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Cinéma

Le cinéaste chinois Wong Kar-wai reçoit le prix Lumière à Lyon

Wong Kar-wai a reçu le 20 octobre à Lyon le 9e Prix Lumière pour l'ensemble de sa carrière

Wong Kar-wai a reçu le 20 octobre à Lyon le 9e Prix Lumière pour l'ensemble de sa carrière - Romain Lafabregue - AFP

Il est le premier réalisateur chinois à se voir décerner ce prix, qu'il a dédié à son épouse et sa muse, Esther.

Il a forgé une oeuvre poétique à "l'imprévisible minutie créatrice". Le cinéaste Wong Kar-wai a reçu ce vendredi soir à Lyon le 9e Prix Lumière pour l'ensemble de sa carrière. A 59 ans, il est le premier réalisateur chinois à se voir décerner ce prix, succédant à l'actrice Catherine Deneuve, récompensée en 2016.

"Je voudrais dédier cet honneur qui m'est fait à mon épouse et ma muse, Esther. Il y a des éclats d'elle dans chacun des personnages féminins de mes films", a-t-il déclaré en recevant son prix des mains d'Isabelle Adjani.

Lors d'une d'une masterclasse dans l'après-midi face aux cinéphiles du Festival Lumière, Wong Kar-wai a commenté sa méthode de travail qu'il n'a de cesse "de remettre en question".

"J'ai horreur de l'écriture car c'est la phase la plus solitaire du processus créatif. J'ai tendance à la repousser le plus possible", a expliqué le réalisateur.

Imaginer "un espace d'expression pour les acteurs"

Pour ce cinéaste reconnu comme l'un des plus fascinants stylistes du cinéma contemporain, le tournage constitue l'étape la plus "appréciable" de la réalisation d'un film car "c'est à ce moment-là qu'il prend vie".

Minutieux et souvent indécis -un trait de caractère qui l'a toujours empêché de collaborer avec un scénariste-, Wong Kar-wai a également évoqué son rapport aux acteurs, qu'il aime d'abord "observer" pour imaginer "un espace d'expression" dans lequel ils peuvent ensuite "créer leur propre partition".

C'est dans cette logique qu'il a un jour supprimé lors d'un tournage les dialogues destinés à son actrice fétiche, Maggie Cheung, estimant que "les mouvements de son corps traduisait parfaitement l'esprit de la scène". "Je reste cependant leur garde-fou", précise-t-il.

Des débuts durant l'âge d'or du cinéma hongkongais

Né en 1958 à Shanghaï, Wong Kar-wai n'a que 5 ans lorsqu'il quitte la Chine, en proie à la révolution culturelle, pour immigrer à Hong Kong. Grandissant sous l'influence culturelle de la colonie britannique, il apprend l'anglais et s'intéresse au 7e Art grâce à sa mère, qui l'immerge chaque jour dans les salles obscures.

Profitant de l'essor de la production cinématographique, il réalise son premier long métrage, As Tears Go By (1988). Un polar au casting duquel figure déjà Maggie Cheung et dans lequel il esquisse son goût pour le montage et un cinéma toujours en mouvement, foisonnant de couleurs, de mélancolie et d'amours impossibles.

"J'ai eu la chance de débuter au cours de l'âge d'or du cinéma hongkongais. La ville était devenue un studio à ciel ouvert. Il y flottait un air de liberté", se remémore-t-il.

A travers le regard des spectateurs

Épaulé par le chef-opérateur Christopher Doyle, le cinéaste assoit progressivement son style et sa science du récit dans Nos années sauvages (1990). Suivent Chungking Express (1994), Les cendres du temps (1994) et Les anges déchus (1995).

Si Happy Together (1997, Prix de la mise en scène à Cannes) lui vaut la reconnaissance de la critique internationale, c'est grâce à In The Mood For Love (2000), drame amoureux romanesque qu'il accède définitivement à la notoriété.

"C'est au travers du regard des spectateurs que l'on peut prendre la mesure du travail accompli", juge-t-il.

Wong Kar-wai se fera ensuite plus rare, signant trois films en dix ans: 2046 (2003), My Blueberry Nights (2007) et The Grandmaster (2013).

N.B. avec AFP