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Kit de survie pour tout savoir du phénomène littéraire Joël Dicker

Joël Dicker, auteur de "La Vérité sur l'affaire Harry Quebert", publie un nouveau roman intitulé "Le Livre des Baltimore"

Joël Dicker, auteur de "La Vérité sur l'affaire Harry Quebert", publie un nouveau roman intitulé "Le Livre des Baltimore" - Jeremy Spierer

Son dernier roman La vérité sur l'affaire Harry Quebert publié en 2012 l'a propulsé au rang de star. Alors que Joël Dicker revient dans les rayons avec Le livre des Baltimore, voici tout ce qu'il faut savoir sur le jeune prodige suisse de la littérature.

On appelle ça un phénomène. En 2012, Joël Dicker publie le second roman de sa jeune carrière. Intitulé La vérité sur l'affaire Harry Quebert, le livre se vendra à plus de trois millions d'exemplaires, sera traduit en plus de quarante langues, publié dans une soixante de pays et permettra à l'auteur, alors âgé de 27 ans, de remporter notamment le Grand Prix de l'Académie française et le Goncourt des lycéens. Si les critiques sont divisées à son sujet, le succès public, est lui, sans appel.

Joël Dicker fait désormais partie des espoirs de la littérature. Trois ans après être sorti définitivement de l'ombre, l'écrivain suisse revient dans la lumière (et dans les librairies) avec son nouveau roman Le livre des Baltimore, publié ce 29 septembre aux éditions de Fallois. L'occasion de se pencher sur ce jeune surdoué de l'écriture, au physique de gendre idéal, qui malgré le succès garde les pieds sur terre.

D'où vient-il?

C'est à Genève que Joël Dicker voit le jour, le 16 juin 1985. Passionné d'écriture depuis son plus jeune âge, il fonde, à l'âge de 10 ans seulement une revue sur la nature intitulée La Gazette des Animaux qu'il dirigera pendant sept ans. Il recevra d'ailleurs le Prix Cunéo pour la protection de la nature et sera désigné "plus jeune rédacteur en chef de Suisse" par le quotidien La Tribune de Genève. A peine sorti de son université de Droit de laquelle il sera diplômé en 2010, le jeune homme, que les études n'enthousiasme pas beaucoup, se consacre à sa passion en publiant une première nouvelle de trente-trois pages, Le Tigre, qui sera primée lors du Prix international des jeunes auteurs. Les démons de l'écriture ne vont dès lors plus le lâcher. 

De quoi parlent ses romans?

L'angoisse de la page blanche, Joël Dicker ne connaît pas. Le jeune trentenaire écrit tout le temps, partout (avion, train, hôtel...) et a une façon très singulière de s'atteler à l'écriture d'un roman: "Je commence toujours sans plan, je ne connais que le début. Je n’écris pas très vite, mais beaucoup, explique-t-il dans Elle. C’est la raison pour laquelle je multiplie les versions. Parfois, jusqu’à soixante-cinq !"

A ce jour, l'écrivain a publié trois romans: Les derniers jours de nos pères (2010), qui retrace l'histoire du SOE, une branche méconnue des services britanniques pendant la deuxième guerre mondiale, La Verité sur l'affaire Harry Quebert (2012) qui suit l'enquête haletante d'un jeune écrivain cherchant à innocenter son ancien professeur accusé de meurtre et Le Livre des Baltimore (2015), qui raconte l'histoire de la famille Goldman frappée par un drame.

Si l'auteur suisse aime s'attaquer à tous les genres (drame historique, polar...), ses deux derniers romans démontrent en revanche que celui-ci se plaît à situer l'action de ses intrigues aux Etats-Unis, un pays qu'il connaît bien, qui l'inspire et dans lequel vit une partie de sa famille. "L'immensité du pays enrichit la fiction, assure-t-il. Et le fait que l'action se passe là-bas permet d'éviter toute ambiguïté: le "je" du livre n'est pas moi!" Mais l'auteur refuse qu'on dise de lui qu'il écrit des romans "à l'américaine". A la sortie de La Vérité sur l'affaire Harry Quebert, Joël Dicker préférait décrire son roman comme "une fiction française qui se passe aux Etats-Unis".

Pourquoi ça marche?

Le jeune auteur n'ayant jamais reproduit le même schéma pour ses trois romans, difficile d'expliquer les raisons du succès rencontré par Joël Dicker. Il n'existe pas encore une "méthode Dicker", mais on trouve en revanche certaines récurrences. Ce maître du suspens, qui donne envie au lecteur de sans cesse tourner les pages, aime instaurer une ambiance très cinématographique à tous ses romans. Et il n'y a donc rien d'étonnant à voir les producteurs se battre pour décrocher les droits d'adaptation de ses romans. La Vérité sur Harry Quebert a, par exemple, reçu plus de 80 propositions d'adaptation pour le grand écran, des propositions venant aussi bien du cinéma de Bollywood que de Ron Howard (Da Vinci Code, Apollo 13, Rush...). Mais elles ont toutes été refusées par l'éditeur de Joël Dicker.

Si les touches de Philip Roth et de Romain Gary (ses idoles) se retrouvent parfois dans ses romans, Joël Dicker se distingue par un style incisif et un vrai sens du suspense et de la narration. L'auteur, qui refuse de "se servir de l'écriture comme d'une thérapie pour soigner ses plaies", est aussi doté d'un certain culot, puisque dans La vérité sur l'affaire Harry Quebert, il n'hésitait pas à glisser aux lecteurs, par l'intermédiaire de ses personnages, les 31 conseils pour écrire un livre. Osé, mais payant.

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Un succès qui ne change (presque) rien

Peut-on se remettre d'un succès aussi fulgurant que celui rencontré par La Vérité sur l'affaire Harry Quebert ? Oui, si on en croit la sérénité qui transparaît dans les différentes interviews de cet auteur de 30 ans alors en pleine promotion de son nouveau roman. Dans Le Temps, il en explique d'ailleurs une des raisons: "Dès que j’ai mis le point final à La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, j’ai tout de suite commencé Le Livre des Baltimore, qui ne s’appelait pas encore comme ça à l’époque. Je n’ai pas cessé d’écrire entre les deux".

Celui qui considère que le plus grand changement survenu avec le succès n'est pas "la pression", mais le fait "d'avoir des lecteurs" avoue en revanche ne pas avoir pris la grosse tête: "Ecrire quatre romans et recevoir systématiquement des lettres de refus est la meilleure prophylaxie. Quand le succès arrive, vous savez qu’il est volatil. Qu’il ne tient qu’à un livre. Ce qui aide aussi beaucoup, c’est avoir un entourage qui m’aime indépendamment de mes livres et de leurs succès." Et de conclure: "Mon éditeur, Bernard de Fallois, ne s’en laisse pas conter non plus. Il me rappelle toujours qu’il faut continuer à apprendre, continuer à faire mieux. Je ne crois pas à la perfection, je crois à l’imperfection. Je suis vivant donc imparfait. J’aime essayer de comprendre ce que je n’ai pas réussi."

Fabien Morin