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Star Wars: comment Disney réduit les journalistes au silence

L'avant-première mondiale de Star Wars, lundi 14 décembre à Hollywood.

L'avant-première mondiale de Star Wars, lundi 14 décembre à Hollywood. - Alberto E. Rodriguez - Getty Images North America - AFP

Disney impose la loi du silence à tous ceux qui ont pu voir Star Wars: Le réveil de la Force en avant-première mondiale lundi. Sous peine de poursuites judiciaires.

"Beaucoup de sourires sur les visages", "Héroïque, génial et parfait"... parmi les 5.000 happy few, journalistes et invités VIP, qui ont pu voir lundi soir en avant-première Star Wars: Le réveil de la Force, c'est ambiance "bisounours". On ne lit sur les réseaux que des messages dithyrambiques.

Dithyrambiques, mais muets sur le contenu du film, embargo oblige. "La continuité saute aux yeux. Mêmes couleurs, mêmes décors ensablés, même ambiance", lâche la journaliste d'Europe 1, Géraldine Woessner, veillant à ne pas trop en dévoiler. Car les méthodes des studios pour impressionner le critique et le dissuader de parler sont assez extrêmes. Le service culture du Monde évoque ainsi "une "débauche de précautions qui confinent au grotesque".

"Jumelles à vision nocturne"

Et de fait, la liste est longue: "obtention d’un 'QRcode d’accès personnel' subordonné à la signature d’un formulaire d’accord contraignant, lieu et horaire tenus secrets et communiqués la veille sur téléphone portable, présence annoncée d’agents de sécurité équipés de jumelles à vision nocturne, 'embargo critique' jusqu’au mercredi 16 décembre, 9h01...", égrène le quotidien.

"Avant d'entrer dans la salle pour assister à l'avant-première du nouveau Star Wars, on doit abandonner son téléphone", raconte encore la journaliste d'Europe 1. Même la teneur des articles que les critiques pourront publier à partir de mercredi est contrôlée. Les journalistes sont ainsi priés de "ne pas révéler d’éléments-clés de l’intrigue du film afin de laisser intact le plaisir des futurs spectateurs", révèle Le Monde

Poursuites judiciaires

Mais à vouloir trop museler les critiques, Disney risque d'en crisper certains. Dans les rédactions, l'agacement est palpable. "De mémoire journalistique, aucune société de production n’avait ainsi prétendu se mêler du contenu des articles de presse et des conversations privées des journalistes avec leurs proches, en brandissant de surcroît la menace de poursuites judiciaires", s'étrangle le service culture du Monde.

Le Figaro se fend, lui, ce mardi d'un article teinté d'ironie. "C'est la guerre. À quelques jours de la sortie du septième épisode de Star Wars, les studios Disney sont passés à l'offensive. Rien n'est laissé au hasard. Toute personne s'approchant d'un écran sur lequel est projeté le dernier opus de la saga est considéré comme suspecte. Journalistes compris", écrit Bertrand de Saint Vincent.

Et le site belge Rtbf.be publie un article dans lequel n'apparaît que le mot "Star Wars".

"La Force de balader les journalistes"

La semaine dernière, Olivier Delcroix, journaliste au Figaro s'était agacé dans un papier intitulé "La force de balader les journalistes" d'une avant-première, annulée à la dernière minute. Tout cela "dans l'intérêt des spectateurs", selon les excuses du réalisateur J.J. Abrams et de la productrice Kathleen Kennedy présidente de Lucasfilm.

J.J. Abrams a en cela bien assimilé la méthode de George Lucas, qui était lui-même totalement paranoïaque. Sur le tournage de l'épisode V, en 1979, aucun acteur ni technicien ne savait que Dark Vador était le père de Luke. Pas même l'acteur qui tenait le rôle.

Magali Rangin
https://twitter.com/Radegonde Magali Rangin Cheffe de service culture et people BFMTV