BFMTV
Cinéma

Christophe Lambert: "avec Vercingétorix, il y avait la possibilité de faire un Braveheart français"

Christophe Lambert au salon Magic de Monaco

Christophe Lambert au salon Magic de Monaco - Fabbio Galatioto

Le célèbre acteur de Highlander et Subway se confie sur sa carrière. Il décrypte avec humilité et passion ses plus grands rôles comme ses films les moins connus.

Christopher Lambert, pour une génération, est un mythe vivant. Au mitan des années 1980, le comédien tourne à la suite quatre films cultes: Greystoke (1984), Paroles et Musique (1984), Subway (1985) et enfin Highlander (1986). Depuis, il a exploré tous les genres cinématographiques, de la comédie au drame, des frères Coen au Palmashow. Invité du 5e salon MAGIC à Monaco, organisé par la société Shibuya Productions, le comédien revient pour BFMTV.com, sur sa filmographie, évoquant avec passion et humilité ses plus grands rôles comme ses films les moins connus. 

En 1981, vous jouez dans votre troisième film, Asphalte, et vous donnez la réplique à Jean-Pierre Marielle. Quels souvenirs avez-vous de cette époque?

Le film n’a pas accroché le public. Je dois avoir trois, quatre minutes dans Asphalte. Je m’en souviens exactement. Il y a un accident et je suis à l’hôpital. Marielle débarque en disant: "j’ai besoin de sang". Je crois que je lui réponds: "Du sang? Mais monsieur, on n’a pas de sang." C’était une de mes premières répliques de cinéma. Marielle était génial.

Vous l’avez retrouvé dix ans plus tard…

… dans Max et Jérémie, qui, lui, a trouvé son public. Ce film a été une des plus belles expériences [de ma carrière]. Je dirai que c’est le seul scénario où il n’y avait pas une virgule à toucher. Le scénario était remarquablement écrit. Le film le prouve.

Comme chez les frères Coen?

Chez les Coen, tout est scripté au point où on ne peut pas changer une virgule ou un mot. Il m‘est arrivé, sur les trois jours que j’ai dû faire sur le film [Avé César], de changer un mot. Ils m’ont dit: "Christophe, tu ne peux pas faire ça. C’est ce mot-là qu’il faut dire". Ils sont extrêmement précis. Leur plateau est extrêmement calme, avec une ambiance formidable, parce que tout le monde est soudé derrière les metteurs en scène. Ils pourraient être des jumeaux, même si ce n’est pas le cas. Ces deux personnes n’en forment qu’une. Ils sont tout le temps en train de se parler. Un s’occupe de la direction artistique et l’autre de la direction technique. Ils sont en osmose complète.

Sur Max et Jérémie, vous avez travaillé avec Philippe Noiret. Que vous a-t-il appris sur le métier d’acteur?

À rester simple, humain, humble et à ne pas penser que l’on est quelqu’un de particulier, parce que l’on vous reconnaît dans la rue. On a la chance de faire un métier que l’on aime. J’ai voulu être acteur depuis l’âge de douze ans. Je m’aperçois aujourd’hui que c’était probablement surtout pour ne pas être moi que je suis devenu acteur. Je suis devenu acteur pour devenir quelqu'un d'autre, l'un de ceux qui me faisaient rêver, qui me faisaient sortir de la réalité quand, petit, j'allais au cinéma.

Christophe Lambert dans Vercingétorix, Subway et Ghost Rider 2.
Christophe Lambert dans Vercingétorix, Subway et Ghost Rider 2. © StudioCanal / Marvel

C’est pour cette raison que vous avez souvent des looks improbables dans vos films? Par exemple dans Subway et Vercingétorix...

Subway, c’était top. Vercingétorix, c’est autre chose. Ce qui m’a rendu triste, sur Vercingétorix, c’est que si le metteur en scène [Jacques Dorfmann, NDLR] avait été concentré sur son film et pas dans l’état dans lequel il était au quotidien [il était saoul, NDLR], il avait la possibilité de faire un Braveheart français. On ne peut pas refuser un rôle comme Vercingétorix. Après la première semaine de tournage, je me suis dit que j’allais vivre quinze semaines d’enfer. Ça a été le cas. À partir du moment où une équipe ne respecte plus le metteur en scène, c’est fini. Il était aussi producteur du film. S’il avait été uniquement metteur en scène, je pense qu’il aurait été changé. On avait heureusement un réalisateur de seconde équipe formidable, un Canadien, qui a tourné toutes les batailles. Ce n’est pas un regret. C’est du passé. On ne peut pas rattraper ce qui est fait. Ce qui m’a rendu triste, c’est juste de rater la possibilité de faire un vrai grand film.

