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Josiane Balasko, du Splendid à "L’Esprit de famille": "On ne va pas me donner le rôle de la petite fragile!"

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L’actrice, à l’affiche de L’Esprit de famille le 29 janvier, évoque avec enthousiasme ce nouveau film et retrace sa carrière riche en comédies cultes.

Josiane Balasko considère chacun de ses films comme une nouvelle page, d'un album de famille. À l’occasion de la sortie, mercredi 29 janvier, de son nouveau film L’Esprit de famille, elle a accepté de le feuilleter pour BFMTV. L’actrice évoque avec enthousiasme ce long-métrage qui marque ses retrouvailles avec son vieux complice François Berléand et un cinéaste qu’elle adore, Eric Besnard. Josiane Balasko retrace également sa carrière, riche en comédies cultes et en belles rencontres, de Jacques Villeret à Jean-Marie Poiré en passant par Bertrand Blier.

Dans L’Esprit de famille, vous jouez une matriarche qui porte un cache-œil. C’est la possibilité de jouer une pirate qui vous a séduit dans ce rôle?

(Elle rit). Le côté pirate, c’est un plus. Ce qui m’a séduit, c’est surtout le fait que j’ai déjà travaillé avec Eric Besnard [avec qui elle a tourné Mes héros en 2012, ndlr]. J’aime bien son univers. Il écrit bien. Il sait traduire à l’écran l’émotion, l’humour. Quand il m’a proposé ce rôle de femme forte qui souffre de la mort de son mari, j’ai aussitôt accepté. C’est une belle histoire: un homme qui a eu très peu de relations avec son père de son vivant va commencer à le voir et à parler avec lui après sa mort! 

Vous êtes fidèle aux réalisateurs avec qui vous tournez: Eric Besnard, Eric Lavaine, Gabriel Aghion… 

Ce sont eux qui sont fidèles! Ce sont eux qui ont envie de retravailler avec moi. Aghion, j’ai travaillé deux fois avec lui, mais il y a longtemps. Ce sont des films que j’ai bien aimés faire [Le Libertin et Absolument fabuleux, NDLR]. Eric Lavaine, j’ai travaillé une première fois avec lui sur Retour chez ma mère et je l’ai retrouvé récemment pour la suite [Un Tour chez ma fille, qui sort le 3 juin, NDLR]. Ce sont des gens dont j’aime le travail, la manière de travailler et le style. Mon critère, c’est: est-ce que je m’amuse. 

Que devient Gabriel Aghion? Ses films ne sortent plus au cinéma...

Gabriel tourne régulièrement pour la télé. Il a arrêté de faire du cinéma. C’était peut-être trop dur de monter d’autres films. J’ai des souvenirs fabuleux d’Absolument fabuleux. Il a pu avoir les moyens qu’il voulait. J’avais comme partenaire Nathalie [Baye] pour la première fois. On s’est très bien entendues. J’adorais la série depuis des années. Quand Gabriel m’a proposé le rôle d’Eddie, c’était un rêve. Il n'a pas mal réussi son coup. À plein de moments, c’est drôle!

L’Esprit de famille mêle comédie et drame. C’est devenu monnaie courante dans la comédie française contemporaine, mais ce n’était pas le cas à vos débuts…

Ça ne se faisait peut-être pas en France, mais ça se faisait en Italie! La comédie italienne des années 1960-1970, ce n’est que ça: un mélange de drame, de comédie, de grotesque aussi. L’Esprit de famille, c’est de la comédie, parce c’est le genre le plus populaire en France - au niveau des entrées. C’est plus facile à produire. Comme on est un pays qui produit beaucoup de comédies, il y a pas mal de styles différents de comédies. Et ce mélange entre comédie et drame fonctionne bien dans L’Esprit de famille.

Dans quelle mesure la comédie a-t-elle évolué depuis vos débuts?

Maintenant on fait beaucoup de films avec des humoristes de stand-up, qui s’appuient plus sur le caractère des personnages. On sortait dans les années 1980 des films qu’on n’oserait plus sortir maintenant. (rires). Des nanars comme Mon curé chez les nudistes ou certains films des Charlots. C’était des films fondés sur le gag. Maintenant, ce serait difficile de faire ce genre de films. Il y a encore quelques parodies, comme OSS 117. Peu de gens en font, mais je trouve ça bien, la parodie. Mais les films avec des gros gags, je ne sais plus s’il y en a tant que ça. Je ne sais pas si on est très doué pour faire ça... ou du moins on ne l’est plus. C’était des films qui marchaient très bien. 

