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Cinéma

Golden Globes: l'absence de réalisatrices parmi les nommés fait polémique

Olivia Wilde, Alma Har'el et Greta Gerwig, trois réalisatrices qui n'ont pas été nommées aux Golden Globes

Olivia Wilde, Alma Har'el et Greta Gerwig, trois réalisatrices qui n'ont pas été nommées aux Golden Globes - Rodin Eckenroth - Getty Images North America - AFP / Jemal Countess - Getty Images North America - AFP / Theo Wargo - Getty Images North America - AFP

Plusieurs femmes du monde du cinéma américain se sont insurgées en découvrant que les nommés de la catégorie meilleur réalisateur étaient tous des hommes.

Les nominations des Golden Globes 2020 ont été dévoilées lundi et, 24 heures plus tard, la polémique enfle. De nombreuses femmes de l'industrie du cinéma s'indignent devant le manque de représentation féminine dans certaines catégories-clés, notamment celle de meilleur réalisateur dont les cinq nommés sont tous des hommes. 

Bong Joon Ho (Parasite), Sam Mendes (1917), Todd Phillips (Joker), Martin Scorsese (The Irishman) et Quentin Tarantino (Once Upon a Time... in Hollywood) se disputeront le trophée. L'année 2019 aura pourtant été particulièrement prolifique en terme de films réalisés par des femmes et encensés par la critique (Les Quatre filles du Docteur March de Greta Gerwig, Queens de Lorene Scarafia, Honey Boy de Alma Har'el, Booksmart d'Olivia Wilde...). Les nommés de la catégorie meilleur scénariste sont, également, tous des hommes.

Problème de ratio

"Cette année, il y a eu deux fois plus de films dirigés par des femmes que jamais, et d'autres arrivent", déclare Rebecca Goldman, représentante du mouvement Time's Up, dans un communiqué transmis au Hollywood Reporter. "Pourtant, comme le montrent les nominations d'aujourd'hui, les femmes - et surtout les femmes de couleur - continuent à être mises de côté par un système qui réprime les femmes, à l'écran et en dehors."

Les chiffres en attestent: Stacy L. Smith, chercheuse qui s'intéresse à la parité à Hollywood, indique à Variety que le pourcentage de films réalisés par des femmes devrait passer de 4% pour les années précédentes à 12 à 15% en 2019. Le média américain note qu'en 77 ans d'existence, les Golden Globes n'ont nommé que cinq femmes dans la catégorie meilleur réalisateur, et que seule Barbra Streisand a remporté le prix (pour Yentl, en 1984). 

Des électeurs "déconnectés"

C'est la Hollywood Foreign Press Association (HFPA), une organisation de journalistes spécialisés dans le cinéma américain, qui décide des nommés et des gagnants des Golden Globes. Interrogé lundi à ce sujet, le président de l'organisation Lorenzo Soria a balayé le début de controverse:

"Ce qui s'est passé, c'est que nous ne votons pas en fonction du genre. Nous votons en fonction du film et de la réussite".

Une explication qui n'a pas convaincu Alma Har'el. La réalisatrice de Honey Boy a réagi dans un tweet supprimé depuis, comme le rapporte Variety: "N'importe quoi. Si vous voyiez comme ces gens sont couverts de cadeaux, de concerts privés et d'événements pendant quatre mois. Ils votent en fonction de leur confort et des stars qu'ils bai****."

Et d'ajouter dans Variety: "Ils osent dire qu'ils ne jugent pas en fonction du genre mais c'est exactement ce qu'ils font. Il y a eu tellement de films cette année qui ont plu au public, aux critiques et ont réalisé de bons scores au box-office, mais ce groupe est déconnecté et ne voit aucune d'entre nous."

Elle suggère: "À moins que nous n'ayons une nouvelle catégorie pour les femmes réalisatrices - comme c'est le cas avec les acteurs et les actrices - nous ne verrons aucun changement."

Deux femmes parmi les films en langue étrangère

Nommé pour Parasite, le réalisateur coréen Bong Joon-Ho a quant à lui regretté que The Farewell de la cinéaste américaine Lulu Wang n'ait pas eu de place dans la catégorie meilleur film, et ne soit représenté que dans la catégorie meilleur film en langue étrangère - catégorie dans laquelle deux films français, Portrait d'une jeune fille en feu de Céline Sciamma et Les Misérables de Ladj Ly, sont également nommés.

Charlize Theron, nommée dans la catégorie meilleure actrice pour son rôle de Megyn Kelly dans Bombshell, s'est également exprimée sur le sujet: "C'est dur. C'est vraiment, vraiment dur. (...) Quand on a une bonne année comme celle que l'on vient d'avoir, avec un si bon travail, c'est incroyablement frustrant", déplore-t-elle dans les colonnes du Los Angeles Times

Le manque de diversité des grandes cérémonies de remises de prix américaine est un sujet récurrent. En 2016, les internautes avaient lancé le hashtag #OscarsSoWhite pour dénoncer l'absence de Noirs parmi les nommés. Début 2018, Natalie Portman avait secoué la soirée des Golden Globes en présentant les nommés dans la catégorie meilleur réalisateur: "Voici les nommés exclusivement masculins", avait-elle déclaré, devant une audience partagée entre gêne et amusement. 

Benjamin Pierret