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Cannes 2019: malaise autour de Mektoub My Love - Intermezzo, le nouveau film sulfureux de Kechiche

Depuis sa projection, le long-métrage est pointé du doigt pour sa mise en scène éprouvante et une très longue séquence de sexe.

L'édition 2019 du Festival de Cannes se conclut sur une note de scandale. Ce vendredi, veille de la clôture de cette 72e édition, le dernier film d'Abdellatif Kechiche, Mektoub My Love: Intermezzo, est au coeur de tous les malaises, de toutes les passions et de toutes les interrogations de la Croisette. 

La tension a commencé à monter jeudi soir, après la projection du long-métrage, en lice pour la Palme d'or. Cette suite de Mektoub My Love: canto uno est un film long de 3h28, dont les trois quarts se déroulent en boîte de nuit, marqué par une scène de sexe oral très crue de 13 minutes (et non simulée selon le Huffington Post). L'AFP qualifie la projection d'expérience "radicale jusqu'à l'overdose", "éprouvante" et "quasi-hypnotique". À leur sortie de la salle, plusieurs spectateurs ont dézingué le film au micro de BFMTV, parlant de "honte" et de "sexisme pur". 

178 "culs"

Dans ce deuxième volet, on retrouve la bande de jeunes du premier film, en vacances à Sète. Comme ce fut le cas dans canto uno, si certains crient au génie, la façon qu'a le réalisateur de filmer les corps féminins en interroge d'autres. "Pour toi public, j'ai compté tous les plans qui montrent des culs (...) il y en a 178. Si on les enlève, je pense que le film dure 20 minutes", a notamment tweeté une journaliste. 

Départ d'une actrice

L'AFP rapporte que plusieurs spectateurs ont quitté la salle durant la projection. Ophélie Bau, l'une des actrices principales, n'était plus là lorsque les lumières se sont rallumées. Celle qui interprète Ophélie, une jeune femme sensuelle partagée entre son futur mari et son amant, avait pourtant participé à la montée des marches. Abdellatif Kechiche lui-même a précipitamment quitté la salle à la fin du film, après avoir lancé au micro "Je m'excuse de vous avoir retenus sans vous prévenir et voilà je m'en vais!"

Ce vendredi, Ophélie Bau n'a pas participé à la séance photo de l'équipe et était également absente lors de la conférence de presse. Elle est "actuellement en plein tournage", a expliqué une attachée de presse. 

La "magie des corps"

Durant cette rencontre avec les journalistes, Abdellatif Kechiche a expliqué sa démarche:

"J'ai essayé de montrer ce qui me fait vibrer moi, des corps, des ventres (...) La chose plus importante pour moi, était de célébrer la vie, l'amour, le désir, le pain, la musique, le corps et de tenter une expérience cinématographique la plus libre possible (...) Je filme cette magie du corps, bien sûr que tout le monde ne peut pas ressentir cette impression que j'essaie de transmettre".

Face à la critique, lui plaide une "expérience nouvelle": "Tout le monde n'est pas ouvert à cette expérience, tout le monde n'est pas sensible à mon regard, au regard que je porte sur les autres. Ça ne me dérange pas. Ce que je vois, et ce que j'aime voir n'est pas aimable ou appréciable pour tout le monde. Heureusement, ce serait désastreux sinon".

Plainte pour agression sexuelle

Sur son départ précipité après la projection, le réalisateur a déclaré: "Il se trouve que c'est mon éducation, je m'excuse de retenir les gens dans une salle et d'attirer l'attention sur moi".

Le malaise a grimpé d'un cran lorsqu'il a été interrogé sur l'enquête dont il fait l'objet après une plainte déposée en octobre 2018 par une femme de 29 ans qui l'accuse d'agression sexuelle. "Je trouve votre question déplacée et imbécile. On est dans un festival de cinéma, on parle de cinéma (...) Je ne suis pas au courant d'une quelconque enquête, j'ai la conscience tranquille au niveau des lois", a-t-il répondu.

L'habitué des polémiques

En 2013, La Vie d'Adèle, Palme d'or, avait déjà suscité la controverse. Beaucoup avaient souligné la longueur de la scène de sexe entre Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux. Cette dernière avait par ailleurs dénoncé des conditions de tournage "horribles", tandis que sa partenaire, alors âgée de 19 ans, avait parlé de "dix journées entières à tourner" la fameuse séquence.

Benjamin Pierret avec AFP