BFMTV
People

Pascal Légitimus: "J'ai envie de choses beaucoup plus corrosives"

Pascal Légitimus revient avec un nouveau one-man-show, "Légitimus Incognitus".

Pascal Légitimus revient avec un nouveau one-man-show, "Légitimus Incognitus". - TS prod

ENTRETIEN - Après Alone Man Show, l'humoriste présente son nouveau spectacle: Légitimus Incognitus.

Pascal Légitimus est de retour sur scène. Il débarque à partir de ce mercredi 14 septembre, au Grand Point Virgule à Paris, avec son nouveau one man show: Légitimus Incognitus où il interprète, comme à la grande époque des Inconnus, une myriade de personnages loufoques. Confortablement installé sur un canapé de l’hôtel Le Pradey dans le 1er arrondissement, il a accepté de répondre à nos questions.

Vous jouez votre nouveau spectacle, Légitimus Incognitus, depuis mi-janvier. Êtes-vous content des retours des spectateurs jusqu’à présent?

J’ai joué 78 fois en province, en Suisse et en Belgique. Au début, c’était un peu tâtonnant, évidemment. Mais ça ne s’est pas trop mal passé. Pendant six mois, j’ai pu peaufiner les sketchs, les changer de place. On a beaucoup travaillé pour que le spectacle soit homogène et, surtout, qu’il me ressemble. J’ai même écrit de nouveaux sketchs parce que j’avais envie de choses beaucoup plus corrosives.

C’est-à-dire?

Quand j’ai écrit ce spectacle, j’avais des thèmes sur la famille, le couple, les enfants. J’ai eu envie de m’engager sur des thèmes plus actuels. J’ai écrit un sketch sur la Syrie puis un autre, plus absurde - c’est le hit du spectacle - où je parle des pigeons. Je dis qu’ils m’emmerdent et j’explique. C’est une phrase, un rire. C’est le sketch dont les gens se souviennent le plus, bizarrement. Ce n’est pas le plus corrosif, mais la métaphore et la manière dont j’en parle sont corrosives parce que c’est un peu raciste en même temps: les pigeons se reproduisent, ils bouffent notre pain, ils sont sales. On peut comparer cela à des migrants. Comme mon crédo est que l’on ne fait pas rire avec du bonheur, je prends des thèmes sérieux pour que les gens puissent en rire.

"Je retrouve l'ADN des Inconnus"

Comment faites-vous pour faire comprendre au public que vous ne vous moquez pas des migrants?

Ce n’est pas Pascal Légitimus qui parle en son nom. J’interprète des personnages. Un peu comme Coluche qui avait un personnage de beauf moyen un peu gouailleur. Il pouvait tout se permettre: parler des arabes, des noirs. En fait, je retrouve l’ADN des Inconnus, à travers mon point de vue. Je ne change rien à ce que les gens connaissent de moi.

Vous improvisez quand même pendant le spectacle?

Je tiens mon texte, bien sûr, mais dans le spectacle il y a cinq questions que je pose aux spectateurs. C’est un peu l’armature du spectacle. En fonction des réponses, j’improvise.

Dans votre spectacle, vous jouez divers rôles : un maître zen, un bourgeois, un spermatozoïde. C’est par pudeur que vous multipliez les masques?

Cela ne m’intéresse pas de me jouer. Quand on me demande d’incarner dans un téléfilm ou dans un film ce que je suis naturellement, je refuse souvent. Me transformer est beaucoup plus ludique, comme un garçon qui joue avec ses poupées et ses petits soldats. Ce spectacle me permet de montrer le Pascal Légitimus seul.

"Je ne suis ni Gad Elmaleh, ni Florence Foresti"

Comment abordez-vous le seul sur scène, vous qui avez longtemps conçu votre humour dans le cadre d’un trio?

