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Grâce à Dieu: François Ozon saura vraiment mardi si son film sort bien mercredi

Image du film de François Ozon, "Grâce à Dieu"

Image du film de François Ozon, "Grâce à Dieu" - Mars Films

Grâce à Dieu, tourné en secret, raconte la naissance de l'association de victimes "La Parole Libérée", fondée à Lyon en 2015 par d'anciens scouts qui ont accusé le père Bernard Preynat d'avoir abusé d'eux avant 1991.

Malgré le feu vert de la justice à la sortie en salles du film Grâce à Dieu, le sort de l'oeuvre de François Ozon reste suspendu à une seconde décision judiciaire attendue mardi à Lyon à 17 heures.

Régine Maire, ex-membre du diocèse de Lyon aujourd'hui âgée de 80 ans, a assigné en référé le réalisateur français pour qu'il retire son nom de son film au nom de la protection de la vie privée et de la présomption d'innocence.

Grâce à Dieu, tourné en secret, raconte la naissance de l'association de victimes "La Parole Libérée", fondée à Lyon en 2015 par d'anciens scouts qui ont accusé le père Bernard Preynat d'avoir abusé d'eux avant 1991.

Début janvier à Lyon, Régine Maire a été jugée aux côtés du cardinal Philippe Barbarin pour ne pas avoir dénoncé à la justice les agressions du prêtre. Le tribunal doit rendre son jugement le 7 mars.

"Ce film permettra d'une manière ou d'une autre d'influer sur la décision des magistrats", a fait valoir son avocat, Xavier Vahramian, lors de l'audience lundi, en présence de sa cliente, petite femme aux cheveux blancs courts.

Un personnage "dénué d'empathie, sévère" 

Régine Maire apparaît sous son vrai nom, comme le cardinal Barbarin ou le père Preynat, alors que les victimes sont représentées sous des noms d'emprunt. Selon Maître Vahramian, François Ozon la présente comme "un personnage dénué d'empathie, sévère et ayant pour but alors de servir le cardinal Barbarin". Son nom est cité une vingtaine de fois et elle est représentée dans 15 à 20 scènes. 

Elle est présentée comme ayant "participé à la libération de la parole", rétorque l'un des avocats du réalisateur, du producteur et du distributeur de ce film qui vient de recevoir le Grand prix du jury à la Berlinale samedi. L'actrice l'incarnant, Martine Erhel, a même fourni une attestation expliquant qu'elle avait voulu donner de l'empathie à son personnage.

Maître Benoît Goulesque-Monaux balaie également l'argument de la vie privée, estimant que son action en tant que psychologue bénévole au sein du diocèse relevait de la vie publique. 

Un rappel qui coûterait au moins 50.000 euros

Mais surtout, une demande de changement de nom à quelques heures de la sortie du film, entraînerait "son report" d'au moins deux à trois semaines, soit "sa mort pure et simple", a-t-il estimé. 

Le film a déjà été livré à environ 300 salles. Il faudrait donc rappeler ses copies, modifier la bande-son, demander à tous les acteurs de reposer leurs voix, remixer, puis tout renvoyer. Ce qui coûterait 50.000 euros, selon lui, sans parler ni du million d'euros mobilisé pour la promotion du film, ni des pertes indirectes pour les salles de cinéma prises au dépourvu.

Dans cette procédure en référé "d'heure à heure", la décision est attendue mardi à 17 heures.

L'avocat de Régine Maire a par ailleurs déjà annoncé son intention d'engager une procédure sur le fond et demandé à l'audience d'obtenir également le script et le scénario.

Nawal Bonnefoy avec AFP