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Cinéma

Benoît Magimel, un acteur écorché vif

Benoît Magimel à Cannes en mai 2015.

Benoît Magimel à Cannes en mai 2015. - Anne-Christine Poujoulat - AFP

L'acteur, primé lors de la dernière cérémonie des César pour son rôle dans La Tête haute, a démarré le cinéma à l'âge de 13 ans. Une longue carrière, ponctuée de nombreux "coups de blues".

L'acteur Benoît Magimel, qui sera jugé le 12 avril pour avoir renversé une femme à Paris, est un enfant prodige du cinéma français, récompensé dernièrement par un César, mais dont le parcours a parfois été difficile.

"Je remercie Emmanuelle Bercot de m'avoir fait confiance à un moment où j'en avais probablement le plus besoin", déclarait-il, très ému, en recevant fin février le César du meilleur acteur dans un second rôle pour La Tête haute, dans lequel il incarne un éducateur.

Un artiste fragile 

Visage plus rond, carrure plus large, Benoît Magimel, 41 ans, qui sera jugé pour blessures involontaires, délit de fuite et usage de stupéfiants, après avoir été contrôlé positif à la cocaïne et l'héroïne, est aujourd'hui loin de l'enfant à la tignasse ébouriffée de La Vie est un long fleuve tranquille. Devenu star à 13 ans avec ce rôle de "Momo" Groseille, il a joué depuis dans une cinquantaine de films, mais toujours reconnu qu'avoir commencé si tôt avait été difficile.

"J'ai été enfant-acteur (...) Je sais qu'un jour, ça s'arrête et que ça peut être dur. Moi, personne ne m'avait prévenu ni n'a fait attention à ça", confiait-il à l'AFP en 2011. "On vit avec des adultes gentils, à l'écoute, on a toujours plein de parents de substitution sur un plateau et tout à coup, ça s'arrête et on perd tout ça". Il racontait alors le "coup de blues" qui s'était emparé de lui après le clap de fin de son tout premier tournage: "un clip de trois jours: j'ai pleuré deux jours durant".

"J'aurais pu mal tourner"

Né à Paris le 11 mai 1974, fils d'une infirmière et d'un employé de banque qui ont divorcé tôt, Benoît Magimel dit avoir connu "des moments difficiles" dans son enfance. "A 12 ans, je m'occupais de la maison, je surveillais ma soeur. J'en ai gardé comme une peur de manquer", racontait-il à Marie Claire en 2011. Il commence dans le cinéma grâce à une petite annonce, qui le propulse sur le tournage d'Etienne Chatilliez.

"Moi, ce que je voyais, c'était l'argent, les palaces, les défraiements... Ebloui par tout ça, j'aurais pu mal tourner", expliquait-il.

Après ce rôle, il décide d'arrêter l'école à 16 ans pour devenir comédien. Il met quelques années à émerger, jouant dans La Fille Seule de Benoît Jacquot et La Haine de Mathieu Kassovitz en 1995, puis incarne le petit voyou viril des Voleurs (1996) d'André Téchiné, aux côtés de Catherine Deneuve. Le séduisant jeune homme blond au regard bleu acier prête ensuite ses traits fins à Alfred de Musset dans Les enfants du siècle (1999) avec Juliette Binoche, qui deviendra sa compagne pendant quatre ans et la mère de sa fille Hannah.

Un acteur consciencieux 

Il incarne également un ouvrier révolté dans Selon Matthieu de Xavier Beauvois (1999). Vient ensuite la consécration: le prix d'interprétation masculine à Cannes en 2001 pour son rôle de musicien séduisant Isabelle Huppert dans La Pianiste de Michael Haneke.

Artisan consciencieux - "J'ai rarement vu quelqu'un approfondir ses rôles à ce point", disait de lui Claude Chabrol -, l'acteur a tout joué, les rois, les voyous, les séducteurs, au cours d'une carrière éclectique mais inégale.

Il va du cinéma d'auteur à la comédie populaire en passant par le film d'action. Cet autodidacte, qui dit avoir gardé "un vieux fond complexé", tourne aussi bien Les Rivières pourpres 2 d'Olivier Dahan que La Demoiselle d'honneur de Claude Chabrol ou La possibilité d'une île de Michel Houellebecq. Mais il refuse de jouer le rôle de Mesrine, qui vaudra un César à Vincent Cassel, jugeant qu'il n'a pas "la carrure". Et dit avoir "failli passer à côté de La Pianiste, à cause d'un seul plan".

Après avoir campé un malfrat taciturne dans Le Convoi de Frédéric Schoendoerffer, il vient de tourner dans La Fille de Brest d'Emmanuelle Bercot, sur le scandale du Mediator.

"Je ne suis pas fait d'une seule couleur. Au ciné, je suis roi ou mineur de fond. Dans la vie, je passe de l'enfermement à l'exubérance", a-t-il dit un jour de lui.

R.I avec AFP