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Les YouTubeurs à suivre: Nota Bene, la chaîne qui vulgarise l'histoire avec légèreté

La BD du YouTubeur Nota Bene

La BD du YouTubeur Nota Bene - Soleil

Benjamin Brillaud alias Nota Bene séduit un large public avec ses vidéos qui évoquent aussi bien le mensonge au Moyen-Âge, que la mythologie nordique ou encore Game of Thrones.

Il aime l’histoire, mais aussi transmettre et éclairer le présent avec le passé. Depuis 2014, le YouTubeur Benjamin Brillaud, alias Nota Bene, a réuni plus de 850.000 fidèles avec ses vidéos où il évoque à la fois le mensonge au Moyen-Âge, la mythologie nordique ou la manière dont la pop culture, du Tombeau des lucioles à Game of Thrones en passant par Star Wars et Le Dernier Samouraï avec Tom Cruise, représente l’Histoire. Portrait du vidéaste que le quotidien suisse Le Temps a surnommé "le rock star de l’Histoire".

Benjamin Brillaud
Benjamin Brillaud © Capture d'écran YouTube / Note Bene

C’est qui?

Né en 1988, Benjamin Brillaud "gravite" dans l’audiovisuel depuis une dizaine d’années. Lorsqu’il perd en 2014 son emploi dans une société de production spécialisée dans les films d’entreprise et les documentaires, il décide de se laisser un an pour se consacrer à ce qu’il aime:

"C’est à ce moment-là que j’ai découvert YouTube, que je ne connaissais pas du tout. Pour moi, c’était uniquement une plateforme pour écouter de la musique", raconte-t-il. "J’ai un copain qui m’a montré qu’il existait des émissions de vulgarisation autour de différentes thématiques comme le cinéma ou la physique."

Passionné d’histoire, il décide de profiter de l’absence de chaînes de vulgarisation historique pour créer la sienne, dont le nom lui a été soufflé par un ami journaliste: "Il correspond à la petite précision que l’on veut apporter sur l’histoire", dit-il. Hasard du calendrier, il se lance en août-septembre 2014, au moment où les chaînes de vulgarisation, comme celles d’Axolot et du Fossoyeur de films, déboulent: "J’ai eu la chance d’avoir un bon timing", sourit-il aujourd’hui.

C’est quoi?

Au départ, ses vidéos ressemblent plus à "une émission de divertissement historique qu’à une émission d’histoire divertissante": "les premiers épisodes ne vont pas forcément bien au fond des choses", concède-t-il aujourd’hui. Le succès arrive rapidement et Benjamin Brillaud comprend qu’en travaillant "un petit peu", il peut "en faire [son] activité à temps plein."

Tout en conservant "un esprit un peu léger dans la forme", il s’attaque à des sujets de plus en plus complexes. Il parle d’histoire sociale, économique et politique, réalise des reportages sur des lieux de patrimoine et décortique la pop culture. Son ton et ses followers attirent les institutions. Un an après la création de la chaîne, il s’allie à des musées comme Le Louvre, puis collabore avec des départements comme l’Aisne et la Somme à une série de documentaires sur la Grande Guerre. "Mon métier c’est l’histoire, mais je ne suis pas historien", précise-t-il.

"En étudiant l’histoire, on comprend notre société"

Curieux de tout, il n’a pas de thèmes de prédilection: "peu importe la réponse que je fournirais, elle serait fausse dans deux semaines". Habitant à Tours, il ne se rend pas à la BNF pour préparer ses chroniques et privilégie les ressources accessibles en ligne et des plateformes spécialisées comme Cairn, Persée, Openedition ou encore Gallica, très prisées par les étudiants en histoire. Il discute aussi avec des auteurs et des professeurs sur des sites comme Academia. Du fait de sa notoriété grandissante, sa bibliothèque s’agrandit: "parfois, je me pose devant la bibliothèque et je trouve un livre intéressant qui peut générer une idée d’épisode."

Il n’hésite pas à employer des spécialistes pour écrire avec lui ses vidéos. Pour une future vidéo sur Le Tombeau des lucioles, le chef d’œuvre d’Isao Takahata, Benjamin Brillaud a travaillé avec une historienne spécialisée des bombardements au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Depuis le 21 mars, il publie des vidéos sur Game of Thrones. Il travaille à cette occasion avec un professeur d’histoire d’un lycée de sa région qui a écrit un livre sur les liens entre la série à succès de HBO et l’histoire. Pour Benjamin Brillaud, la vulgarisation historique est un sacerdoce:

"En étudiant l’histoire, on comprend les mécanismes qui agitent notre société et la société dans laquelle on vit. C’est très important. Le fait de prendre de recul, de la distance critique par rapport à ce qu’on lit et ce qu’on voit, est vital dans l’époque que l’on traverse."
La BD de Nota Bene
La BD de Nota Bene © Soleil

Ce qu’il faut voir (et lire)

Après un livre consacré aux pires batailles de l’histoire, Benjamin Brillaud sort la BD Nota Bene tome 1: Petites histoires, grands destins! (Éditions Soleil). "La BD est une adaptation de ce qui a pu se faire sur la chaîne, mais sous une forme différente", précise le vidéaste, qui s’est notamment inspiré Patrick Baud, alias Axolot, devenu auteur de BD à succès chez Delcourt.

"La BD apporte une plus-value énorme pour comprendre et s’approprier l’histoire: on ajoute de l’humour par le biais de la mise en scène, par le dessin", commente Benjamin Brillaud, qui s’est associé à un scénariste pour respecter les codes de la BD: "Elle est légère sur la forme, proche de la BD franco-belge - ceux qui aiment Astérix vont s’y retrouver -, il y a des petits gags".

"Casser des idées reçues et désamorcer les clichés"

Divisée en chapitres, elle raconte l’histoire de douze figures historiques: Catherine de Médicis, Magellan, Bertrand du Guesclin, etc. "Le but, derrière une histoire qui peut paraître anodine, c’est de pouvoir casser des idées reçues et désamorcer les clichés", assure-t-il.

Il s’est attaqué notamment à la figure de Nicolas Flamel, associé au mythe de la pierre philosophale: "Des rumeurs autour de sa prétendue richesse ont fait de lui le fer de lance de l’alchimie. Des écrivains ont imaginé qu’il transformait le plomb en or. Les siècles passant, c’est devenu une véritable légende."

Benjamin Brillaud apparaît lui-même dans sa BD, en Monsieur Loyal, distillant informations, précisions et avertissements. L’histoire n’est pas prête de s’arrêter: un deuxième album est prévu pour la fin de l’année.

Jérôme Lachasse