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David Moreau: "Seuls est un film où tous les jeunes peuvent se retrouver"

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- - Studio Canal

ENTRETIEN - L’adaptation de la série à succès débarque au cinéma. BFMTV.com a rencontré le réalisateur du film, David Moreau.

La bande dessinée franco-belge s’attaque au grand écran! En attendant cet été Valérian et la cité des mille planètes et l’année prochaine Gaston Lagaffe et Les Aventures de Spirou et Fantasio, débarque ce mercredi 8 février Seuls, adaptation de la BD de Vehlmann et Gazzotti. Bien connue des lecteurs du journal Spirou, cette série rencontre depuis son lancement en 2006 un large succès: plus de 1,5 million d’exemplaires vendus.

Le pitch est simple: cinq enfants - Leïla, Dodji, Yvan, Camille et Terry - se réveillent dans un monde où les adultes semblent avoir disparu. Dans l'adaptation cinématographique, David Moreau, le réalisateur, a préféré vieillir les protagonistes. Il s’appuie sur une troupe de jeunes acteurs peu connus du grand public, mais déjà très à l'aise devant la caméra: Sofia Lesaffre, Stéphane Bak, Jean-Stan Du Pac, Paul Scarfoglio et Kim Lockhart. Visuellement, le cinéaste a également pris le contrepied de l’esthétique colorée de la BD pour privilégier une palette de couleurs sombres et une imagerie violente.

Donner une "résonance contemporaine"

Rencontré mi-janvier dans un hôtel parisien, David Moreau indique s’être inspiré "des premiers films de David Fincher et de Prisoners de Denis Villeneuve." Des univers bleuâtres et désespérés. "Après la disparition", explique le cinéaste, "les intérieurs deviennent plus froids. Avec le directeur de la photographie Nicolas Loir, on a voulu composer une ambiance désaturée tout en ajoutant dans chaque plan une pointe de couleur pour ramener du contraste dans l’image." Un peu d'espoir dans un monde vidé de sens, en somme.

David Moreau, qui a débuté au cinéma avec le film d’horreur Ils, a soigné l’image du film pour rendre crédible l’univers fantastique de Seuls. “Tout le budget est allé à l’image", révèle le réalisateur. "On a tous fait des efforts pour que ce soit le plus réussi possible et que le spectateur ne se dise pas que le film est cheapos. Cela a été une grosse bataille." Seuls a nécessité de nombreux effets spéciaux - près de 450 plans ont été truqués numériquement par le studio parisien Mathematic. Dans les scènes en extérieur, les passants ont été effacés pour donner l'illusion d'une ville vide. Certains bâtiments, comme l’hôtel où se déroule l’essentiel de l’action, ont été créés de toutes pièces. Le tout avec un budget de film moyen, soit environ 6 millions d’euros. "L’imaginaire fantastique doit être accompagné d’un visuel fort, d’une crédibilité visuelle, sinon on n’y croit pas", martèle David Moreau.

Face aux événements dramatiques qui se déroulent en France depuis quelques années, celui-ci est persuadé que le fantastique a un rôle primordial à jouer. Avec Seuls, David Moreau a voulu proposer sa version des films de SF des années 1950 et 1960. "Ils pouvaient être d’une virulence absolue envers leur époque", note-t-il avant d'ajouter: "J’ai tenté de donner une résonance contemporaine à l’histoire. Le fait que les gamins soient, comme dans la BD, issus de différents horizons et de différentes cultures était pour moi très important. Cela représente la France d’aujourd’hui. J’ai aussi rendu l’antagoniste encore plus facho que dans la BD. Il représente le danger qui peut arriver à notre pays. Je trouve cool pour les jeunes d’aller voir un film où ils peuvent tous se retrouver et se dire qu’ils ont un ennemi commun."

Un ennemi commun qui pourrait revenir dans la suite de Seuls, si le public est au rendez-vous.

Jérôme Lachasse