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Olivier de Benoist: "Il n'y a plus rien d'héroïque à taper sur les politiques"

Olivier de Benoist était actuellement à l'affiche de son one-man-show "0-40" au Café de la Gare à Paris

Olivier de Benoist était actuellement à l'affiche de son one-man-show "0-40" au Café de la Gare à Paris - Pascal Ito

Olivier de Benoist, que le grand public a découvert grâce à Laurent Ruquier dans On n'demande qu'à en rire, est de retour avec un nouveau spectacle baptisé 0-40. L'humoriste, à la quarantaine heureuse, qui a fait des femmes (et de sa belle-mère) ses meilleures ennemies a cette fois décidé de parler de lui. Entretien.

Son précédent one-man-show Fournisseur d'excès a séduit plus de 220.000 spectateurs en deux ans. Depuis que le public a découvert son humour grinçant, son air faussement débonnaire et ses vannes imparables dans On n'demande qu'à en rire sur France 2 en 2010, tout s'est enchaîné à toute vitesse pour Olivier de Benoist.

Pour son retour sur scène au Café de la Gare à Paris avec 0-40, le nouveau quadra, qui squatte désormais régulièrement le canapé rouge de Michel Drucker dans Vivement dimanche prochain, a décidé de laisser un peu de répit à la gent féminine, dont il avait fait sa cible privilégiée. Ou presque. Le temps d'un entretien pour BFMTV.com, celui qui assure que rien ne le fait moins rire que les vrais machos et les misogynes s'est confié. Avec humour, mais pas seulement. L'occasion de parler politique, YouTubeurs, Kev Adams. Et des femmes, forcément.

Vous aviez promis de ne plus plaisanter sur les femmes dans votre nouveau spectacle. Mais finalement, vous n'avez pas pu vous en empêcher?

C’est ma maladie qui est plus dure à soigner que prévu… Mais je l’aurai un jour, je l’aurai! (rires) Disons en tout cas que j’en parle moins, je suis passé de 100% à 50%. Mais en même temps, les gens viennent aussi pour ça, j’ai capitalisé mon humour sur ce sujet.

Est-ce le fait d'avoir grandi entouré de six frères qui vous a donné envie de faire des femmes votre cible privilégiée?

Dans Très très haut débit (son one-man-show en 2010, NDLR), c’était le fil rouge de mon spectacle. J’avais décidé de me faire le défenseur de la cause des hommes contre la dictature des femmes! J’étais à rebours, c’est ça qui était drôle. Après ça s’est fait progressivement. Chez Ruquier, j’ai commencé à reprendre ce thème-là aussi. Mais il y a une sincérité finalement, car plus jeune, dans ma famille, on avait plus peur des femmes que des loups! (rires) Mais il est certain que si j’avais grandi au milieu de six sœurs, je n’aurais sans doute pas écrit la même chose.

"Je suis un enfant de la télé, pas d'Internet"

La différence avec les one-man-show des autres humorsites, c'est que vous jouez finalement un personnage qui ne vous ressemble pas vraiment...

Oui, je joue un personnage un peu con, macho et misogyne. Mais dans la vie, iI n’y a rien qui me fait moins rire que les vrais machos.

Pour ce nouveau spectacle, n'aviez-vous pas justement envie de mettre ce personnage un peu de côté?

Non, car grâce à lui, j’ai finalement percé à 36 ans après dix ans à jouer dans des salles vides. C'est en 2011 puis 2013 que les gens ont commencé à venir en masse voir mes spectacles. J’ai continué, car c'est ce qu'ils attendent de moi. En revanche, c'est vrai qu'à 40 ans, je n’avais jamais parlé de moi dans les spectacles, donc je me suis mis à me raconter, à parler du bac, de mon enfance… 

Pour un humoriste, la télévision est-elle un passage obligé pour percer?

Avec la télé, les choses vont à toute vitesse! A l'époque, chez Ruquier, on faisait des pointes à 2 millions de téléspectateurs. Mais j'ai l'impression qu'aujourd’hui, c'est plus difficile d’exister. A mon avis, dans dix ou quinze ans, seuls les humoristes sur YouTube seront connus. Regardez Norman qui remplit déjà des Zéniths. Certains sont très drôles, il y a pleins de talents, mais moi, ça ne me parle pas, je n’arrive pas à être à la page. Je suis un enfant de la télé, pas d’Internet.

Vous n'avez pas essayé?

Ca ne m’amuse pas. Je trouve qu'il y a une mise en avant de soi permanente, et plus de sphère privée. Moi, je ne veux rien montrer de mes enfants, de ma copine. Et puis, le risque aussi de mettre ses vannes sur le net, c'est qu'elles appartiennent alors à tout le monde. Du coup, les gens n’ont pas forcément envie de les réentendre sur scène.

"Emmanuel Macron, il n'y a rien de drôle chez lui"

Rire sur l'actualite ou les politiques, ça ne vous tente pas plus que ça? 

Je suis un 'addict' de l’actu et de la politique, mais il y a peu d’actualité qui me fait rire en ce moment… Et les blagues sur les hommes politiques font moins rires, ils sont devenus des cibles trop faciles. Après la 1.500ème vanne sur François Hollande et le "président normal", on a compris... Pareil pour les primaires, sur quoi voulez-vous faire rire? Sarkozy, ça fait dix ans qu’on lui taille un costard, Juppé, pareil depuis 1995, Le Maire, personne le connaît... Et puis, les communiquants canalisent leur poulain, plus personne ne dit de conneries. Même chez les nouveaux, prenez Emmanuel Macron, il n’y a rien de drôle chez lui. Sa voix n’est pas drôle et ses idées ne sont pas cons. Il n’y a plus rien d’héroïque à taper sur les politiques.

Politiquement, votre sensibilité est-elle à gauche ou droite ?

Politiquement, je ne me situe nulle part. Pour moi, aujourd’hui, la démarcation gauche-droite n’a plus aucun sens. Mais mon métier est de faire rire les gens, pas de leur faire la morale. Je n’aime pas les humoristes donneurs de leçons.

"Je suis fasciné par le succès de Kev Adams"

Michel Drucker, que vous côtoyez sur France 2, s'est lancé aussi dans le one-man-show. Avez-vous été le voir?

J’ai vu des extraits! Au début, les gens disaient "Drucker fait un caprice", mais maintenant plus personne ne dit ça. Il se raconte, le public aime ses anecdotes, sa façon de les partager. Il a tous les codes Michel Drucker, il a le sens de la scène. Je suis ravi pour lui!

Quel regard portez-vous sur la carrière de Kev Adams, qui a également fait l'émission On n'demande qu'à en rire et qui est aujourd'hui la star la plus bankable du cinéma français?

Je suis fasciné par son succès. Il n’a pas commis une erreur en six ans. Et il prend des risques. Des gens qui font trois films par an, un one-man-show et un spectacle en duo avec Gad Elmaleh, je n’en connais pas beaucoup! Mais en ce qui me concerne, le cinéma n’est pas une fin en soi, j’en ai déjà fait, j’ai quelques petites choses qui se profilent. Mais je suis très heureux sur scène, c’est là où je suis le plus heureux. Je me fais mon film d’une heure trente tous les soirs! Et finalement, tous les humoristes qui cartonnent au cinéma reviennent toujours à la scène, comme Dany Boon, Florence Foresti ou Gad Elmaleh.

olivier de benoist est à l'affiche de son nouveau spectacle 0/40 au café de la gare à paris jusqu'à fin décembre, puis sera en tournée dans toute la france en 2017.

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