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Cinéma

Le Crime de l’Orient-Express: comment Kenneth Branagh a réinventé Hercule Poirot au cinéma

Kenneth Branagh dans Le Crime de l'Orient-Express

Kenneth Branagh dans Le Crime de l'Orient-Express - Copyright 2017 Twentieth Century Fox

Kenneth Branagh joue Hercule Poirot dans une nouvelle version du Crime de l’Orient-Express. Il raconte comment il a imaginé la superbe moustache du célèbre détective belge.

La réussite d’un Hercule Poirot tient-elle à la moustache du célèbre détective belge imaginé par Agatha Christie? La question mérite d’être posée à l’occasion de la sortie, mercredi 13 décembre, d’une nouvelle version du Crime de l’Orient-Express signée Kenneth Branagh.

Le comédien britannique y arbore une moustache aussi majestueuse qu’extravagante qui devrait rentrer dans les annales du 7e Art. Cet attribut pileux, volontairement ridicule, dévore le visage de Kenneth Branagh. Elle lui sert, tout au long du film, de masque pour observer les suspects et percer à jour leurs sinistres desseins.

Jusqu’à présent, les plus célèbres Hercule Poirot du cinéma et de la télévision - Peter Ustinov et David Suchet - avaient privilégié des moustaches en croc fines et élégantes. Kenneth Branagh a voulu briser cette tradition en proposant la paire de moustaches la plus abracadabrantesque depuis celle de Salvador Dali.

"Poirot porte les plus belles moustaches d’Angleterre"

Cette ambition a eu un coût: "On a travaillé plusieurs mois avant de découvrir la brutale réalité: je ne pouvais faire pousser cette moustache", a déploré Kenneth Branagh lors d’une projection de son film à Paris début novembre. Pour confectionner ce postiche, Kenneth Branagh a fait appel à Carol Hemming, la maquilleuse de tous ses films.

"Pendant plusieurs mois, on a cherché, poursuit l’acteur-réalisateur. Ils ont conçu un buste de moi. On a dû faire une dizaine de versions de cette moustache. Dans les romans, Agatha Christie explique que Poirot porte les plus belles moustaches d’Angleterre. Elle utilise le pluriel. L’idée a donc été d’imaginer une espèce de masque, comme si c’était un super-pouvoir. Son plus grand plaisir est de voir [les suspects] se moquer de lui. Quand les gens ne le prennent pas au sérieux, il peut les observer et être un excellent détective".

Hormis son esprit redoutable et son sens de la déduction hors du commun, l’autre super-pouvoir d’Hercule Poirot est son accent français (bien qu’il soit de nationalité belge). "Le monde des mauvais accents offre aussi un masque", dit Kenneth Branagh avec une pointe d’accent d’Irlande du Nord.

"La clef du casting a été Judi Dench"

Kenneth Branagh a découvert le roman d’Agatha Christie avant de pouvoir faire pousser sa moustache. "Ma mère a commencé à lire des romans policiers quand j’étais adolescent, se souvient-il. Je voyais ces livres - et y compris Le Crime de l’Orient-Express - traîner à la maison. Le titre est génial. Je trouvais très intéressant de combiner ces trois mots: meurtre, Orient et express. Je me souviens avoir été fasciné par le nombre de personnages et la manière dont [Agatha Christie] les utilise pour maintenir le suspense".

Réunir le casting prestigieux du film - Judi Dench, Michelle Pfeiffer, Josh Gad, Daisy Ridley, Willem Dafoe… - a été moins fastidieux que de faire pousser la moustache de Poirot. Selon Kenneth Branagh, la clef a été Judi Dench:

"C’est la première actrice que j’ai contactée. Une fois qu’elle a accepté, elle est devenue une espèce de magnet, raconte-t-il. Des comédiens comme Johnny Depp adorent Judi Dench. Quand on les a tous réunis sur le plateau de tournage, Michelle Pfeiffer est venue me voir. Elle était très émue. Je lui ai demandé ce qu’il s’était passé. Elle m’a répondu qu'elle venait de rencontrer Judi Dench".

Le Crime de l’Orient-Express est moins extravagant que la moustache de Poirot. Le résultat est au contraire sombre et mélancolique. Même Poirot y est mis à rude épreuve. Kenneth Branagh s’est tout de même réservé des défis et a même brisé un record du monde: pour les besoins de la dernière scène du film, il a tourné le plus long plan-séquence de l'histoire du cinéma avec une caméra 65 mm - soit l’une des plus lourdes au monde. Rien n’est trop beau pour la moustache d’Hercule Poirot.

Jérôme Lachasse