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Cinéma

Bénabar: "Je continue de me considérer comme un chanteur qui joue la comédie" 

Didier Bourdon, Bénabar et Josiane Balasko

Didier Bourdon, Bénabar et Josiane Balasko - UGC

Le chanteur joue dans la comédie Beaux-Parents, qu’il a écrite et qui sort ce mercredi 19 juin au cinéma (et le 23 octobre en DVD et VOD). Il partage l’affiche avec Didier Bourdon et Josiane Balasko.

En 2009, Bénabar a décroché son premier rôle au cinéma dans Incognito. Dix ans plus tard, conscient de ne pas pouvoir tout jouer, et pour éviter de "desservir les films", le chanteur a préféré prendre son temps pour dénicher les bons rôles - quitte à les écrire lui-même. Avec Beaux-Parents, en salles ce mercredi, Bénabar confirme son goût pour la comédie et surtout le vaudeville, un genre dont il dit adorer les "mécaniques impitoyables":

“C’est vrai qu’avec Héctor [Cabello Reyes, le réalisateur, NDLR], on est parti avec l’idée de faire un vaudeville. On est très fan de ce genre. C’est très excitant quand on est un auteur de façonner des petites mécaniques impitoyables où le personnage, a priori, n’a pas d’issues de secours. C’est très drôle à écrire.”

Et c’est vrai que Beaux-Parents prend un malin plaisir à mettre en scène ce jeu de massacre. Le personnage de Bénabar, Harold, se retrouve ainsi accusé par sa femme d’adultère. Rapidement, il perd son travail et n’a plus comme allié que ses beaux-parents, incarnés par Didier Bourdon et Josiane Balasko. "Ça doit être le côté sado-maso que je dois avoir au fond de moi! Et on trouvait vraiment drôle que le mec soit réellement innocent!", s’amuse Bénabar, qui dit avoir voulu faire un film "tendre" pour que l’on s’attache aux personnages.

Raconter une histoire de rupture via les beaux-parents

L’idée de Beaux-Parents vient de Bénabar, Il voulait en faire à l’origine une chanson. C’est en discutant avec un ami scénariste qu’il comprend le potentiel cinématographique du sujet: "L’idée, c’était de raconter une histoire de rupture via les beaux-parents. Je n’avais qu’une ligne quand je l’ai proposé à Héctor. On l’a écrit à quatre mains."

Les deux hommes se connaissent bien. Ensemble, ils ont co-écrit Incognito d’Eric Lavaine, dont Héctor a été le scénariste attitré pendant une dizaine d’années. Ils se sont retrouvés plus récemment sur une pièce de théâtre, Je vous écoute, mise en scène par Isabelle Nanty au Théâtre Tristan Bernard à Paris. Pendant l’écriture de Beaux-Parents, le duo a beaucoup pensé à Feydeau, Labiche et … Francis Veber (Le Dîner de cons) - c’est-à-dire à ces pièces centrées sur "un personnage complètement écrasé par les événements et les malentendus".

Écrire cette "mécanique implacable" est une chose, la jouer en est cependant une autre. Le vaudeville possède un rythme très particulier, bien différent de la comédie plus traditionnelle d’Incognito. Bénabar en convient: "Héctor a en effet été attentif. Il a fait en sorte que ce soit très enlevé - le film est d’ailleurs court [une heures vingt, NDLR]. On a aussi été très aidé par le casting qui a tout de suite compris ce que l’on voulait faire: Josiane, Didier, Charlie [Bruneau, qui joue son épouse, NDLR], Bruno Salomone."

Dans Incognito, Bénabar jouait un chanteur, comme lui, et pourtant le rôle lui a semblé plus difficile que celui de Beaux-Parents: "Mon personnage d’Incognito était vraiment très loin de moi: c’était un autre style de musique. Dans Beaux-Parents, il n’est pas si éloigné de moi: il y a un côté de famille que je vis aussi personnellement."

"Le duo Balasko-Bourdon fonctionne à la perfection"

Comment voit-il l’évolution de son jeu en dix ans? "Je ne sais pas. Je ne me pose pas trop de questions. J’ai fait du théâtre entre-temps, donc j’ai progressé, j’ai plus d’expérience, mais je continue de me considérer comme un chanteur qui joue la comédie de temps en temps." Et il ne revoit jamais ses films: "Ce n’est pas très agréable comme exercice", précise-t-il. Est-ce plus agréable de s’écouter chanter que de se voir jouer? "Agréable, non, parce que ce n’est pas vraiment agréable non plus, mais j’ai un peu plus l’habitude. J’ai plus de recul même si les chansons, j’ai dû mal moi aussi", dit-il avant d’ajouter: "Avoir un point de vue objectif sur soi-même, c’est quasiment impossible."

Il ne tarit en revanche pas d’éloges sur Didier Bourdon et Josiane Balasko, duo inédit de cinéma: "Il fonctionne à la perfection. Il y a une forme d’évidence alors qu’ils n’avaient jamais joué ensemble." Il faut dire que Balasko et Bourdon appartiennent à cette catégorie d’acteurs capable de transcender chaque réplique, de la plus anodine à la plus dramatique. Par le plus grand hasard, Bénabar a débuté au cinéma en 2003 en composant la musique de Madame Edouard, un film où apparaissent, sans néanmoins se croiser, la star du Splendid et celle des Inconnus. Fonctionnant par fidélité, Bénabar les retrouve aujourd’hui - comme il a déjà collaboré à deux reprises avec Pierre Jolivet (le plus récemment dans Victor et Célia).

Sur le tournage d’Incognito, Bénabar a aussi noué de fortes amitiés avec le réalisateur Eric Lavaine, Franck Dubosc et surtout Jocelyn Quivrin. "Je garde d’Incognito un souvenir très sentimental, parce que malheureusement nous avons perdu notre Jocelyn Quivrin juste après [il est mort à l’âge de 30 ans le 15 novembre 2009 dans un accident de voiture, NDLR]. J’ai un souvenir très ému du film." Privilégiant les rencontres à la boulimie de cinéma, Bénabar n’a pas de projets cinématographiques "dans l’immédiat": "J’ai reçu un scénario, j’étudie la question, mais je suis assez tranquille avec ça, assez philosophe", explique-t-il en confiant qu’il reçoit finalement peu de scénarios. En attendant, il s’apprête à faire la tournée des festivals et a déjà commencé son neuvième album: "On est en plein dedans!"

Jérôme Lachasse