C’était une grande époque, avec le Café de la Gare, le Splendid.

On était jeune. C’est toujours une grande époque quand on a 25 ans. 

Vous vous souvenez du chantier pour construire le café-théâtre du Splendid?

Ce n’était pas moi toute seule! Je suis arrivée en fin de course, mais eux l’ont fait [Clavier, Blanc, Jugnot, etc., NDLR]. Moi, j’ai peint les chiottes en tout cas! Dans certains documentaires, on peut me voir le faire! 

Vous avez joué dans Les Frères pétards, un film burlesque devenu culte.

C’est vrai. Je faisais un petit rôle. J’ai des souvenirs ténus de jeu avec Lanvin et Villeret. C’était assez culotté comme scénario. Il a même failli être interdit sous prétexte qu’on prônait l’usage des stupéfiants! (rires). Le film était rigolo. 

Vous avez retrouvé ensuite Villeret dans Un crime au paradis.

Très bon souvenir de tournage. Très bon film. Jean Becker est un excellent metteur en scène et directeur d’acteur. C’était agréable d’avoir pu travailler avec Villeret qui était un partenaire délicieux. Il fallait être méchant! Ça demande un challenge. En général, on n’est pas méchant comme on peut être en train de rire ou de charrier. Ça demande beaucoup d’énergie. C’est fatigant! 

On sent que vous prenez beaucoup de plaisir à jouer ces personnages méchants, forts, durs. 

C’est sûr qu’on ne va pas me donner le rôle de la petite fragile! 

Dans Les Acteurs de Bertrand Blier, vous jouez un rôle atypique: celui d’André Dussolier! 

Curieusement, je l’ai regardé hier. (rires) En effet, je joue la doublure d’André Dussolier. C’était rigolo. C’est un film assez absurde, assez gonflé. Tourner avec Blier, c’est toujours un bon souvenir. Ses films sont très écrits. Rien n’est laissé au hasard. Il y a cette scène où je suis chez le toubib des assurances, joué par Jean Yanne - ça m’a donné l’occasion de jouer avec un grand acteur comme lui! Le film parle de gens qui existent vraiment et dans la scène on parle de moi, Balasko, dans les termes les plus épouvantables. C’est d’une vulgarité! C’était jubilatoire à jouer.

C’était aussi jubilatoire avec Jean-Marie Poiré? 

J’ai travaillé avec Poiré à ses débuts. J’ai tourné un de mes premiers rôles importants dans son premier film, Les Petits câlins. Puis il a co-écrit avec moi Les Hommes préfèrent les grosses, qu’il a réalisé. C’était une idée que j’avais depuis quelques temps. J’avais commencé à l’écrire et il est intervenu, parce que je cherchais un metteur en scène. L’histoire de ce boudin et de ce top model a été inspirée par le duo que formaient Jerry Lewis et Dean Martin. Il n’y avait pas d’équivalent féminin. Il fallait donc bien trouver des modèles masculins… Il y avait très peu de femmes comiques en France, à part Jacqueline Maillan.

Qui étaient vos modèles comiques féminins? 

Je n’ai pas eu de modèle féminin. J’ai eu Jacqueline Maillan, qui n’était pas un modèle, mais une artiste que j’adorais. Plus tard, il y a eu cette actrice qui n’est pas connue en France et qui s’appelle Lucille Ball. C’est un trésor national américain. C’est l’essence même du comique. Je l’ai découverte dans les années 1990 lors d’un voyage aux Etats-Unis. Elle était danseuse chez Busby Berkeley et a commencé par faire des comédies musicales, puis elle a créé la première sitcom avec son mari. Elle avait un comique très visuel. Elle pouvait faire des grimaces incroyables. Je ne peux pas dire qu’elle m’ait inspirée, en tout cas je l’adore! Ce qui était inspirant chez elle était son énergie et ses changements d’expression, sa manière de réagir au quart de tour et d’y aller à fond.

En avez-vous assez que l’on vous parle toujours des Bronzés?

Non. Je trouve ça bien qu’au bout de quarante balais des gens aiment toujours ce film.

Quel est votre regard sur Les Bronzés 3

Il n’est pas si mauvais que ça, mais il n’est peut-être pas aussi bon [que les autres]… 

C’est vrai que Patrice Leconte veut faire Les Bronzés à la maison de retraite? 

Je pense que c’est une blague! Les Bronzés à l'EHPAD! (rires) En tout cas, on n’a rien reçu. 
Jérôme Lachasse