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Cinéma

"Hors Normes": une association estime que le film est "insoutenable" pour certaines personnes autistes

Vincent Cassel dans Hors Normes

Vincent Cassel dans Hors Normes - Gaumont

Le Collectif pour la Liberté d'Expression des Autistes (CLE Autistes) dénonce un film qui "ne défend ni l'autisme, ni les autistes".

Hors Normes, le nouveau film du duo Toledano et Nakache (Intouchabes, Le Sens de la fête), ne fait pas l'unanimité. Alors que associations et familles espèrent un changement de regard sur l'autisme, le Collectif pour la Liberté d'Expression des Autistes (CLE Autistes) dénonce un film qui "ne défend ni l’autisme, ni les autistes".

"Pour certaines personnes autistes, la projection du film fut insoutenable", précise le collectif sur son site, avant de critiquer des séquences où un des personnages, Joseph, est dénigré par la police: "[Ces] scènes, pour nous choquantes, ont été accueillies par les rires ou les félicitations dans les salles."

Des "objets" et des "personnages secondaires"? 

"Les personnes autistes ne sont que les objets et les personnages secondaires de ce film et de l’association: pendant que les éducateurs s’amusent réellement ou draguent, les personnes autistes ne sont jamais là et sont explicitement réprimées sur les mêmes points", estime le collectif. "Les autistes ne semblent être ici que les faire-valoir des éducateurs dont le travail est 'gratifiant'."

Oscillant entre drame et légèreté, le dernier long métrage d'Eric Toledano et Olivier Nakache est "courageux" car il montre "une réalité terrifiante, que personne ne soupçonne", avait pourtant souligné au moment de la sortie Christine Meignien, présidente de la fédération Sésame Autisme.

Un autre regard sur les personnes autistes

Pour elle, le grand mérite du film, où la plupart des patients sont joués par des autistes, est de redonner à ces personnes "la part d'humanité qu'on doit leur reconnaître".

Stéphane Benhamou et Daoud Tatou, qui ont inspiré le film et ont été embarqués dans cette aventure cinématographique car ils sont amis de longue date avec les deux réalisateurs, espèrent que Hors normes, diffusé dans 47 pays, amènera le grand public à porter un autre regard sur les personnes autistes. 

"Si tout le monde y était sensibilisé dès la maternelle, peut-être que plus tard, en voyant un autiste, les gens n'auraient pas l'impression d'avoir affaire à un martien, peut-être que les recruteurs regarderaient leur CV autrement", analyse Daoud Tatou. Pour Stéphane Benhamou, "ces enfants font partie de notre monde à nous, il ne faut pas les cacher".

Jérôme Lachasse avec AFP