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Cinéma

Des indépendantistes bretons appellent au boycott de Bécassine!

Emeline Bayart dans Bécassine! de Bruno Podalydès

Emeline Bayart dans Bécassine! de Bruno Podalydès - Copyright Anne-Françoise Brillot

Le collectif Dispac'h estime que la comédie de Bruno Podaydès, au cinéma le 20 juin, occulte "le drame que porte le personnage de Bécassine".

"Par respect envers nos grands-mères et notre histoire nous réagissons". Dispac'h, un collectif d'indépendantistes bretons, appelle au boycott du nouveau film de Bruno Podalydès, une adaptation des aventures de la bonne à tout faire Bécassine dont la sortie est prévue au cinéma le 20 juin.

"Le personnage de Bécassine représente toujours aujourd’hui un symbole qui véhicule un message dégradant, insultant et méprisant envers les femmes de Bretagne et le peuple breton", peut-on lire dans un communiqué publié en ligne et envoyé aux cinémas des cinq départements bretons.

"On ne demande pas l'interdiction du film"

Le collectif regrette que Bruno Podalydès occulte dans son film "le drame que porte le personnage de Bécassine", soit "l’émigration de milliers de bretonnes et bretons prolétaires vers la servitude". "Chez nous, Bécassine représente un drame social et humain", précise sur Slate Ewan Thébaud, porte-parole de Dispac'h. "D’après le dossier de presse, le film ne revient pas du tout dessus". Dans le film, Bécassine, qui rêve de se rendre à Paris, se retrouve à servir une marquise.

"Opprimées parce que femmes, stigmatisées parce que Bretonnes, exploitées parce que prolétaires, voilà la seule réalité qui s’applique à Bécassine. Si vous voulez montrer Bécassine à l’écran laissez la parler, montrez ses souffrances et ses révoltes", poursuit le collectif.

Celui-ci, d'ailleurs, "ne demande pas l'interdiction du film", mais "appelle toute la société bretonne à le boycotter pour que les producteurs parisiens réfléchissent la prochaine fois".

En signe de protestation, Dispac'h organise deux rassemblements lors des avant-premières bretonnes "afin de rappeler à l’équipe du film qu’il est délicat de jouer avec certains symboles". Le documentaire Nous n’étions pas des Bécassines, qui donne la parole à ces femmes bretonnes parties à Paris pour servir, sera également projeté par le collectif. 

"Aucune référence à la Bretagne" dans le film

Ce n'est pas la première fois que le personnage à la coiffe blanche suscite ce genre de réactions. "Une première adaptation cinématographique, en 1940, avait déjà suscité une levée de boucliers", note Le Parisien, qui ajoute que "trois farouches autonomistes avaient même détruit la statue de cire de la petite domestique au musée Grévin".

Bruno Podalydès a désamorcé la polémique en précisant au quotidien qu'il n'y avait dans son film "aucune référence à la Bretagne". "Ce qu'on raconte sur elle est souvent faux. Ce qui me touche chez Bécassine, c'est sa gentillesse désarmante. Ce n'est pas la sombre idiote que certains décrivent", a-t-il enfin déclaré.

Jérôme Lachasse