de terroriser son épouse Wendy et son fils Danny, doué de pouvoirs télépathiques. Ce récit maléfique, maintes fois parodié, rarement égalé, est porté avant tout par son ambiance. Image, son, montage, indices cachés… Tout donne le sentiment d’avoir été pensé au millimètre près, par un artiste totalement - déraisonnablement? - imprégné de son sujet. Ce qui ne l'a pas sauvé des critiques de Stephen King lui-même, bien plus satisfait de l'adaptation de son Misery, autre confinement enneigé mis en scène par Rob Reiner dix ans plus tard, en 1990.

  • Confiné avec des cons
Jacques Villeret et Thierry Lhermitte dans "Le dîner de cons"
Jacques Villeret et Thierry Lhermitte dans "Le dîner de cons" © Gaumont

La comédie aussi aime les huis clos, dispositif qui permet d'exacerber à l'extrême les caractères de chaque personnage. Le théâtre de boulevard et fatalement le cinéma français en sont remplis d'exemples jouissifs, parmi lesquels Le Dîner de cons est le chef d'œuvre ultime. Jacques Villeret et Thierry Lhermitte, au firmament, sont accompagnés par une brochette de comédiens - Catherine Frot, Alexandra Vandernoot, Francis Huster, Daniel Prévost - qui se régalent avec les dialogues ciselés de Francis Veber. Dans cette catégorie de comédies de confinement, où le rire et le burlesque sont les seuls moyens d'échapper à un monde absurde et se terminent souvent en jeux de massacre, on peut citer: Le PrénomLe JeuCuisine et dépendances, Le Père Noël est une ordure ou encore Huit femmes.

Jérôme Lachasse et Jules Pecnard