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Cinéma

Asia Argento sur Harvey Weinstein: cet épisode "a changé ma vie sexuelle"

Asia Argento dans "Envoyé spécial", le 26 octobre sur France 2

Asia Argento dans "Envoyé spécial", le 26 octobre sur France 2 - Capture d'écran - France 2

L'actrice italienne s'est confiée sur son viol présumé par Harvey Weinstein, le producteur hollywoodien au coeur d'un scandale sexuel sans précédent dans le milieu du cinéma.

Elle est l'une des premières à avoir parlé. Asia Argento figure sur la très longue liste de femmes qui accusent Harvey Weinstein, l'un des producteurs les plus influents d'Hollywood, d'inconduite sexuelle. L'actrice-réalisatrice italienne de 42 ans, qui assure que le producteur l’a violée à la fin des années 1990, a livré un témoignage poignant sur France 2 dans Envoyé spécial ce jeudi. Elle est revenue dans les détails sur cette soirée de 1997, durant le Festival de Cannes.

L'actrice était alors âgée de 21 ans. Elle venait de jouer dans B.Monkey, de Michael Radford, film distribué par la société de production Miramax dirigée par Harvey Weinstein. Elle raconte que le producteur l'aurait invitée à une soirée organisée dans un hôtel du Cap d’Antibes. Lorsqu'elle arrive, seuls Harvey Weinstein et son assistant, Fabrizio Lombardo, sont présents.

"Il était là, comme un ours"

Selon les dires de l'actrice, Harvey Weinstein lui propose alors du champagne, qu’il ne boit pas, et son assistant finit par s’éclipser. C'est alors que la soirée aurait commencé à basculer, comme elle le raconte:

"Il est allé dans la salle de bain et il est sorti en peignoir avec une lotion à la main. Maintenant on sait que c’était ça, son modus operandi, mais à l'époque je n'en savais rien. Pour moi c'était juste la scène la plus absurde que je n'aie jamais vue. Je ne savais pas s'il plaisantait, j'étais effrayée, mais il était là, comme un ours. Je lui ai dit 'Tu plaisantes? Je ne suis pas ce que tu crois.'"

Harvey Weinstein lui aurait alors demandé un massage : "Je n’ai pas réalisé que là j'allais être violée. Je n'avais jamais imaginé qu'un jour on me ferait cela", explique l'actrice.

"Très vite, il s’est mis à me peloter", poursuit-elle. "Il a remonté ma robe, m’a écarté les jambes et il a plongé sa langue entre mes cuisses. Je lui disais 'Non, non, je ne veux pas, s’il-vous-plaît, laissez-moi partir. (…) Je ne pouvais pas m'enfuir. Cet homme fait 100 kilos de plus que moi, peut-être plus (…) Je suis une fille, j'étais pratiquement nue, je me suis sentie si vulnérable à cet instant. J’ai compris qu’il n'y avait rien à faire. Je n'avais pas d’issue. (…) Alors j'ai simulé un orgasme, parce qu'il ne voulait pas s’arrêter."

Un traumatisme difficile à surmonter

Asia Argento affirme que cet épisode a "changé (sa) vie sexuelle pour toujours", et qu'elle n'a "plus jamais laissé un homme (lui) faire ça": "Ça m'effraie", confie-t-elle, insistant sur les conséquences psychologiques de ce viol présumé: "Ça occupait tout l’espace, ce que je pensais de moi, ma perception de moi-même, mon rapport aux autres, aux hommes, au travail, ma perception de tout." Elle évoque également le pouvoir d'influence d'Harvey Weinstein:

"Il était la quintessence du pouvoir. Le pouvoir physique. Il est gros, effrayant, horrible. Il a cette voix autoritaire. Et il était l'un des hommes les plus puissants au monde. (...) Si je l'avais dénoncé ma carrière aurait été fichue, ma dignité détruite".

"Tant que ces criminels ne seront pas punis (…) nous ne pourrons pas arrêter de nous battre", conclut-elle, dans son témoignage à retrouver en intégralité à partir de 33 minutes.

Paria dans son pays

Depuis l'explosion du scandale sexuel, au début du mois d'octobre, Harvey Weinstein est resté très discret. Celui qui est désormais en cure de désintoxication sexuelle ne s'est exprimé que très rarement, et toujours par voie de communiqué. Il a notamment réfuté toutes les accusations de relations sexuelles non consenties. Asia Argento, quant à elle, fait l'objet de nombreuses critiques dans son pays.

Comme le rapporte Franceinfo, l'éditorialiste italien Renato Farina s’est fendu d'un article dans Libero pour défendre l'idée selon laquelle "Céder aux avances du boss, c'est de la prostitution". Asia Argento est également la cible des critiques de plusieurs personnalités publiques italiennes, si bien qu'elle a annoncé sur Instagram s’être retirée à Berlin, pour y trouver "force et réconfort".

Benjamin Pierret