Annecy 2018: dans les coulisses des Indestructibles 2 avec Brad Bird
Existe-t-il un meilleur film de super-héros? Depuis sa sortie en 2004, Les Indestructibles a durablement marqué l’imaginaire collectif. Si son réalisateur, Brad Bird, a depuis mis en scène les très réussis Ratatouille, Mission: Impossible 4 et Tomorrowland, ses fans attendaient avec impatience une seule chose: qu’il tourne la suite des aventures de Monsieur Indestructible, d’Elastigirl, de Violette, de Flèche et de Jack-Jack.
C’est désormais chose faite. L’intrigue démarre quelques secondes après la fin du premier film, avec un combat opposant la famille Parr au Démolisseur. Une fois passée cette tonitruante séquence d’ouverture, Les Indestructibles 2 choisit d’explorer les conséquences des actions des super-héros sur la société et la pertinence de ce genre de personnage dans le monde actuel.
Si les super-héros sont considérés comme illégaux dans le monde des Indestructibles, il revient à Hélène Parr alias Elastigirl de redorer leur blason. Pendant ce temps, Bob, dit Monsieur Indestructible, s’occupe de leurs enfants et en particulier de leur fils Jack-Jack, qui commence à découvrir ses (multiples) pouvoirs… La famille Parr y est mise à rude épreuve. Présent au festival d’Annecy avec ses deux producteurs Nicole Paradis Grindle et John Walker, Brad Bird a accepté de commenter pour BFMTV cinq scènes de son nouveau film.
Elastigirl et sa moto
"Je voulais réaliser une scène d’action spécifique à Hélène et très différente de ce que peut faire Bob. Je souhaitais aussi un véhicule cool et très performant propre à Hélène. Cela signifie que le véhicule ne pouvait être utilisé que par une personne pouvant s’étirer à l’infini. Je me suis donc demandé: 'Et si on avait une moto élastique, qui pourrait changer ou lui permettre de se transformer?'. C’est devenu un véritable défi: les animateurs devaient trouver des solutions qui pouvaient fonctionner uniquement pour elle. Nous devions rendre cette scène crédible tout en sachant qu’il s’agit de quelque chose d’irréel puisque nous nous inspirons d’un personnage qui peut s’étendre à l’infini."
Jack-Jack
"Pourquoi a-t-il un cookie? Je ne comprends pas la question. Tout le monde aime les cookies! Les bébés les adorent. Il y en avait tout le temps chez moi quand j’étais enfant. Qui n’aime pas les cookies? Qu’auriez-vous mis à la place? Des marshmallows? Intéressant… Peut-être dans le suivant. On ne sait pas combien de pouvoirs possède Jack-Jack. Peut-être est-ce tous les pouvoirs qu’il a, peut-être en a-t-il plus. L’idée, c’est de dire que l’on ignore ce que les bébés vont devenir, mais que leur potentiel est énorme. Jack-Jack est la caricature de cette idée."
Screenslaver, le méchant des Indestructibles 2
"J’ai pensé aux écrans qui hypnotisent les gens. S’il y a un écran dans une pièce, le regard des gens se tournent aussitôt vers celui-ci. C’est vrai aujourd’hui, mais c’était vrai également pendant mon enfance. J’ai pensé à cette idée et j’ai trouvé ce nom, Screenslaver, qui est un jeu de mots sur 'screensaver', les économiseurs d’écran des ordinateurs. C’est un personnage qui peut vous contrôler et prendre possession de votre corps à travers un écran. Une fois que j’ai eu l’idée, j’ai tout de suite su ce que je pouvais faire de ce personnage. J’ai parlé du masque au [directeur artistique] Ralph Eggleston et à son équipe. On a regardé des masques à gaz de la Première Guerre mondiale, des insectes… Voilà ce que nous avons trouvé. C’est censé être dérangeant, mais aussi pas très bien fichu et fait à la va-vite, comme si c’était un méchant improvisé. Quand vous verrez le film, vous comprendrez pourquoi…"
La maison, une métaphore des dysfonctionnements de la famille
"On s’est inspiré de l’architecture et du design des années 50 et 60: Frank Lloyd Wright, Frank Gehry, Philip Johnson… On a eu l’idée de cette maison assez tardivement dans la production. On devait en utiliser une autre. Elle était très belle, avec un très beau design. On allait l’utiliser, puis Ralph Eggleston est rentré, très préoccupé, d’un séjour à Palm Springs, où se trouvent de superbes maisons du milieu du siècle. Il nous a dit: 'J’ai une idée pour la maison, mais ça va tout foutre en l’air, ça va être plus dur pour nous et ça va coûter plus cher'. Puis, en s’adressant directement à moi, il a dit: 'Tu ne pourras pas obtenir tous les plans que tu veux, mais je dois vous en parler parce qu’on a encore le temps de le faire si ça vous intéresse'. C’est à ce moment qu’il a expliqué que la maison devait être inconfortable, qu’elle devait avoir l’apparence d’une superbe maison accueillante, mais provoquer en réalité des catastrophes en chaîne: il y a des rochers, ce qui n’est pas bon pour le bébé, mais aussi le sol qui s’ouvre avec une piscine en dessous - ça, c’est mon idée, j’adore imaginer des scènes avec de l’eau. L’idée, en gros, c’est que la maison est spectaculaire, mais qu’elle n’est pas faite pour une famille. C’était la bonne idée pour le film, mais j’en ai souffert pendant un an. Pour trouver les bons axes de caméra, je me suis dit que je faisais un film à petit budget et qu’une personne très riche me laissait utiliser, pour une raison que j’ignore, sa maison pour le week-end. Je savais que je n’aurais pas d’autre chance comme celle-ci et que je devais faire en sorte que les scènes soient les meilleures possibles."
De nouveaux super-héros