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Johnny Hallyday, une icône nationale hantée par ses démons

Johnny Hallyday en concert à Bordeaux en juin 2013

Johnny Hallyday en concert à Bordeaux en juin 2013 - Nicolas Tucat - AFP

Le chanteur, mort dans la nuit de mardi à mercredi, a fait face durant sa vie à plusieurs batailles personnelles, qu'il résumait lui-même par une tendance à la "destroyance".

"Il faut que j'aille mal pour savoir que je pourrais aller bien. J'ai besoin d'être au fond du trou pour remonter," confiait-il au Monde en 1998. Johnny Hallyday, l'une des figures les plus adulées de la chanson française, était également une âme tourmentée. Mort dans la nuit de mardi à mercredi des suites d'un cancer du poumon, le chanteur de 74 ans a évoqué par le passé ses problèmes d'addiction et ses peurs personnelles. 

Phénomène médiatique depuis l'âge de 17 ans après une enfance difficile, il confiait souvent être pris d'angoisse quand il se retrouvait seul dans sa chambre d'hôtel après ses concerts. Insomniaque, il a longtemps entraîné ses amis dans d'interminables et alcoolisées virées nocturnes. Johnny Hallyday était depuis toujours taraudé par la peur de la mort, de la maladie et, surtout, de la solitude. 

Une "vie de destroyance"

C'est dans un entretien choc accordé à l'écrivain Daniel Rondeau pour Le Monde en 1998 que le chanteur a ouvertement parlé de sa "vie de destroyance". Grand fumeur de Gitanes, il confessait notamment avoir consommé de l'opium et du hashish et pris de la cocaïne:

"J'en ai pris longtemps en tombant de mon lit le matin. Maintenant, c'est fini. J'en prends pour travailler, pour relancer la machine, pour tenir le coup", disait-il, confiant avoir dû prendre "beaucoup de cocaïne" pour accoucher des paroles de La musique que j'aime, sortie en 1973. 

Cette "vie de destroyance" l'a souvent conduit au bord du gouffre. En 1966, il a tenté de se suicider, après une dépression nerveuse. Un an plus tard, il était victime d'un accident de voiture dans le sud de la France - premier d'une longue liste -, alors qu'il roulait à 200 kilomètres heures. Et en 1985, il s'écroulait sur scène, terrassé par une syncope.

"Dépression" et "angoisse"

Après avoir frôlé la mort en 2009 suite à des complications consécutives à une opération du dos, Johnny Hallyday avait avoué avoir traversé une phase de "dépression terrible", de "violentes angoisses qu'(il) n'arrivait à évacuer que par une hyper-agressivité".

Des difficultés qui l'ont suivi tout au long de sa vie, et avec lesquelles son entourage a réussi à composer: "(Il) a besoin de ces descentes aux enfers. Ce n'est pas évident pour moi, quand on a des enfants (...). De le voir se détruire, c'est douloureux", confiait ainsi son épouse Laeticia. C'est cette dernière qui a annoncé le décès du chanteur à l'AFP. Dans un texte poignant, elle a salué un "homme extraordinaire", concluant son message par "Mon amour, je t'aime tant."

B.P. avec AFP