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Cinéma

En avant: "L’étrangeté est ce que les spectateurs viennent chercher dans un Pixar"

En avant, le nouveau film du studio Pixar

En avant, le nouveau film du studio Pixar - Pixar

En avant, le nouveau film du studio Pixar, raconte la quête initiatique de deux frères pour exaucer leur rêve de revoir leur père mort dans leur enfance.

Vingt-deuxième production du studio d’animation Pixar, En avant s’attaque à un sujet intemporel: le deuil. Réalisé par Dan Scanlon (Monstres Academy), le film est une histoire de magie qui va permettre à deux frères, Ian et Barley, de revoir pendant 24 heures leur père qu'ils n'ont pas connu.

Les événements ne se déroulent pas comme prévu: seules les jambes de leur père réapparaissent, ne leur laissant ainsi que quelques heures pour retrouver le bon sort. Ian et Barley se lancent donc dans une quête initiatique aussi drôle qu’émouvante pour revoir leur père.

Pour la première fois, Pixar plonge dans l’heroic fantasy et met en scène un monde imaginaire où les créatures fantastiques des contes coexistent avec une population ultra-connectée qui a oublié ses origines magiques. A l’occasion de la sortie d’En avant ce mercredi 4 mars, son réalisateur Dan Scanlon et sa productrice Kori Rae en évoquent les coulisses.

La genèse d’En avant

En avant, le nouveau film Pixar
En avant, le nouveau film Pixar © Pixar
Dan Scanlon: "J’ai perdu mon père quand j’étais enfant, comme les personnages dans le film. Mon frère et moi n’avons aucun souvenir de lui. Nous nous sommes toujours demandés comment il était. C’est ainsi que j’ai eu cette idée, ce fantasme: et si je pouvais le rencontrer? Qu’est-ce que je pourrais apprendre en le rencontrant? C’est ainsi qu’est né En avant. J’avais une cassette où était enregistrée la voix de mon père et qui m’a été donnée par ma famille quand j’étais adolescent. Je n’avais jamais entendu sa voix, parce que les films amateurs, à l’époque, n’avaient pas de son. Il y avait sa voix sur cette cassette, mais il n’y disait que deux mots: 'bonjour' et 'au revoir'. Un des scénaristes du film, Jason Headley, s’est emparé de cette idée. Je lui ai demandé d’imaginer une scène qui permettrait de montrer au public à quel point Ian rêve de parler à son père. Il a imaginé une très belle scène où Ian dialogue avec son père à l’aide d’une bribe de conversation enregistrée sur cette cassette."

Les héros de En avant, des elfes loin des clichés

En avant, le nouveau film Pixar
En avant, le nouveau film Pixar © Pixar
Kori Rae: "Le design des personnages naît lorsqu’on écrit le scénario. Ian est un personnage timide, maladroit. Il n’a pas confiance en lui et a peur de tout. Barley est l’opposé: il est grand et chaotique. Nous nous sommes inspirés de ces traits de caractère pour concevoir ensuite leurs apparence. Celle-ci a évolué au fil des mois d’écriture." 
Dan Scanlon: "Pourquoi les personnages sont-ils bleus? Nous voulions nous amuser avec l’animation. Les elfes sont ordinairement des personnages avec des oreilles pointues. On a voulu ajouter des détails amusants et se les approprier par la même occasion. Je sais qu’il existe des elfes bleus dans certaines histoires d'heroic fantasy - mais ils sont, je crois, la plupart du temps maléfiques. Nous avons voulu prendre le contre-pied de cette idée et les rendre rigolos. Les elfes sont aussi souvent présentés comme des êtres gracieux et élégants. Nous avons tenté par petites touches de rappeler dans le design des personnages cette grâce et cette élégance, mais nous ne voulions pas sacrifier nos personnages et leur personnalité pour cela. C’est le cas en particulier de Barley, que nous avons un peu imaginé comme un éléphant dans un magasin de porcelaine."

Le pantalon, un personnage loufoque et émouvant

En avant, le nouveau film Pixar
En avant, le nouveau film Pixar © Pixar
Dan Scanlon: "En grandissant chaque jour sans mon père, tout ce que j’ai appris sur lui - ses plats favoris, ses émissions de TV préférées - était des bribes d’informations. Lorsque nous étions en train d’écrire le scénario, nous nous sommes demandés, 'et si tout ce que les deux frères retrouvaient de leur père était littéralement un bout de lui?' On est resté sur cette idée, on a passé beaucoup de temps pour s’assurer que nos deux héros et le public rêvent de voir le reste de son corps. J’adore aussi le fait que ce soit un personnage à la fois ridicule et drôle et gênant. Cette étrangeté est aussi ce que les spectateurs viennent chercher dans un Pixar. La difficulté de ce personnage est que l’on ne voit que ses pieds. Il a fallu être très minutieux. Les animateurs se sont rendus compte qu’une tape du pied ou qu’un léger mouvement de la cheville permettait de comprendre d’une manière très efficace ce que ce personnage pensait."

Un monde merveilleux proche de nous

En avant, le nouveau film Pixar
En avant, le nouveau film Pixar © Pixar
Kori Rae: "Nous avons voulu inverser les clichés de l’heroic fantasy et imaginer ce qui se serait passé si des créatures fantastiques vivaient parmi nous. Notre histoire se déroule dans le monde contemporain où des créatures fantastiques continuent d’exister. Les majestueuses licornes de la légende sont donc devenues des meutes de chiens sauvages qui mangent dans les poubelles. Le film montre aussi comment un monde magique peut être modifié par le poids des siècles."
Dan Scanlon: "Au début, l’idée était de situer l’histoire dans ma ville natale dans le Michigan. Mais, en y réfléchissant avec mon équipe, on s’est rendu compte qu’elle était déjà assez merveilleuse et qu’elle ne correspondait pas au propos du film. Nous voulions une ville plus moderne et nous avons trouvé tout ce dont nous avions besoin à Los Angeles. C’est une ville très à la pointe et le contraste avec l’ancien monde magique fonctionne mieux."
Kori Rae: "Les personnages ont une peau de couleur bleue, mais le monde qui les entoure aussi est bleu. C’était pour faire un clin d’œil au père, dont les chaussettes sont violettes. Il y a beaucoup d’éléments dans le film qui sont de cette couleur-là, comme le ciel."
Dan Scanlon: "On utilise principalement cette couleur à la fin du film - mais je ne peux pas en dire plus. La couleur bleue nous semblait aussi parfaite pour une histoire merveilleuse avec des créatures fantastiques. Dans les peintures de fantasy, il y a souvent une prédominance de tons bleus et violets. C’était important de donner l’impression d’être dans un monde fantastique, même lorsque les personnages se retrouvent dans une situation très quotidienne."
Jérôme Lachasse