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Le co-créateur des Vieux Fourneaux refuse la médaille des Arts et Lettres et fustige le gouvernement

Wilfrid Lupano

Wilfrid Lupano - Joel Saget - AFP

Wilfrid Lupano, le co-créateur des Vieux Fourneaux, refuse de recevoir la médaille d'un gouvernement dont il souhaite "la chute et la disgrâce".

Le scénariste de BD Wilfrid Lupano, connu pour la série à succès Les Vieux Fourneaux, a expliqué dans une lettre ouverte sur Facebook qu'il refuse la médaille des arts et lettres que veut lui décerner le ministre de la Culture Franck Riester. Ce refus intervient plusieurs semaines après celui de Blanche Gardin le mois dernier.

"Je vous remercie de cette délicate attention, mais j’ai bien peur de devoir refuser cet 'honneur'. Déjà, spontanément, je n’ai jamais été très excité par les médailles", a indiqué Wilfrid Lupano. "Il y a cependant des distinctions plus réjouissantes que d’autres, et celle-ci a l’inconvénient, monsieur le ministre, d’être remise par un représentant politique. Or, comment accepter la moindre distinction de la part d’un gouvernement qui, en tout point, me fait honte? Car oui, il s’agit bien de honte."

Celui qui défend l'anarchisme et les ZAD dans Les Vieux Fourneaux explique dans ce long texte son malaise: "J’ai honte de ce que votre gouvernement fait des services publics, au nom du refus dogmatique de faire payer aux grandes entreprises et aux plus grosses fortunes les impôts dont elles devraient s’acquitter."

"J’ai honte de voir, partout en France, éclater des yeux"

Il énumère ensuite les différences crises et polémiques qui ont éclaté ces précédents mois: l'annonce de l'"attaque" de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière par Christophe Castaner, la suppression de l'ISF, le refus d'accueillir l'Aquarius, "l’incapacité de ce gouvernement à prendre en compte l’urgence écologique". Il fait également part de son dégoût face aux violences policières:

"J’ai honte de voir, depuis des mois, partout en France, éclater des yeux, exploser des mains ou des visages sous les coups de la police, de Notre Dame des Landes aux Champs-Elysées, à Toulouse, Biarritz, Nantes. Le monde entier s’alarme de la dérive sécuritaire de votre gouvernement, de l’utilisation abusive d’armes de guerre dans le maintien de l’ordre, mais vous, vous trouvez que tout va bien."

Main arrachée

Rendant hommage à Maxime Peugeot, dont la main a été arrachée par une grenade à Notre Dame des Landes, et à Lola Villabriga, qui a été défigurée à Biarritz par un tir de LBD, Wilfrid Lupano invite Franck Riester à suivre "le travail de David Dufresne [sur les violences policières, NDLR] si le sujet vous intéresse". Le scénariste termine enfin sa lettre avec un ultime pied de nez:

"Je sais déjà que si un jour j’atteins l’âge avancé où on prend son pied à exhiber ses breloques, j’aurais bien peu de plaisir à me rappeler que celle-ci me fut remise par le représentant d’un gouvernement dont j’aurais si ardemment souhaité la chute et la disgrâce."

Jérôme Lachasse