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Sara Forestier contre Raphaël Enthoven : passe d’armes en quatre actes

Raphaël Enthoven et Sara Forestier

Raphaël Enthoven et Sara Forestier - Éric Piermont - AFP - France 2

Depuis quelques jours, l’actrice et le philosophe alimentent une différend né d’une chronique de ce dernier. Retour sur cette querelle par médias interposés, sur fond de débat sur les pressions que subit la gent féminine.

Semaine chargée pour Sara Forestier. L’actrice-réalisatrice, dont le long-métrage M sort mercredi prochain au cinéma, a dû assurer la promotion du film, aller à la rencontre des spectateurs… et se disputer avec Raphaël Enthoven sur les réseaux sociaux.

Depuis lundi, la comédienne de 31 ans et le philosophe de 42 ans rivalisent de surenchère et alimentent une querelle née de l’apparition de Sara Forestier dans Stupéfiant! sur France 2. En cause: la volonté de la comédienne de s’afficher sans maquillage, les réflexions philosophiques que ce geste a provoquées chez son interlocuteur, et le différend qui en a découlé. Retour en quatre actes sur une dispute 2.0.

Acte 1: Pas de maquillage pour Sara Forestier

Tout commence lorsque Sara Forestier décide d’apparaître au naturel dans Stupéfiant! ce lundi, face à Léa Salamé. Dans la foulée des révélations de l’affaire Weinstein, du sexisme ambiant qui règne dans le milieu du cinéma et des abus auxquels sont exposées de nombreuses femmes, l’actrice explique vouloir s’opposer à "cette injonction à être sexy, toujours", et rappeler qu’"une femme, ce n'est pas que ça." Une déclaration que le philosophe choisit de disséquer mercredi dans sa chronique sur Europe 1, prêtant à l’actrice un raisonnement "rousseauiste".

"L'erreur de Sara Forestier n'est pas de croire que sa vraie nature se trouve cachée sous la surface du maquillage. C'est peut-être le cas", a soutenu le philosophe à la radio. "L'erreur est de croire qu'elle n'est pas maquillée quand elle n'est pas maquillée (...) Parler sans maquillage à l'œil d'une caméra, c'est se maquiller en celle qui ne se maquille pas. Quand Sara Forestier tombe le masque, elle porte le masque de celle qui tombe le masque."

Acte 2: Une affaire de postures

Cette interprétation ne convainc pas l’actrice. Le jour même, elle réagit sur Twitter. Depuis son compte (non certifié mais vérifié par Pure Médias), la star du Nom des autres interpelle la station et éclaircit sa vision des choses :

"Je n’ai jamais parlé de superficialité dans le maquillage. Ni de véracité dans le no make up. Je parlais de la notion de choix. Et d’injonction."

Avant d’ajouter : "Puisque pour vous tout est posture la mienne a le mérite d’avoir été choisie."

Acte 3: Sara Forestier insiste

Interrogée par Causette, dans une vidéo publiée vendredi, Sara Forestier revient sur les propos du chroniqueur avec un agacement palpable :

"Je vous remercie Raphaël, mais j’ai un esprit un peu plus compliqué et complexe que binaire, et je pense que ce n’est pas très intéressant de diviser les choses comme: d’un côté les femmes qui se maquillent et les femmes qui ne se maquillent pas. Celles qui sont pour, ou contre. On est des êtres un peu plus complexes."

"Pour moi le féminisme (…) c’est surtout d’écouter ses désirs en tant que femme", ajoute la comédienne. "De faire les choses parce qu’on en a envie. Si une femme a envie de se maquiller, elle a le droit. Si une femme n’a pas envie de se maquiller, elle ne se maquille pas. Et elle n’a pas à être commentée de la sorte."

Enfin, elle a regretté que Raphaël Enthoven n’ait pas éveillé sa "plus grande intelligence pour essayer de réfléchir sur ces sujets-là."

Acte 4: le mot de la fin (pour l’instant)

Le dernier rebondissement est venu du chroniqueur philosophe, qui a répondu à cette vidéo dans un long message sur Facebook afin d’expliquer sa propre démarche.

"À aucun moment, je n’ai dit que vous aviez fait une erreur en vous montrant ainsi, se défend-il (…) Mon propos est tout différent (et ailleurs). Mon propos est de dire qu’un masque en cache toujours un autre."

Et d’assurer qu’il n’a pas cherché à contrarier la comédienne: "Mon travail consiste à penser l’actualité à partir de grands textes. Et inversement. En lecteur de Nietzsche, j’ai trouvé dans votre interview l’occasion de revenir et d’expliquer ce paradoxe. Rien de plus. Et surtout, nulle attaque! (...) À aucun moment, encore une fois, je ne vous dénie le droit de ne pas vous maquiller."

Avant de se défendre de toute "victimisation" ou de "mansplaining", il insiste par ailleurs sur le fait qu’il ne l’a pas "attaquée en homme" et qu’il n’a pas attaqué "la femme en (elle)" : "Je ne commentais pas votre démarche en tant que femme. Je discutais de l’illusion selon laquelle la vérité se trouve derrière les apparences - comme le vrai visage se trouverait derrière le maquillage." La suite au prochain tweet.

B.P.