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ENTRETIEN - Olivier Marchal: "Benoît Magimel est un beau mec, je voulais qu’il ait l'air cool"

Benoît Magimel dans "Carbone" d'Olivier Marchal, en salles le 1er novembre 2017

Benoît Magimel dans "Carbone" d'Olivier Marchal, en salles le 1er novembre 2017 - Copyright Mika Cotellon / 2016 – Les Films Manuel Munz - Europacorp - Nexu Factory - Umedia

Le réalisateur Olivier Marchal revient au cinéma avec Carbone, un polar racontant la fraude à la TVA sur les quotas de carbone de 2008-2009, en salles ce mercredi 1er novembre.

Son nom est synonyme de polar à la française. Depuis vingt ans Olivier Marchal réalise des films policiers sans concession. 36 Quai des Orfèvres, Mr 73 et maintenant Carbone. Marchal revient ce mercredi 1er novembre dans les salles obscures avec ce polar racontant la fraude à la TVA sur les quotas de carbone de 2008-2009. BFMTV.com a rencontré le réalisateur, qui évoque ses influences et son acteur principal, Benoît Magimel.

C’est rare, c'est votre premier film dont vous n’avez pas initié la production.

C’est un scénario d’Emmanuel Nakach, qui devait le réaliser et m’avait proposé de jouer le rôle du flic. J'avais accepté. Comme on sait qu’en France, pour faire un premier film, c’est compliqué d’arriver avec autre chose qu’une comédie, il a eu l'élégance de proposer au producteur Manuel Munz de me refiler le bébé. J’étais sur Notre mère la guerre, un projet sur la guerre de 14-18 qui m’a pris beaucoup de temps et n’a pas abouti pour des raisons de budgets. J’ai accepté Carbone et je me suis attelé à rendre les personnage plus attachants qu’ils ne l’étaient dans la première version.

Est-ce compliqué de monter un film comme Carbone, un polar dur sans happy end?

Tous mes films sont sombres, mais celui-là l'est un peu moins. Il y a une certaine violence, mais on n'a pas de censure. Les projections publiques se sont super bien passées. J’ai essayé de faire un film glamour, assez sexy, avec une BO punchy, d’où le choix d’Orelsan. Je me suis entouré de jeunes, même chez les techniciens et pour la lumière. J’ai fait beaucoup de plans séquences, pour casser avec le style de mes précédents films, où je faisais beaucoup de caméras à l’épaule. Je voulais que l’on plonge avec les personnages dans cet univers. 
carbone marchal
carbone marchal © Copyright Mika Cotellon / 2016 – LES FILMS MANUEL MUNZ – EUROPACORP – NEXUS FACTORY – UMEDIA

La plupart du film se déroule la nuit. Comment vous êtes-vous préparé? Vous êtes-vous inspiré des films de Michael Mann?

Ce n'était pas des vrais nuits. On a tourné en hiver, où la nuit tombe assez tôt dans la journée. Tout le monde sait que j’aime Michael Mann. Sur ce film, il y a eu plutôt des clins d’œil à Brian de Palma, à James Gray… La référence, c’était surtout A Most Violent Year. Dans les scènes de bureau, je voulais aussi une ambiance assez plombée, comme dans Le Parrain. Je me suis aussi attelé à trouver des décors qui correspondaient à cette belle lumière hivernale, très crue. Dans le scénario, le restaurant du personnage de Dani se situait dans le XVIIème. J’avais peur qu'on s'enferme dans une petite rue de Paris et je connaissais le Café Barge dans le XIIème. Ça nous a fait des scènes incroyables la nuit.

"Benoît était un peu abîmé, il était très fatigué"

Et cette péniche, où les personnages préparent leur arnaque, est située à deux pas de Bercy et du ministère de l’économie.

C’est bien vu (rires). Ce n’était pas voulu. Je voulais vraiment cette péniche, que j’avais déjà repéré pour un de mes précédents films. C’était un endroit où j’avais vraiment envie de tourner.

Pourquoi est-ce que Benoît Magimel portent des lunettes noires pendant tout le film et en particulier dans les scènes en intérieur ou de nuit?

C’est des lunettes de vue teintées. Je trouve que ça lui fait une super gueule. Benoît, il était un peu abîmé, il était très fatigué. Ça m’a permis aussi de masquer cette fatigue sur son visage. C’est un beau mec, je voulais qu’il ait l’air cool. Il est super émouvant, super attachant. C’était pour le servir au maximum. C’est le rôle d’un metteur en scène de bien filmer son acteur principal.

Les scènes en alternance où Benoît Magimel et Laura Smet se rencontrent dans un bar, se séduisent et couchent ensemble, c’est emprunté à Hors d’atteinte avec George Clooney et Jennifer Lopez?

C’est joli (il sourit). C’est une idée de ma monteuse. J’avais adoré ce film de Soderbergh. Il y avait une scène que j’avais réécrite où Benoît Magimel et Laura Smet étaient au bar et se parlaient. Autant ça passait sur le papier, ça ne passait pas à l’écran. Eux aussi n’arrivaient pas bien à la jouer. On était resté dans cette boîte pendant cinq jours avec trois cent figurants. Il faisait chaud. C’était l’une des journées dont je n’étais pas content. C’est la monteuse qui a eu cette idée: on a viré tout le texte et on a alterné les deux scènes. 

Jérôme Lachasse