Revenons aux cheveux… Quelle était l’idée derrière votre coiffure blonde de Subway? Et parlez-nous de votre sacré look de Ghost Rider 2.

Dans Ghost Rider 2, j’étais complètement chauve et couvert de tatouages. C’est ce que voulaient les metteurs en scène [Neveldine et Taylor, NDLR]. J’ai essayé de garder mes cheveux et de mettre un chapeau en plastique pour les cacher. Ils ont refusé et m’ont demandé de me raser complètement. Donc je l’ai fait. Pour Subway, c’est un mélange entre le Petit Prince et Mad Max. Les cheveux jaunes, c’était pour le côté Petit Prince.

Sean Connery a l’image d’un homme bourru. Comment était-il sur le tournage de Highlander?

Il n’est pas du tout bourru. Ce sont ses rôles. Dans la vie, c’est quelqu’un d’extrêmement pétillant, c’est quelqu’un d’intelligent, c’est quelqu’un de très concentré, de très calme. Mais il ne faut pas le faire chier. À partir du moment où on rencontre des gens comme ça, où on les regarde dans les yeux comme si c’était des gens normaux, ça se passe toujours bien.

Highlander
Highlander © 20th Century Fox,

Après le succès de Highlander, vous tournez avec Marco Ferreri, le réalisateur de La Grande Bouffe.

Exactement. Je me suis dit que dans une carrière, il ne faut pas faire que des films qui marchent et il faut pouvoir toucher à tout. Marco Ferreri, quand je l’ai rencontré, je me suis dit: "On verra ce que va être". J’avais vu pratiquement tous ses films: La Grande Bouffe, son adaptation de Bukowski [Conte de la folie ordinaire, NDLR]… Ce qui m’intéressait chez ce mec, comme chez presque tous les metteurs en scène avec qui j’ai travaillé, c’est leur personnalité: qu’ils n’essayent pas de copier les autres, mais de conserver ce qu’ils ont de personnel.
C’est pour cela que j’aime un mec comme Claude Lelouch. Qu’on aime ou pas Claude Lelouch, il fait du Claude Lelouch. Il a cette personnalité depuis qu’il a 26 ans. Il n’en a jamais dérogé. Il est unique. À l’époque où je devais tourner le film des Coen, Claude Lelouch m’a proposé Un + Une et je devais jouer quatre semaines. Les frères Coen m’ont dit: "les dates de Claude Lelouch seront les nôtres". Il est plus respecté dans les autres pays du monde qu’en France.

Quand on pense à votre filmographie, on cite souvent Highlander ou Greystoke, mais vous avez fait beaucoup de comédies. Et vous avez beaucoup travaillé avec le Palmashow.

C’est mon partenaire de business, Michel Halimi, qui les a trouvés à Montfort-l'Amaury (Yvelines). Il habitait là-bas à l’époque. Il m’a dit que je devrais voir ces petits jeunes. On a décidé de les produire. Ils faisaient des vidéos à gauche et à droite. Après, ils sont devenus ce qu’ils sont devenus. Le film, que j’ai produit avec Alain Goldman, La Folle histoire de Max et Léon a fait 1.200.000 entrées!

Vous êtes apparu dans un film maudit des années 2000: Southland Tales de Richard Kelly. Il n’a pas fait de films depuis The Box il y a dix ans. Vous avez de ses nouvelles?

Non. Aucune. C’est un metteur en scène exceptionnel. Donnie Darko, c’était fabuleux. Je crois que c’est un mec qui doit d’abord se trouver lui-même pour trouver son public. Donnie Darko, c’est extrêmement bien structuré. C’est un film difficile, par contre on passe un moment fabuleux. C’est pour ça que j’ai accepté Southland Tales. Je vous le dis franchement: à la lecture du script, c’était incompréhensible. Mais j’en avais rien à foutre, je voulais tourner avec lui. Le tournage était normal. Par contre, lui, c’est un hyper anxieux. Il est tendu.

Est-ce qu’il y a des rôles que vous regrettez de n’avoir pas obtenus?

Je n’ai jamais de regrets, car le regret, c’est du passé, et le passé, on ne peut pas le rattraper. Je ne calcule rien. C’est le jeu. On prend des acteurs pour ce qu’ils sont, pour ce qu’ils peuvent amener à un rôle. On n’est pas là pour se regarder et se demander pourquoi lui et pas moi. C’est ridicule. Si j’avais des choix aujourd’hui, j’aimerais être un gangster et retourner dans un film comme Gideon [un de ses films préférés, un drame de 1999 où il joue face à Charlton Heston, NDLR]: c’est-à-dire retrouver un côté enfantin plus qu’infantile.

Jérôme Lachasse