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Incendie meurtrier d'un studio d'animation au Japon: le suspect écroué

Kyoto Animation

Kyoto Animation - STR - Jiji Press - AFP

Le suspect aurait reconnu les faits qui lui sont reprochés en expliquant à la police qu'il voulait "être en mesure de tuer beaucoup de gens en utilisant de l'essence".

La police japonaise a annoncé mercredi avoir arrêté l'auteur présumé de l'incendie volontaire d'un studio d'animation à Kyoto (Ouest) l'an dernier, qui avait fait 36 morts et une trentaine de blessés dont le suspect lui-même, longtemps hospitalisé.

"Nous avons arrêté Shinji Aoba, 42 ans, soupçonné d'avoir tué 36 personnes en mettant le feu" au studio 1 de Kyoto Animation (KyoAni) le 18 juillet 2019, a déclaré à l'AFP un porte-parole de la police.

Il est aussi soupçonné de tentative de meurtre sur 34 autres personnes ayant été blessées dans l'incendie et d'avoir violé la législation japonaise sur les armes, ayant été aperçu avec des couteaux sur la voie publique, a ajouté ce porte-parole.

Shinji Aoba avait été interpellé juste après l'incendie. Mais souffrant lui-même de graves brûlures, il avait aussitôt dû être hospitalisé et aurait passé plusieurs semaines dans le coma, ce qui avait ainsi empêché la police de l'arrêter formellement dans l'immédiat.

Le mobile reste flou

Des images de la télévision japonaises ont montré le suspect en train d'être remis mercredi matin à la police sur une civière, le visage couvert de cicatrices. Il aurait reconnu les faits qui lui sont reprochés lors de son arrestation à l'hôpital, en expliquant à la police qu'il voulait "être en mesure de tuer beaucoup de gens en utilisant de l'essence", selon Nippon TV.

La police a mis en place des installations médicales dans un commissariat pour l'interroger plus amplement, selon la chaîne de télévision publique NHK. Selon plusieurs témoignages, il avait fait irruption dans le bâtiment du studio en répandant de l'essence avant de l'enflammer en criant "Vous allez mourir".

Son mobile reste flou. Il n'avait aucun lien connu avec Kyoto Animation mais aurait accusé le studio de lui avoir volé une idée de scénario. Souffrant d'une maladie mentale, il avait déjà écopé d'une peine de plus de trois ans de prison pour avoir commis un vol dans une supérette en 2012, selon les médias.

Un vaste retentissement au Japon comme à l'étranger

La tragédie de KyoAni avait eu un vaste retentissement au Japon comme à l'étranger. KyoAni comptait beaucoup de jeunes salariés, et notamment des femmes. Ces jeunes professionnels portaient "l'industrie de l'animation japonaise sur leurs épaules [...] Des joyaux japonais ont été perdus", avait déclaré le président de l'entreprise Hideaki Hatta après le drame.

Fondé en 1981, ce studio réputé pour sa qualité a produit des dessins animés souvent inspirés de mangas, dont Munto, Lucky Star, La Mélancolie de Haruhi Suzumiya ou encore K-ON!.

Yasuo Takemoto, 77 ans, qui a perdu dans l'incendie son fils Yasuhiro, l'un des directeurs du studio à l'époque, a déclaré mercredi à la NHK que le temps avait "passé vite" depuis le jour du drame. "Mais cela ne veut pas dire que nous avons fait notre deuil dix mois après. Yasuhiro ne reviendra pas", a-t-il ajouté. "Je veux savoir pourquoi [le suspect, NDLR] a fait ça".

J.L. avec AFP