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Cinéma

Le Retour de Mary Poppins: dans les coulisses des décors féériques

Le Retour de Mary Poppins

Le Retour de Mary Poppins - Copyright The Walt Disney Company France

A l’occasion de la sortie vidéo de la suite du classique de Disney, le chef décorateur John Myhre livre les secrets de ses décors féeriques.

Mary Poppins est de retour dans l’allée des Cerisiers. 54 ans après le classique de Disney, Julie Andrews et Dick van Dyke cèdent leur place à Emily Blunt et Lin-Manuel Miranda. L’intrigue ne se déroule plus dans les premières heures du XXe siècle mais durant la Grande Dépression. L’époque est plus sombre, comme la nôtre, et a besoin d’un morceau de sucre pour aider la médecine à couler.

Réalisé par Rob Marshall (Chicago), Le Retour de Mary Poppins raconte l’histoire des enfants du couple Banks. Frappée par le deuil et des dettes colossales, la famille est aidée par Mary Poppins (Emily Blunt) et Jack (Lin-Manuel Miranda, star de Broadway avec Hamilton), un allumeur de réverbères. A l’occasion de la sortie du film en vidéo, le chef décorateur John Myhre raconte les secrets des décors féeriques de la comédie musicale.

Pouvez-vous raconter la création du monde à l’envers de la cousine de Mary Poppins? C’est le décor le plus impressionnant du film.

Je travaille dans le milieu du cinéma depuis une quarantaine d’années et c’est le décor le plus compliqué sur lequel j’aie travaillé. Nous l’avons réellement construit à l’envers. Pour y pénétrer, il y avait une porte secrète. On marchait sur le plafond et lorsque l’on regardait en l’air on voyait le sol! Le piano, les statues… tout ce que l’on voyait était à l’envers. L’inspiration vient d’un des sept romans de Mary Poppins et de son cousin Topsy (ndlr: écrits par P. L. Travers), dont le monde se renverse une fois par semaine: la pièce se retourne et tous les objets tombent, comme si un ouragan venait de passer. On a rapidement rejeté cette idée. On s’est dit que ce serait plus magique, plus fidèle à l’univers de Mary Poppins si toute la pièce se retournait avec les acteurs qui se promènent dans ce monde à l’envers.

Avez-vous réellement accroché des objets au plafond?

On a essayé que tout soit très léger. C’est un véritable piano: nous avons juste essayé d’enlever le plus de poids possible. Puis nous l’avons accroché au mur au-dessus de nous. Le plafond pouvait s’abaisser pour que nous puissions coller les éléments au mur. On avait un accès direct au cas où. Tout devait en effet être très sécurisé: tout était à l’envers et des stars comme Meryl Streep et Emily Blunt devaient danser en dessous! Ça devait être parfaitement sécurisé et c’était le cas. On a tout acheté dans des marchés aux puces et des magasins d’antiquités. Tout ce qu’il y a dans le film - les épées, les boucliers, les cases pour oiseaux - a été réellement construit pour le film. Emily Blunt, Lin-Manuel Miranda et les enfants ont réellement marché sur ces éléments. Ce n’était pas des effets spéciaux. Rob aime travailler avec de véritables décors, notamment pour que les enfants aient quelque chose de vrai au lieu d’un écran vert. Rob ne voulait pas que les enfants le voient avant le début du tournage. C’était vraiment un endroit magique.

Avez-vous recréé la maison des Banks à Londres?

L’allée des Cerisiers et le parc ont été construits pour les besoins du film. On a reconstruit la maison des Banks, ainsi que celle de l’amiral Boom et trois autres. Nous avons choisi de ne pas recréer exactement la maison du film original. Nous avons voulu la changer un peu car notre histoire était différente. Dans le premier film, la famille n’avait pas beaucoup d’émotions, ils étaient très formels, ils étaient riches. Dans Le Retour de Mary Poppins, nous avons décidé qu’elle ressemble plus à la maison habitée par une famille. On a réduit sa taille: elle passe de trois à deux étages. On a exposé la brique, pour lui donner un aspect plus proche de la classe moyenne. Elle a été changée pour nous aider à raconter notre histoire de la meilleure manière possible.
Emily Blunt dans Le Retour de Mary Poppins
Emily Blunt dans Le Retour de Mary Poppins © Disney

Comment a été conçue l’ombrelle de Mary Poppins avec sa poignée à tête de perroquet? Elle a l’air si vraie.

C’était très amusant à fabriquer. Nous voulions que le film soit ancré dans la réalité, que tout ce qui sortait de l’imaginaire de Mary Poppins soit réaliste. Mon rêve était de créer l’ombrelle à tête de perroquet de Mary Poppins. Je voulais qu’il ait l’air vrai, qu’il soit sculpté en bois et incrusté de pierres précieuses. Mon idée était que si vous voyiez ce parapluie chez un antiquaire, vous voudriez l’acheter même si vous n’en vouliez pas au départ. Nous voulions qu’il soit le plus réaliste possible à cause des enfants. Nous voulions qu’il fonctionne réellement. Tout ce que vous le voyez faire, lorsqu’il parle ou cligne des yeux, a été fait pour de vrai sur le tournage. La tête du perroquet est un animatronique et c’était incroyable car on pouvait réellement avoir une discussion avec lui! On le tenait dans ses bras et il y avait un marionnettiste sur le tournage qui le manipulait. Il n’y avait pas de câble, il fonctionnait avec une batterie.

Lin-Manuel Miranda dans Le Retour de Mary Poppins
Lin-Manuel Miranda dans Le Retour de Mary Poppins © Disney

Avez-vous réellement tourné à Big Ben?

Avec Rob Marshall, le directeur de la photographie Dion Beebe et les producteurs, nous avons eu la possibilité de visiter Big Ben. Nous avons monté les 334 marches et nous nous sommes tenus derrière l’horloge, puis nous sommes montés encore plus haut, derrière le beffroi. Nous y étions lorsque les cloches ont sonné. Incroyable. Nous avions cette connexion avec la réalité pour concevoir notre décor. Nous n’avons pas essayé de changer l’extérieur de Big Ben. Nous avons construit l’ensemble du clocher avec l’horloge, ainsi que des sections que les acteurs pourraient escalader. À l’intérieur, nous avons fait quelques aménagements. Nous voulions donner l’impression que la scène était éclairée à la lampe à gaz - alors qu’aujourd’hui Big Ben est éclairé à l'électricité. A part cela, nous ne voulions rien changer, Big Ben étant une telle icône. Tout a été construit quasiment à la taille réelle.

Jérôme Lachasse