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Le rappeur Rohff au tribunal pour des violences dans une boutique de son rival Booba

Rohff (à gauche) et Booba (à droite), les frères ennemis du rap.

Rohff (à gauche) et Booba (à droite), les frères ennemis du rap. - Capture d'écran - Loïc Venance - AFP - Montage BFMTV.com

Le rappeur Rohff comparaîtra vendredi pour une affaire remontant à 2014. Il avait alors roué de coups le vendeur d'une boutique Ünkut, la marque de son rival Booba.

Le rappeur Rohff comparaît vendredi devant le tribunal correctionnel de Paris pour des "violences aggravées" commises en avril 2014 dans la boutique parisienne de son rival Booba, apogée dramatique des "clashes" répétés entre ces deux figures du rap français.

L'artiste de 39 ans, de son vrai nom Housni Mkouboi, sera présent à l'audience, a indiqué son avocate, Me Malika Ibazatene, sans faire davantage de commentaires.

Le 21 avril 2014, en fin d'après-midi, les employés du magasin Ünkut, boutique "officielle" de la marque de vêtements fondée par le rappeur Booba située dans le quartier parisien des Halles, avaient vu débarquer Rohff accompagné de plusieurs hommes.

Roué de coups à l'estomac

Sous l'oeil de caméras de vidéosurveillance, Rohff avait fait signe à un jeune vendeur de le suivre au fond de la boutique puis l'avait roué de coups à l'estomac, au dos, au visage, rejoint dans ce déchaînement de violence par plusieurs acolytes. Ils l'avaient abandonné inconscient au sol, dans un état critique.

Un autre employé, qui voulait porter secours à la victime, avait pour sa part été assommé à l'aide d'une caisse enregistreuse. Au passage, les agresseurs avaient saccagé la boutique. La scène n'avait duré que quelques minutes.

Rohff s'était rendu à la police quelques heures plus tard, en pleine nuit, accompagné de son avocat.

En garde à vue, l'interprète de "Qui est l'exemple?" et "Hors de contrôle" avait expliqué qu'il s'agissait là d'un énième épisode de sa rivalité avec son ennemi juré, Booba - conflit qui remontait, selon lui, à 2008, quand son album avait mieux fonctionné que celui de Booba.

Expédition punitive

Cette rivalité? Un "clash" caractéristique du "rap game", dans le jargon. Une compétition entre rappeurs à base de provocations par clips ou réseaux sociaux interposés, d'albums ou de moqueries pour faire le "buzz", dopée par leurs publics respectifs.

Les "clashes" se limitent généralement aux mots. Pourquoi celui-ci a-t-il dégénéré ce 21 avril?

Rohff avait diffusé quelques jours plus tôt sur Facebook une parodie d'un clip de Booba, avait-il relaté aux policiers, et ce dernier, vexé, lui avait proposé de "s'expliquer" à Paris.

Dans ce climat tendu, des fans rencontrés par hasard à proximité de la boutique de Booba avaient conseillé à Rohff d'en découdre, selon le rappeur. Il était donc entré pour régler les choses "d'homme à homme" avec Booba ou ses proches, mais s'était emporté, selon lui, lorsque le jeune vendeur l'avait traité avec mépris, et les fans s'étaient joints à la bagarre.

L'accusation considère pour sa part qu'il s'agit d'une expédition punitive préméditée.

Tentative d'intimidation

Rohff, déjà confronté à la justice à plusieurs reprises dans les années 2000, avait été mis en examen pour violences aggravées et dégradations, puis écroué. Le footballeur camerounais Samuel Eto'o avait payé sa caution, lui permettant de sortir de prison au bout de deux mois.

Il est désormais sous contrôle judiciaire.

L'un de ses gardes du corps avait ensuite été mis en examen, soupçonné d'avoir participé aux violences. Cet homme, qui sera également jugé vendredi, nie formellement toute implication, selon Me Karim Morand-Lahouazi, qui le défend avec Me Yacine Yakouti.

Le plus âgé des deux vendeurs a raconté une tentative d'intimidation survenue quelques mois plus tard: des hommes lui avaient demandé d'affirmer que Rohff avait été provoqué par le jeune employé, en échange d'argent et d'une rencontre avec le rappeur.

Cette agression reste le débordement le plus sérieux observé dans le milieu du rap français.

Interrogé par l'AFP en 2015, Booba expliquait: "Le rap, ça reste un truc de banlieue et, comme dans la rue, ça peut déraper à tout moment".

M.R. avec AFP