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D'Independence Day à Maléfique: Le Pouvoir du Mal, comment les effets numériques ont révolutionné les blockbusters

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À l'occasion de la sortie en vidéo de Maléfique: Le Pouvoir du Mal, rencontre avec son production designer, le Français Patrick Tatopoulos, témoin de la révolution numérique à Hollywood depuis ses débuts dans Independence Day.

Les blockbusters contemporains sont-ils désormais entièrement tous conçus sur ordinateur? Construire de gigantesques décors est-il devenu obsolète, une pratique désormais réservée à une poignée de films à vocation nostalgique comme Star Wars? Non, à en croire Patrick Tatopoulos, chef décorateur de légende qui a récemment travaillé sur Maléfique: Le Pouvoir du Mal (en vidéo le 21 février). 

Célèbre pour ses univers médiévaux et gothiques (Underworld) et ses collaborations avec Roland Emmerich (Independence Day) et Alex Proyas (Dark City), il a été témoin de la révolution numérique, qui l'a amené à changer l'approche de son métier: "Un designer ne peut plus être quelqu'un qui ne s'occupe que des décors", explique-t-il. 

Souvent présenté comme chef décorateur, Patrick Tatopoulos est en réalité "producteur designer". Il s'occupe non seulement des décors et des environnements, mais aussi des effets visuels et de la bonne imbrication des éléments réels et numériques. "Un production designer doit créer le look d'un film. La construction des décors est la moitié du travail d'un designer. Le reste, c'est tout le monde visuel", résume Patrick Tatopoulos. 

"Tout doit pouvoir se mélanger parfaitement"

La majorité des décors sont complétés à l'aide de trucages numériques et d'écrans verts.

"Dans Maléfique: Le Pouvoir du Mal, j'ai construit les décors d'une grosse partie du village. Je ne peux pas livrer les décors et dire à la production: ‘débrouillez-vous pour le reste et les arrière-plans'. On conçoit donc [numériquement] le village dans son ensemble et toutes les parties qui sont nécessaires. En d'autres termes, je conçois plus que je ne construis. Dans le film, le château est vu sous différents angles avec les jardins. L'ensemble est designé à l'ordinateur en 3D, puis on extrait de ce plan les éléments dont on a besoin et on les construit. Tout doit pouvoir se mélanger parfaitement." 

Connu pour avoir travaillé sur différents films de monstres et de super héros comme Underworld et Batman v Superman, Patrick Tatopoulos s'attaque avec Maléfique: Le Pouvoir du Mal à son premier conte de fées. "Ça a été fantastique pour moi. Ça m'a rappelé mon enfance. J'ai créé le look du phénix à la fin du film et j'ai supervisé celui des fées. Je ne me suis jamais détourné du monde des créatures. Les gens font appel à moi parce que je sais m'en occuper et créer des environnements fantastiques." 

Des mondes plus grands et plus précis

Patrick Tatopoulos a aussi pu retrouver les univers médiévaux et gothiques qui lui sont familiers, tout en bousculant ses habitudes: "Il y avait un défi intéressant dans Maléfique: Le Pouvoir du Mal. J'ai tendance à avoir des textures très sombres et ce qui m'a plu dans ce film est d'essayer d'éviter de tomber dans ce piège. Par exemple, le château est très neuf. Si j'avais suivi ma tendance habituelle, je l'aurais vieilli. Mais ce n'était pas l'histoire. Il a été construit récemment. On est habitué, pour les tournages, à vieillir un peu les décors, à ajouter des textures. C'est beaucoup plus difficile de faire un décor neuf, un château du Moyen-Âge neuf."

Lui qui travaillait auparavant avec du papier et des feutres a troqué ses outils contre un ordinateur. Il est loin le temps où il concevait l'univers gothique de Dark City ou l'apocalypse d'Independence Day à l'aide de maquettes. La révolution numérique, précise-t-il, lui permet désormais de développer davantage les univers graphiques et de permettre au casting de mieux s'immerger dans leurs scènes: "L'ordinateur nous permet de réaliser des mondes beaucoup plus grands et beaucoup plus précis tout en les contrôlant. Cela nous permet de repousser notre vision plus loin avant de laisser l'équipe suivante s'en emparer pour la rendre plus réaliste. C'est très satisfaisant."

Jérôme Lachasse