BFMTV
Cinéma

Cannes 2017: le cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho débarque avec Okja

-

- - Copyright Netflix France

L'auteur de Snowpiercer revient avec le très attendu film de monstre Okja. Retour sur son parcours.

Son film n'avait pas encore été présenté au Festival de Cannes qu'il créait déjà, indirectement, la polémique. Diffusé sur Netflix à partir du 28 juin prochain, Okja du sud-coréen Bong Joon-ho ne sortira pas au cinéma. Une situation qui n'a pas manqué de susciter le courroux des exploitants français et du CNC, qui ont exigé que le film et celui de l'Américain Noah Baumbach, The Meyerowitz Stories, également diffusé sur Netflix, sortent dans les salles obscures. Ce qui Netflix a refusé.

La polémique s'est depuis enlisée, chacun campant sur ses positions. Bong Joon-ho, dont le film sera projeté ce vendredi 19 avril sur la Croisette, a participé avec humour à ce débat, arguant que "les membres du CNC ont Netflix chez eux". Au-delà des polémiques, la projection du nouveau film du cinéaste sud-coréen, quatre ans après son dernier chef d'oeuvre, Snowpiercer, est un événement. L'occasion idéal de remonter le fil de sa carrière.

Okja (2017)

Plus de dix ans après The Host, hommage détourné à Godzilla, Bong Joon-ho propose Okja, récit de l'amitié entre une jeune fille et un monstre au grand cœur. Lorsque celui-ci est capturé par une multinationale, la jeune fille la poursuit jusqu'à New York pour la sauver. Dans un entretien accordé en janvier aux Cahiers du Cinéma, Bong Joon-ho a indiqué que le film comporte de nombreux gags et d'"actions stupides". Une déclaration qui ne devrait pas surprendre ses fans, tant Bong se plaît à mêler les genres et passer, dans une même scène, de l'horreur au grotesque.

Doté du plus important budget de sa carrière (57 millions de dollars), Bong Joon-ho a aussi innové pendant le tournage, tournant pour la première fois en dehors de Corée du Sud: "Tourner en plein Manhattan, avec cette architecture particulière, c'était tout nouveau pour moi", a-t-il déclaré aux Cahiers du Cinéma. "J'aime l'idée qu'on voie dans un même film les montagnes profondes de la campagne coréenne, Séoul, puis New York..." Le film séduira-t-il le jury? Rendez-vous le 28 mai. 

Snowpiercer, le Transperceneige (2013)

Comment une BD française des années 1980 a-t-elle pu atterrir entre les mains du cinéaste sud-coréen? Le hasard, ou le destin. Le Transperceneige était fait pour Bong Joon-ho. Récit post-apocalyptique d'une humanité vivotant dans un train, Snowpiercer mêle humour et violence, réflexion politique et vision ironique de l'humanité. Tourné à la fois en anglais et en coréen, cette adaptation de la BD dessinée par Jean-Marc Rochette mêle au gratin d'Hollywood (John Hurt, Chris Evans, Octavia Spencer) la superstar coréenne Song Kang-ho, que Bong Joon-ho a déjà employé dans deux films, The Host et Memories of Murder.

Mother (2009)

Conçu après le succès considérable de The Host (2006), Mother est, en apparence seulement, un film plus modeste. Présenté au festival de Cannes 2009 à Un certain regard, Mother est l'occasion pour Bong Joon-ho de rendre hommage à Brian de Palma, un cinéaste qu'il adore. Il y raconte l'histoire d'un mère-courage prête à tout pour prouver l'innocence de son fils déficient mental et accusé du meurtre d'une écolière. Un meurtre dont il pourrait pourtant être l'auteur... Le film s'ouvre sur une mystérieuse danse que l'on vous laisse découvrir:

The Host (2006)

Réponse sud-coréenne à Godzilla, The Host met en scène l'affrontement tragi-comique entre une famille dysfonctionnelle et un batracien géant né après la pollution d'une rivière par l'armée américaine. Énorme succès au moment de sa sortie, The Host a prouvé que le cinéma sud-coréen n'avait rien à envier aux blockbusters hollywoodiens tout en confirmant le talent de Bong Joon-ho. Au début des années 2000, des cinéastes comme Bong Joon-ho, Park Chan-wook (Old Boy, Mademoiselle) ou encore Kim Jee-woon (Le Bon, la Brute et le Cinglé, J'ai rencontré le Diable) ont contribué à relancer le cinéma sud-coréen avec des polars sans concession.

Memories of Murder (2004)

Memories of Murder est le second film réalisé par Bong Joon-ho. Après la comédie Barking Dog (2000), il change complètement de genre et investit un genre dont les sud-coréens sont les maîtres: le cinéma de genre. Dirigeant pour la première fois celui qui est devenu son acteur fétiche, Song Kang-ho, le cinéaste s'inspire de l’affaire de Hwaseong, considéré comme le plus grand mystère criminel de l’histoire de la Corée du Sud. Entre le 15 septembre 1986 et le 3 avril 1991, dix femmes âgées entre 12 et 60 ans sont mortes assassinées. Le coupable n'a jamais été retrouvé. De ce fait divers sordide, Bong tire un polar aussi effrayant qu'hilarant dont la conclusion créé un véritable malaise: "L’idée que le tueur voie le film était dans la tête de toute l’équipe, la mienne en premier. C’est une des nombreuses raisons pour laquelle, Song Kang-ho regarde la caméra dans la scène finale", a déclaré Bong dans le dossier de presse du film, qui ressort dans une superbe version restaurée 4K le 5 juillet prochain. L'été sera celui de Bong Joon-ho ou ne sera pas. 

Jérôme Lachasse