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Cinéma

Le cinéaste Abbas Kiarostami est mort

Le cinéaste Abbas Kiarostami au Festival de Cannes en 2012

Le cinéaste Abbas Kiarostami au Festival de Cannes en 2012 - Valery Hache - AFP

Le réalisateur iranien Abbas Kiarostami, qui a remporté la Palme d'Or à Cannes en 1997, est décédé ce lundi 4 juillet à l'âge de 76 ans.

Comme pour Rossellini ou Godard, il y aura eu un avant et un après Abbas Kiarostami: le cinéaste iranien est décédé en France lundi d'un cancer à 76 ans. Il est salué comme l'un des plus grands réalisateurs mondiaux.

L'homme, qui a remporté la Palme d'Or du Festival de Cannes en 1997 pour Le goût de la cerise, avait quitté Téhéran la semaine dernière pour subir un traitement en France, a indiqué Isna, ajoutant que son décès avait été confirmé par la Maison du Cinéma en Iran.

Un des cinéastes les plus en vue du cinéma iranien

Né à Téhéran en 1940 dans une famille modeste, Abbas Kiarostami est devenu l'un des cinéastes les plus en vue du cinéma iranien dans les années 1960. Il est resté dans son pays après la révolution islamique de 1979 et a continué à travailler avec le monde du cinéma à l'étranger.

On lui doit des films comme Et la vie continue, Au travers des Oliviers, Où est la maison de mon ami ?, Et le vent nous emportera ou Copie Conforme. Il était venu présenter en 2012 à Cannes son dernier long-métrage, Like Someone in Love.

L'agence iranienne IRNA a affirmé que sa dépouille serait rapatriée en Iran pour y être enterrée. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnalités, comme Gilles Jacob, ont salué la mémoire de cet immense cinéaste à l'annonce de sa disparition.

 "Un inventeur"

"Il fait partie de ces très rares cinéastes où il y a eu un avant et un après pour le cinéma", a estimé Frédéric Bonnaud, directeur de la Cinémathèque française. "C'était un inventeur, car il arrivait à conjuguer un certain réalisme, en parlant beaucoup de son pays et des enfants de son pays, tout en sachant que le cinéma est un spectacle qui peut manipuler le réel".

"Sans lui, je n'aurais jamais pu faire Persepolis", a renchéri la dessinatrice et réalisatrice la Franco-iranienne Marjane Satrapi, qui avait fait sa connaissance en France après avoir admiré ses films en Iran. 

"En Europe on avait vu ses films, donc on ne voyait plus les Iraniens comme un peuple de terroristes, mais comme des êtres humains. Il a ouvert la voie à toute une génération d'artistes iraniens. Nous lui sommes tous redevables", a-t-elle dit.

"C'est pour moi une très grande tristesse. Nous nous sommes rencontrés de nombreuses fois, je l'aimais énormément. Il avait son langage, son style. Il était très modeste, mais de cette modestie qu'ont les gens qui sont sûrs d'eux. Derrière ses lunettes, il n'a jamais voulu me montrer ses yeux...", se souvient-elle avec émotion. 

"Un mystique moderne"

Son compatriote, le réalisateur Asghar Farhadi a dit au quotidien britannique The Guardian qu'il était "en état de choc". "Ce n'était pas seulement un cinéaste. C'était un mystique moderne, tant dans son oeuvre que dans sa vie privée". 

"Il s'intéressait aux enfants, aux écoles, aux faits divers. Son matériau premier était le réel mais il ne travaillait que sur l'interrogation et le doute, ce qui le rendait insupportable à ceux qui n'ont aucun doute, comme les religieux", a commenté Frédéric Bonnaud. 

Sur twitter nombre d'admirateurs citaient une phrase de Jean-Luc Godard : "le cinéma naît avec Griffith et se termine avec Kiarostami" 

F.M. avec AFP