BFMTV
Cinéma

James Huth: "J’ai pris une grosse claque en tournant avec Christian Clavier"

Rendez-vous chez les Malawas

Rendez-vous chez les Malawas - Pathé

Le réalisateur de Brice de Nice revient avec Rendez-vous chez les Malawas, une comédie portée par Christian Clavier, Michaël Youn, Ramzy Bédia et Sylvie Testud.

James Huth, réalisateur de Brice de Nice, revient ce mercredi 25 décembre avec Rendez-vous chez les Malawas, une parodie de l’émission Rendez-vous en terre inconnue, portée par Christian Clavier, Michaël Youn, Ramzy Bédia et Sylvie Testud.

Le cinéaste catapulte un ex-présentateur vedette (Clavier), un footballeur idiot (Youn), un humoriste (Ramzy) et une star du petit écran (Testud) chez les Malawas, une des tribus les plus isolées du monde.

Satire sur l’hypocrisie des célébrités, Rendez-vous chez les Malawas a été conçu par James Huth comme un grand spectacle burlesque et familial pour les fêtes de fin d’année. Il en raconte les coulisses à BFMTV, et revient sur le succès de Brice de Nice, sa comédie culte avec Jean Dujardin.

Rendez-vous chez les Malawas, comme vos précédents films, est très burlesque et ressemble à une BD.

Mes premières passions, c’est la photographie et la BD. Dans la BD, il y a énormément de slapstick, tous ces gags burlesques qui ont commencé avec la commedia dell’arte et guignol et ont été développés dès le début du cinéma par Buster Keaton et Laurel et Hardy. C’est la comédie qui utilise au maximum cette imagerie faite pour le cinéma. Quand vous présentez un film dans différents festivals et dans différents pays, il y a des endroits où ils rient tous au même endroit. Et ces moments, ce sont les scènes de slapstick. Il y a une force visuelle. Ce sont des images fortes que l’on peut retrouver dans une BD. 

Cet humour burlesque est peu pratiqué en France. Il y a Philippe Lacheau, Franck Gastambide, PEF et vous. Pourquoi est-il si peu pratiqué? Est-ce que ça coûte cher?

C’est sûr que dès que tu fais quelque chose de visuel, ça prend du temps de préparation. Il y a deux façons de le faire: soit tu fais tout en 3D, ce qui est généralement le cas quand un film dépasse les 80 millions de dollars - c’est-à-dire dans un autre pays; soit tu le fais à la Méliès. C’est ça que j’adore. C’est un plaisir. J’adore la magie, les tours de cartes. Il y a de ça dans la fabrication du cinéma. On est des artisans. Plus je peux faire les effets en direct, plus je le fais.
Michaël Youn et Christian Clavier dans Rendez-vous Chez Les Malawas
Michaël Youn et Christian Clavier dans Rendez-vous Chez Les Malawas © Pathé

Comment avez-vous réalisé, par exemple, le gag où Pascal Elbé se fait croquer l’entrejambe?

J’ai rencontré sur Hellphone un sound designer qui s’appelle Alain Féat. Il supervise toute la partie son de mes films. C’est un génie. Pour le singe qui croque Pascal Elbé à l’entrejambe, il a pris le tuyau du vélo de sa belle-mère. Il l’a tourné très vite dans sa baignoire puis a tapé un grand coup dans l’eau. Ça, c’est le truc un peu aqueux. Après, il a pris une seconde d’un décollage de fusée qu’il a multipliée et mise à l’envers. Ça, c’est l’aspiration que Pascal Elbé fait quand il ouvre la bouche. Pour le côté incisif du croquage, il a pris des noix qu’il a mises dans un entonnoir pour démultiplier le bruit. C’est toujours un travail de fou. On s’enferme des nuits entières. On peaufine les sons et le montage pour que le gag soit parfait. J’ai toujours travaillé comme ça. Cette recherche du rire, c’est une passion. On travaille pour faire le meilleur film possible. 

Dans Rendez-vous chez les Malawas, vous dirigez Christian Clavier, quelqu’un d’assez secret, pour jouer un personnage qui va au contraire devoir se dévoiler…

J’ai pris une grosse claque en tournant avec Christian. Il a l’intelligence de tout ça. Il ne choisit jamais un rôle par hasard. Il sait tout sur tout. Et en même temps Christian aime se laisser surprendre. Quand tu dis moteur, il y a un moment où tout d’un coup l’enfance reprend le dessus. Il est en éveil complet. C’est assez fabuleux. 
Ramzy Bedia et Michaël Youn dans Rendez-vous chez les Malawas
Ramzy Bedia et Michaël Youn dans Rendez-vous chez les Malawas © Pathé

C’était comme ça avec Jean Dujardin?

C’était différent. C’est un personnage qu’il a créé pour des sketchs, puis qu’on a recréé ensemble au cinéma. On est trois: le personnage est aussi fort que nous deux. Brice, c’était fou. C’est notre espace de liberté. Tu essayes de faire un film pour qu’il plaise au public. Les Malawas, c’est un film bon enfant avec des personnages insupportables, c’est un film de Noël pour divertir. Dans notre contexte actuel, il a un objectif quasi médical. Dans Brice, notre seul et unique objectif, avec Jean, c’est notre plaisir. Si des gens l’apprécient, tant mieux. Si des gens ne l’apprécient pas, tant pis. C’est un espace de liberté total pour se lâcher. 

Ça veut dire que Brice peut revenir?

C’est pour ça qu’il est revenu une fois. Brice n’a jamais été un calcul. On n’a pas fait de suite aussitôt, parce que sinon ça aurait été un calcul. On a fait Brice 3 au moment où on ne devait pas le faire. On a voulu retrouver notre espace de liberté. Il y avait le faux film, 250 idées… Je sais qu’on a laissé des gens sur le carreau avec Brice 3. Brice est à part. On s’est dit avec Jean qu’on ferait un Brice tous les quinze-vingt ans.
Jérôme Lachasse