BFMTV
People

Quand Charlie Hebdo se moquait de Jacques Chirac

Jacques Chirac par Tignous

Jacques Chirac par Tignous - Tignous

Le journal satirique s'est moqué pendant plus de quarante ans de l'ancien président.

Plusieurs heures après l'annonce de la mort de Jacques Chirac, Catherine Meurisse, ancienne dessinatrice de Charlie Hebdo, a partagé sur sa page Instagram plusieurs dessins parus dans l'hebdomadaire satirique. Signées Honoré, Charb, Tignous, Cabu ou encore Wolinski, ces caricatures dénoncent avec un humour féroce la politique de l'ancien chef de l'Etat. 

"Le dernier grand chantier de Chirac: éviter la taule", écrit Charb en légende d'un portrait d'un Chirac déconfit. "Les Français sont-ils des cons?" se demande Cabu dans une autre illustration. "En tout cas, on s'entend bien!", répond un Chirac goguenard.

"Que va faire Chirac après?" s'interroge Tignous. "manger et voyager... comme avant!" lance l'ancien président, rabougri et vêtu d'une chemise hawaïenne. Tignous, qui avait un talent particulier pour croquer l'ancien président, a réuni dans un livre l'ensemble de ses caricatures de Chirac.

"Les dents de Chirac s'approchent de nos couilles!"

Les journalistes de Charlie Hebdo ne portaient pas dans leur cœur l'ancien président. Dans les années 1970, du temps de Reiser et du Professeur Choron, la joyeuse bande de Charlie Hebdo s'attaquait régulièrement au "jeune homme trop pressé" devenu en quelques années ministre de l'Agriculture puis ministre de l'Intérieur et Premier ministre.

"Gaffe! Les dents de Chirac s'approchent de nos couilles!", titrait l'hebdomadaire en janvier 1977 sous la plume de Cabu, qui a aussi signé en 1996 la BD Les Aventures épatantes de Jacques Chirac. Reiser avait osé un plus poétique: "Chirac, c'est une bite à lunettes: 'Faut pas me marcher sur les pieds'", titrait l'hebdomadaire. 

En 2016, la une de Charlie Hebdo où Bernadette Chirac pousse son mari, grabataire, dans un fauteuil roulant avait suscité quelques remous. Il faut dire que la légende indiquait: "Bernadette, bientôt un cœur à prendre."

Ce n'était pourtant pas la première fois que Charlie Hebdo ironisait sur l'état de santé de l'ancien président. Ils ont récidivé au moment de la mort de Johnny. "Vieilles canailles. A qui le tour?", écrivait en décembre 2017 Riss en dessinant un Chirac en déambulateur, sur le point de tomber dans un trou.

Charlie Hebdo
Charlie Hebdo © Charlie Hebdo

"Sa place est désor­mais aux côtés de Bour­vil"

Lors de l'affaire des caricatures de Mahomet, Jacques Chirac avait désapprouvé le journal satirique. "Je condamne toutes les provocations manifestes, susceptibles d'attiser dangereusement les passions", avait-il déclaré le 8 février 2006 en Conseil des ministres.

"Tout ce qui peut blesser les convictions d'autrui, en particulier les convictions religieuses, doit être évité. La liberté d'expression doit s'exercer dans un esprit de responsabilité"; avait-il encore ajouté.

Philippe Val, alors directeur de Charlie Hebdo, avait dénoncé la déclaration du président: "L'exercice de la liberté d'expression ne peut pas être considéré comme une provocation. Ce n'est pas parce que les gens ne la supportent pas qu'il faut y renoncer." 

Dans son édito, publié jeudi après l'annonce de la mort de Chirac, l'actuel directeur du journal, Riss ironise sur la place qu'occupe désormais l'ancien président dans l'histoire de France:

"Avec sa silhouette d’es­co­griffe, ses cheveux gomi­nés et sa clope au bec, Jacques Chirac aura joué telle­ment de rôles qu’on se demande si sa carrière ne fut pas en réalité celle d’un acteur [...] Au panthéon de nos chers disparus, sa place est désor­mais aux côtés de Bour­vil, Fernan­del et de Funès."

Jérôme Lachasse