Hellboy: le personnage culte fête ses 25 ans et revient au cinéma
Hellboy - Hellboy © & ™ 2019 Mike Mignola - Tous droits réservés. © 2019 Éditions Delcourt pour la version française.
"Je suis un autodidacte. Au début je n'avais pas confiance en mes compétences pour dessiner mon propre comics." Ainsi parle Mike Mignola, le créateur de Hellboy. Une déclaration bien modeste, quand on songe à ce que son personnage est devenu, un quart de siècle après sa création. Un cas unique dans l’histoire de la BD américaine: un blockbuster éditorial dont il est le seul maître.
"En raison de son indépendance, Hellboy est indiscutablement le comics de super-héros le plus important créé lors de ses trente dernières décennies", a analysé il y a quelques semaines sur le site Syfy le journaliste Tres Dean. "Créer un personnage avec suffisamment de charisme pour qu’il s’impose dès sa première apparition est assez difficile comme cela. Le faire sans l’appui financier et l’influence de Marvel ou de DC est un défi quasi impossible."
Personnage cynique et blagueur, doté d’une main surpuissante en pierre, et de cornes qu’il lime régulièrement, Hellboy, ou le garçon de l’enfer, travaille pour le Bureau for Paranormal Research and Defense (BPRD), une agence spécialisée dans la lutte contre les créatures paranormales. Incarné au cinéma par Ron Perlman, Hellboy revient ces jours-ci sous les traits de David Harbour, la star de Stranger Things. À l’occasion de son vingt-cinquième anniversaire et de son retour au cinéma ce mercredi 8 mai, BFMTV.com retrace l’histoire de ce comics pas comme les autres.
La création de Hellboy
Mike Mignola commence, comme beaucoup de dessinateurs de sa génération, à travailler au début des années 1980 chez Marvel et DC. Il y crée quelques histoires de Batman très réputées comme Gotham by Gaslight et The Doom That Came to Gotham. Fasciné par Dracula de Bram Stocker et les super-héros sombres et réalistes de Frank Miller (Daredevil, Batman Year One), Mike Mignola dresse dès 1991 les premières bases de Hellboy, un comics où il pourra explorer son goût pour les récits gothiques.
"Dans mes premiers souvenirs de lecture, il y a toujours eu des monstres et des fantômes", expliquait-il l'année dernière aux Inrocks. "Quand j’ai lu Dracula, je me rappelle m’être dit: 'Voici le monde dans lequel je veux passer mon temps.' Ce livre a fermé toutes les portes et n’en a laissé qu’une seule ouverte."
Avec cette idée en tête, il se lance en 1994, poussé par son premier éditeur, Al Milgrom: "C'est lui qui m'a dit que j'étais un mauvais encreur et que je devais essayer de dessiner mes propres histoires [...] Il m'a donné la confiance qu'il me fallait pour faire ce métier", s’est-il souvenu dans Le Figaro. Mignola contacte alors John Byrne, superstar des comics, responsable du revival de X-Men et de Superman: "Il a fait le script avec moi. Il n'a pas essayé d'en faire 'notre' histoire. Pour lui, c'était 'mon' histoire. Et quand il m'a jugé prêt, il m'a dit: 'OK, maintenant tu peux continuer tout seul'." Hellboy était né.
Le style de Hellboy
Mélange d’aventure, de fantasy, de SF et de récits de super-héros, Hellboy s’inspire des contes et des légendes d’Europe. L’univers de Mike Mignola est peuplé de morts-vivants, de sorcières, de vampires, de goules, de loup-garous, de géants, et bien entendu de nazis.
"J’ai fait apparaître Hellboy en 1944, pour que je puisse avoir des nazis dans mes histoires", a-t-il confessé dans Les Inrocks en 2018. "Ce sont les méchants classiques des comic books. Mes personnages préférés de chez Marvel, ceux avec qui j’ai grandi et appris à lire, se les coltinaient déjà. Bon, je ne crois pas avoir abusé des nazis dans mes séries mais, vu la situation actuelle, en Amérique particulièrement, je ne les utiliserai plus. Je préfère les fantômes ou Frankenstein!"
Au fil des années, Mike Mignola a imposé un style graphique inédit et la série est devenue un terrain d’expérimentations: "A partir du moment où la série a fonctionné, j’ai imaginé un tas d’histoires différentes: Edward Grey, un détective de l’ère victorienne ; Lobster Johnson, un justicier digne des pulps des années 1930 (ndlr: romans de gare américains)… J’ai pu raconter une histoire où Hellboy se bat avec un personnage qui s’exprime seulement en vers! Vraiment, ça a été un jeu très excitant." Et les fans l'ont toujours suivi, même lorsqu'il a tué son personnage! L’ensemble, baptisé Mignolaverse, se constitue de Hellboy, la série mère, mais aussi d’une multitude de spin-offs centrés sur des personnages secondaires.
La fin de Hellboy
En 2008, à la fin de La Grande Battue, Hellboy meurt. En 2012, Mike Mignola se lance dans une nouvelle série où son personnage fétiche se réveille en... enfer. Si l’auteur conçoit ce dispositif pour que Hellboy "évolue dans un monde totalement imaginaire, existant juste dans ma tête", il se rend compte rapidement qu’il est "fatigué, lassé" par les aventures du garçon de l’enfer:
"Hellboy a toujours reflété une partie de ma personnalité", révèle-t-il aux Inrocks. "A la fin du huitième épisode, quand il fume une cigarette, assis sous un arbre, mon cerveau m’a signifié: 'Je crois que c’est fini, on a raconté tout ce que l’on devait raconter.' J’ai continué encore un peu, juste pour vraiment boucler l’histoire."
L’histoire continue désormais sans lui. La chronologie qu’il a imaginée est emplie de trous narratifs que scénaristes et dessinateurs s’amusent à explorer. Pendant ce temps, Mignola prépare une nouvelle création encore top secrète.
Les meilleures histoires de Hellboy
Beaucoup d’histoires de Hellboy sont très réputées - comme Les Germes de la destruction, La Main droite de la mort ou Le Ver conquérant. La Grande Battue, qui sert d’inspiration au film de Neil Marshall avec David Harbour, est aussi une bonne introduction au folklore de Hellboy. Le lecteur y découvre la parenté du personnage avec le roi Arthur…
Fan de Richard Corben, Grand Prix du festival d’Angoulême 2018, Mignola lui a confié quelques-unes des histoires de Hellboy les plus marquantes et les plus terrifiantes, comme Hellboy au Mexique. Les nouvelles Le Cadavre et Les Loups de Saint-Auguste, auxquelles le film rend hommage, sont enfin considérées par les fans et par Mike Mignola comme les plus belles histoires de Hellboy.
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