Légitimus Incognitus, c’est un one-man-show. Contrairement à mon précédent, où je racontais des choses plus personnelles, avec un décor et des costumes, dans mon nouveau, je n’ai rien. C’est ça qui est génial: transfigurer tous mes personnages avec un geste, une intonation, une attitude. Mais j’ai aussi besoin d’un regard extérieur. C’est Rémy Caccia, qui était le metteur en scène d’Anthony Kavanagh et est celui de Christelle Chollet. Il me permet de me réajuster, comme un mécanicien qui resserre un petit boulon. Du coup, je peux m’appliquer plus dans le jeu. On a d’ailleurs trouvé la chute du spectacle avant-hier. L’année prochaine, pour allonger le spectacle, je vais déjà rajouter une chanson, une parodie des Fréro Delavega, et un sketch qui raconte, en 4 minutes, la vie d’un homme de la naissance à la mort avec uniquement des bruits et des onomatopées. Jusqu’en 2018, ce sera un spectacle vivant.

Vous allez tourner jusqu’en 2018?

Je voudrais qu’un maximum de gens voit ce spectacle. En plus, je suis nouveau dans le "one man". Il faut que les gens s’habituent. Je ne suis ni Gad Elmaleh, ni Florence Foresti. Ce qui est amusant pour moi, c’est que je démarre comme un débutant. J’ai fait des petites salles de 250 places et des cafés-théâtres. Pour l’instant, je n’ai pas envie de faire des Zénith.

Vous fondez votre humour sur l’observation. Comment écrivez-vous vos sketchs? Vous vous installez à une terrasse de café?

Je n’en ai pas besoin. Depuis que je suis né, je suis capable de reproduire tout ce que je vois. La voix, l’intonation, l’attitude… J’adorerais d’ailleurs faire un spectacle visuel et sans parole. Un peu comme les Deschiens ou Mathilda May dans Open Space. Pour l’instant, je suis en train de réfléchir à mon prochain spectacle. J’écris une pièce de théâtre ce coup-ci. Et après je vais attaquer le cinéma, où je suis encore un peu vierge.

"Le futur avec les Inconnus ? On ne sait pas, on verra..."

Vous avez pourtant déjà réalisé un film…

Oui, Antilles sur Seine. Je l’ai écrit comme une bande dessinée. Je voulais qu’il soit intemporel. C’est un film qui me fait rire. Son défaut, c’est qu’il y a trop de choses: trop de méchants, trop de gentils. Mais j’ai fait exprès. J’ai donné des rôles à tous mes potes. Et je vais faire un autre film dans trois ans, un road movie. Je pense que je vais réaliser de plus en plus.

Depuis Antilles sur Seine, vous avez aussi co-réalisé Les Trois Frères, le retour

Et un téléfilm de Crimes en série, le dixième épisode.

Vous êtes satisfait du résultat? Qu’est-ce que vous aimeriez tester dans vos prochaines réalisations?

Avoir plus de temps pour travailler.

Vous n’aviez pas eu assez de temps pour réaliser Les Trois Frères, le retour?

On a fait le film que l’on voulait faire. C’est-à-dire la suite et basta. On savait que ce ne serait pas le meilleur film du monde. Dans le sens où il ne serait pas supérieur au premier. Ce n’était pas la même énergie, on était plus âgé… En tout cas, c’est un film qu’on aime beaucoup parce qu’il critique quand même pas mal de choses. Il est assez contemporain. Je dirais peut-être qu’il manque une petite dramaturgie supplémentaire. Il n’y a peut-être pas assez de dangers par rapport au premier. Mais c’est un film qu’on aime beaucoup. Sinon, on ne l’aurait pas fait. La réalisation s’est faite à trois: Didier est plus leader, Bernard sur le texte et moi, en troisième, je donne des conseils. On se connaît tellement bien. C’est une énergie à géométrie variable. [Il réfléchit quelques secondes] Et pour le futur, tous les trois, on ne sait pas. On verra.

grand point virgule, 8 bis, rue de l'arrivée, 75015, paris.

Réservation: 01.42.78.67.03. Fnac, Carrefour, Géant, Magasins U, Auchan, E. Leclerc et points de vente habituels.

Tarifs: Catégorie 1: 39,50€, Catégorie 2: 29,50€, Catégorie 3: 18€.

Jérôme Lachasse