BFMTV
Cinéma

Coachella, Beyoncé et féminisme: comment Hans Zimmer a modernisé la musique du Roi Lion

Hans Zimmer, le compositeur de la musique du Roi Lion

Hans Zimmer, le compositeur de la musique du Roi Lion - Walt Disney Company

Vingt-cinq ans après le classique de Disney, le compositeur rempile pour le remake de Jon Favreau, en salles ce mercredi 17 juillet. Musique live, Queen Bey et féminisme... Il dévoile comment il a modernisé la bande originale du Roi Lion.

Avant Pirates des Caraïbes ou Inception, Hans Zimmer a composé les mythiques mélodies du Roi Lion. Un travail récompensé par un Oscar de la meilleure musique de film en 1995. Vingt-cinq ans après, le compositeur est désormais de retour avec la bande originale du remake du classique de Disney par Jon Favreau.

Par défi, l’artiste connu pour ses morceaux épiques a enregistré sa bande originale dans les conditions du live, comme s’il était en concert à Coachella. Rencontré par BFMTV, Hans Zimmer raconte comment il a recréé sa musique vingt-cinq ans après et évoque sa collaboration avec Beyoncé et Elton John.

Vous enregistrez d’ordinaire la bande originale d’un film en studio. Pour ce nouveau Roi Lion, vous avez décidé de l’enregistrer dans les conditions d’un concert à Coachella. Pourquoi? 

Pourquoi? Parce que je pouvais le faire! C’est normalement impossible d’enregistrer une bande originale de film dans les conditions d’un concert, parce que personne ne connaît la musique, ni l’histoire. À moins de passer beaucoup de temps à tout expliquer, [c’est impossible]. Ce qui est génial avec Le Roi Lion, [c’est que tout le monde connaît la bande originale du film]. J’ai travaillé avec trois groupes: mon groupe [le Hans Zimmer Band] qui joue depuis plusieurs années cette musique en concert, le Re-Collecve Orchestra, un orchestre afro-américain que j’ai trouvé à New York, mais qui a été enrichi de musiciens de Detroit et de Chicago, et le Hollywood Studio Symphony qui avait travaillé sur le film d’origine. Il n’y avait donc rien à dire. Prenez le morceau Stampede. Tout le monde savait que ça allait se terminer avec la mort [de Mufasa]! Il y avait derrière chaque note cette impression qu’on la connaissait intimement, qu’on l’aimait: elle avait une raison d’être. La chose la plus importante à mes yeux était que ceux qui réalisaient le film puissent assister à l’enregistrement de la musique. D’ordinaire, je ne croise pas le directeur de la photo et les autres quand je travaille. C’était important qu’ils voient le film prendre vie grâce à la musique.

Est-ce vrai que vous avez utilisé de nouveau la démo d’origine de l’ouverture de L’Histoire de la vie?

Ce n’est pas la démo d’origine [brouillon d'un morceau de musique, NDLR]. Ce qui provient de la démo d’origine est la batterie que j’ai conçue moi-même. J’ai invité les plus grands batteurs du monde - Sheila E, John JR Robinson et les autres - pour jouer ce morceau. Je leur ai demandé, bien que certains de mes fills [motifs de batterie, NDLR] ne soient pas très bons, de les reproduire. C’était vraiment important. Et c’était très amusant à faire. On n'utilise plus une démo [comme sur le premier film]. Ce sont vraiment des gens en train de jouer.

Spirit, la chanson inédite de Beyoncé, était prévue pour le générique de fin, mais elle intervient finalement dans une scène importante du film. Pourquoi?

Beyoncé nous a appelés pour nous dire qu’elle avait écrit une chanson. Avec Jon [Favreau, le réalisateur, NDLR], on a pensé que plutôt que de la mettre à la fin du film, ce serait bien plus efficace d’utiliser cette chanson d’un point de vue narratif. Une des choses que j’ai adorées avec ce film est que nous avons voulu autant raconter l’histoire du Roi Lion que de la Reine Lionne [Hans Zimmer fait ici référence à Nala, qui est doublée par Beyoncé, NDLR]. C’est Nala qui motive Simba à grandir et à prendre ses responsabilités. Avoir sa voix pendant leur voyage retour [vers la Terre des Lions pour affronter Scar, NDLR] était donc très important. C’était très amusant de pouvoir dire à Beyoncé: "j'aime beaucoup ta chanson, mais je pense qu’elle est bien trop puissante pour être réservée au générique!"

Parlez-nous de votre collaboration avec Elton John sur le morceau inédit Never Too Late, qui clôt le film.

Il l’a conçu avec Tim Rice. Avec L’Histoire de la vie, le film se termine sur une note assez élevée. C’est très difficile pour un compositeur de battre l’idée véhiculée par cette chanson, cette idée philosophique du cycle de la vie. Et on doit suivre cela avec une chanson un peu légère! Leur idée a donc été de suivre L’Histoire de la vie avec un morceau sur l’importance d’être responsable. On s’est donc emparé de la chanson d’Elton, on l’a fait jouer par des musiciens originaires d’Afrique. D’une manière ou d’une autre, chaque morceau a été travaillé par des musiciens ou des chœurs originaires d’Afrique. C’était très important pour moi d’éviter de faire du capitalisme culturel et de voir ce qui pouvait se produire de nouveau lorsque deux cultures se rencontrent.

Comment expliquez-vous le succès du Roi Lion?

J’ai essayé d’analyser cela des millions de fois, mais je n’ai jamais vraiment réussi. Je crois que l’aspect humain de l’histoire a toujours été très important. Aujourd’hui, nous appréhendons mieux ce qui se produit avec la nature et les conséquences de nos actions sur celle-ci. Nous comprenons mieux notre place sur cette petite planète bleue. Parce que notre point de vue sur ces sujets écologiques a changé, nous regardons Le Roi Lion d’une autre manière.
Jérôme Lachasse