Kirikou, Persépolis, Harry Potter... L'enfance au cinéma célébrée à la Cinémathèque Française

Depuis le 29 mars, l'exposition Mômes & Cie raconte, à travers une centaine d'extraits de film, comment les plus grands cinéastes ont représenté les enfants.

"Lorsqu’enfant, on m’a emmené au cinéma, ma première sensation fut de pénétrer dans un monde magique. Un monde de rêves. Un lieu qui provoquait et agrandissait mon imagination." C’est avec ces mots de Martin Scorsese que s’ouvre l’exposition Mômes & Cie à la Cinémathèque Française, voyage au cœur des films consacrés à l’enfance.

Tous les cinémas sont représentés, du français à l’américain, en passant par le suédois, l’iranien, le japonais et l’italien. Les visiteurs pourront ainsi y découvrir des chefs-d’œuvre qui ont façonné la cinéphilie, tels que Les 400 coups (1959) de François Truffaut, Le Voleur de bicyclette (1949) de Vittorio de Sica ou encore L’Été de Kikujiro (1999) de Takeshi Kitano.

Mais l'exposition ne s’adresse pas uniquement aux spécialistes. Le cinéma d’animation occupe une part importante, grâce à des précieux documents de travail de Persépolis (2007) de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, et de Kirikou et la Sorcière (1998) de Michel Ocelot.

Chacun de ses films témoigne du regard des adultes sur le monde de l'enfance. On retrouve au fil de l'exposition tous types de gamin: les chétifs comme les courageux, les terreurs comme les gentils, les simples écoliers comme les sorciers et les princesses. Au-delà des dessins animés connus de tous les enfants, l’exposition a aussi vocation à faire découvrir aux enfants des œuvres qui peuvent leur sembler au premier abord hermétiques.

Une enfance rêvée

Pour cette raison, la Cinémathèque a opté pour une scénographie ludique privilégiant le rêve. Des portes à hauteur d’enfant ont été créées pour permettre aux enfants de se faufiler dans les salles. On se croirait dans Alice au pays des Merveilles.

A chaque salle son thème et sa mise en scène: obscurité totale pour la peur, forêts de rideaux transparents pour la salle dédiée aux métamorphoses et aux contes (une robe de Peau d’Âne de Jacques Demy et le Nimbus 2000 de Harry Potter y sont exposés). Couleurs et émotions sont associés pour rendre le parcours plus sensoriel.

Au fil des extraits, une évidence s’impose: ceux-ci renvoient aux visiteurs l’enfance qu’il aurait rêvé vivre: avoir un ami extraterrestre, visiter une chocolaterie, affronter des vélociraptors dans une cantine, se rendre à l’école des sorciers, sauver le monde avec notre famille de super-héros… L’exposition raconte les émotions vécues par les enfants au cinéma.

A la fin de l’exposition, une surprise attend les visiteurs: des lettres d’élèves de classe unique qui remercient Nicolas Philibert de la justesse avec laquelle il a peint leur quotidien dans Être et avoir (2002). Pour ces enfants, le plus beau des rêves a été, même brièvement, de devenir un héros de cinéma.

Une autre citation, prononcée par un des personnages de François Truffaut dans L’Argent de poche (1976), résume parfaitement cela: "La vie n’est pas facile, elle est dure, et il est important que vous appreniez à vous endurcir pour pouvoir l’affronter. Attention, je ne dis pas à vous durcir, mais à vous endurcir.” Le cinéma (et la Cinémathèque Française) sont là pour cela.

mômes & cie, du 29 mars au 30 juillet 2016. tous les jours (sauf fermeture le mardi): de 12h à 19h, nocturne le jeudi jusqu’à 21h. week-ends, vacances et jours fériés : de 10h à 19h. fermeture les mardis et 1er mai. plein tarif : 11 euros - tarif réduit : 8,50 euros - moins de 18 ans : 5,50 euros. accueil par des conférenciers les samedis, dimanches et pendant les vacances de 15h à 18h.

Actes Sud édite à l'occasion de l'exposition un cahier d’activités pour enfants et surtout un catalogue-abécédaire illustré des prénoms, de A à Z, de tous les personnages croisés au cours de l’exposition: Chihiro (du Voyage de), Sophie (des Malheurs de), Zazie (dans le métro)... Le tout agrémenté d'entretiens avec les cinéastes Christophe Honoré, Michel Ocelot et Nicolas Philibert.

Jérôme Lachasse