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César 2020: Corinne Masiero fustige la mainmise "des bourgeois hétéros catholiques blancs de droite"

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L'interprète de Capitaine Marleau, connue pour son franc-parler, dénonce l'entre-soi et le manque de diversité de l'Académie des César.

"Il faut plus de diversité, pour être plus représentatif du métier et de la société. Ce n’est pas des bourgeois hétéros catholiques blancs de droite qui ont, seuls, le droit de dire ce qu’il faut récompenser en France." Corinne Masiero (Capitaine Marleau) a dénoncé cette semaine dans les colonnes de Télérama l'entre-soi et le manque de diversité de l’Académie des César.

Interrogé par l'hebdomadaire culturel, la comédienne s'est confiée "sur ce qu’il faut réparer dans l’institution", alors que le milieu du cinéma français est en crise depuis plusieurs semaines. Espérant du "changement", l'actrice souhaite que la révolution en cours ne s'arrête pas à la démission de l'Académie des César.

"On ne peut pas juste changer de mecs et laisser faire que ça recommence", écrit-elle. "Pourquoi ne pas constituer un nouveau conseil d'administration avec uniquement des gonzesses, et pas toutes blanches ni âgée de 25 à 36 ans? Il faut plus de diversité, pour être plus représentatif du métier et de la société. Ce n’est pas des bourgeois hétéros catholiques blancs de droite qui ont, seuls, le droit de dire ce qu’il faut récompenser en France."

L'actrice connue pour son franc-parler ajoute: "On a une richesse culturelle de dingue en France, il faut en tenir compte. Pourquoi ne pas constituer une direction de l'Académie pour seulement un, deux, ou trois ans, et en changer ensuite les membres? Surtout, il faut une transparence complète, sur tout."

"Un travail de concertation" pour rénover les César

Accusée d'opacité et d'entre-soi, la direction de l'Académie des César, présidée depuis 2003 par le producteur Alain Terzian, a démissionné en bloc jeudi à seulement deux semaines de la cérémonie de remise des récompenses les plus prestigieuses du cinéma français, déjà minée par la polémique Polanski.

Cette démission permettra de procéder au renouvellement du conseil d'administration, actuellement composé de 21 personnes, parmi lesquelles les cinéastes Costa Gavras, Claude Lelouch ou Tonie Marshall, avec moins d'un tiers de femmes et une moyenne d'âge élevée. 

Le Centre national du cinéma (CNC) a indiqué vendredi 14 février qu'il avait déjà "entamé un travail de concertation" pour rénover la gouvernance des César, à la demande de Franck Riester. Elle se poursuivra dans les prochaines semaines, afin d'aboutir à un projet de nouveaux statuts, qui sera "soumis au vote d'une assemblée générale extraordinaire" avant la fin mars.

Le ministre de la Culture avait souhaité jeudi 13 février que la nouvelle direction soit "guidée par un fonctionnement démocratique et des exigences d'ouverture, de transparence, de parité et de diversité".

Les opposants pourront "s'exprimer"

Le groupe Canal+ a confirmé que la cérémonie serait bien diffusée le 28 février comme prévu, "sans pour autant faire abstraction du contexte de la présente édition".

Le directeur des antennes et des programmes du groupe, Gérald-Brice Viret, a précisé dans Le Parisien que les signataires de la tribune de lundi pourraient "s'exprimer" lors de la soirée, tout comme les manifestants, qui pourront parler "en amont ou pendant la cérémonie". 

Des associations féministes ont appelé à un rassemblement le soir de la cérémonie, pour protester contre les 12 nominations pour J'accuse de Roman Polanski, visé par des accusations de viol.

Jérôme Lachasse avec AFP