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Sandrine Bonnaire, victime de violences conjugales: "J'aurais aimé savoir exactement ce qu'il m'a fait"

Sandrine Bonnaire sur BFMTV le jeudi 28 novembre

Sandrine Bonnaire sur BFMTV le jeudi 28 novembre - BFMTV

L'actrice revient sur la violence agression dont elle a été victime de la part d'un ancien compagnon il y a vingt ans. Elle raconte sa difficile reconstruction.

Sandrine Bonnaire, qui a révélé en début de semaine avoir été victime de violences conjugales de la part d'un ancien compagnon, est revenue sur BFMTV sur les faits qui se sont produits il y a vingt ans. D'emblée, la comédienne qui a déjà évoqué ce sujet dans le livre À l'amour, à la vie de Catherine Ceylac, sorti en octobre dernier, explique que cette démarche "n'est pas très simple" pour elle: 

"Je n'aime pas étaler ma vie personnelle. Mais, là, aujourd'hui, j'ai décidé de le faire pour être solidaire de toutes ces femmes violentées - et de ces quelques hommes aussi, parce que ça existe même si le pourcentage est moindre. Je veux faire passer comme message que la violence sur autrui est inacceptable et qu'elle peut toucher tout le monde", dit Sandrine Bonnaire, qui a témoigné également son admiration pour Adèle Haenel après son témoignage.

L'actrice fétiche de Maurice Pialat poursuit, racontant avec précision son agression par celui qu'elle appelle aujourd'hui son "bourreau": 

"Il y a vingt ans, je vivais avec mon compagnon, qui n'était pas violent. Un jour, lors d'une dispute - nous étions en fin d'histoire -, cette personne est devenue violente d'un coup. Il m'a bloqué contre un mur. Il m'a strangulé pendant un nombre de secondes qui a fait que j'ai perdu connaissance. Je me suis retrouvée deux mètres plus loin avec une triple fracture de la mâchoire, huit dents cassés, la langue déchirée et une ouverture de cinq centimètres sous le menton." 

"Je n'ai pas imaginé une seule seconde qu'il puisse m'avoir frappé"

Elle ignore ce qui s'est passé réellement: "Je ne sais pas, parce que la strangulation a fait que j'ai perdu connaissance. J'ai constaté les dégâts et je n'ai pas imaginé une seule seconde qu'il puisse m'avoir frappé." Elle se souvient des mots de son compagnon: "Il m'a dit que j'étais tombée." Et l'actrice d'ajouter: "Sauf que j'avais le souvenir de la strangulation. Donc déjà c'était condamnable." Mais elle n'a pas porté plainte tout de suite:

"Quand on aime quelqu'un, on se dit que c'est impossible. On n'a pas envie d'aller au commissariat tout de suite. Je le regrette. J'ai envie de dire à tous ces femmes et hommes battus d'aller porter plainte tout de suite. Pour le moindre geste, pour le moindre harcèlement moral, il faut se manifester."

"Il faut que la victime soit mise en sécurité immédiatement"

En plein tournage de C'est la vie avec Jacques Dutronc, elle décide de se faire opérer. "J'étais handicapée. Je n'arrivais plus à ouvrir la bouche. J'ai fait une longue rééducation", explique l'actrice. "Sur le tournage, j'avais des séances de rééducation quotidienne." Jacques Dutronc et sa compagne lui présentent pendant sa convalescence un chirurgien qui lui révèle qu'elle a en réalité été battue par son compagnon: "A partir de ce moment-là, j'ai porté plainte."

L'actrice découvre alors le traitement réservé aux victimes de violences conjugales. Elle dénonce la lâcheté de certains médecins. "J'ai vu des médecins qui me disaient que j'avais reçu des coups, mais qui ne l'écrivaient pas dans leur rapport." Sandrine Bonnaire, qui a désormais des séquelles physiques à vie, martèle que "la police doit vraiment entendre les victimes" et que "la justice doit être bien plus dure." "Il faut que la victime soit mise en sécurité immédiatement", ajoute-t-elle encore. 

Un procès a eu lieu trois ans après les faits. Son ancien compagnon a écopé de deux ans avec sursis. Le procureur ("absolument formidable" selon la comédienne) a fait appel. Son ancien compagnon aussi, mais il a retiré sa demande la veille du procès. Il a été considéré comme coupable, mais a refusé de revenir sur ses faits: "J'aurais aimé comprendre, savoir exactement ce qu'il m'a fait", déplore la comédienne.

Jérôme Lachasse