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Johnny Hallyday: peut-on encore parler d'"idole des jeunes"?

Johnny Hallyday le 19 avril 2016

Johnny Hallyday le 19 avril 2016 - Valerie Macon - AFP

Surnommé ainsi à ses débuts, Johnny Hallyday a-t-il réussi à traverser les générations?

L'hommage populaire rendu à Johnny Hallyday s'est achevé dans l'émotion, ce samedi à Paris. Le chanteur, mort mercredi à 74 ans des suites d'un cancer du poumon, a été l'icône d'une génération. Lorsqu'il goûte au succès, au début des années 1960, il s'impose très rapidement comme le visage d'une jeunesse qui rêve d'ailleurs. Avec ses rythmes à l'américaine, il devient la figure principale du mouvement yé-yé, adoré des plus jeunes et méprisé par leurs aînés.

Une posture qui lui aura même valu l'éternel surnom d'"idole des jeunes", titre de l'un de ses premiers tubes. 57 ans plus tard, au lendemain de l'éloge funéraire du chanteur à Paris, comment l'artiste a-t-il réussi à traverser les générations? 

"La mode de Johnny est passée"

"C'est quelqu'un de très connu, mais sa musique, ça n'est pas de notre génération" dit Amel, 18 ans et étudiante parisienne, à l'AFP. Même son de cloche chez Hana, 17 ans, lycéenne dans la capitale: "Je connais quelques chansons, j'écoute Johnny avec ma mère", explique celle qui estime que la musique du chanteur "n'est pas un style qui parle aux jeunes". Son ami Stéphane, 17 ans lui aussi, connaît "l'air d'Allumer le feu mais c'est tout". À ses yeux, "la mode de Johnny est passée".

Si les plus jeunes reconnaissent l'importance de Johnny Hallyday dans le paysage musical hexagonal, ils semblent rester relativement peu sensibles à l'oeuvre du Taulier. Ainsi, Naoelle, étudiante parisienne de 18 ans, voit en lui "l'image du rock n'roll français" et admet qu'"on ne peut pas dire qu'on ne le connaît pas", mais l'écoute simplement de temps en temps. Son ami Zineddine estime quant à lui que "c'est pas de notre génération, ça ne nous parle pas vraiment", même s'il lui arrive d'écouter les Beatles ou les Rolling Stones. De fait, il ne connaît que deux titres de Johnny Hallyday: Allumer le feu et Marie.

En revanche, l'impact du chanteur semble être bien présent pour certains. À l'instar de Grégory, 14 ans, qui s'est rendu à Marnes-la-Coquette le jour de l'annonce de son décès:

"Je ne suis pas spécialement fan, mais il était incontournable." 

Un amour transmis

C'est souvent par le biais des parents que les jeunes se familiarisent avec le chanteur. Nicolas, 22 ans, connaît quelques tubes grâce à son père : "quand on a des parents qui l'écoutent, on connaît un peu son parcours", explique-t-il, avant de préciser: "C'est un peu comme Claude François: on connaît deux, trois chansons de lui, on aime bien parce que c'est un classique". "J'aime bien sa personnalité" témoigne son ami James, 19 ans: "il a su toucher le coeur des Français".

Un système de transmission que confirme Éric Jeanjean, animateur à RTL2 et RTL: 

"Johnny c'est un héritage familial plus qu'une recherche de jeunes aujourd'hui (...) Johnny Hallyday n'est plus dans la playlist d'une radio tournée vers les jeunes adultes", constate-t-il. Un effet générationnel normal pour l'animateur, pour qui l'artiste "a vieilli avec son métier". 

Ainsi, certains qualifient même le chanteur d'"un peu ringard", comme Margot, étudiante de 19 ans, qui ne l'écoute pas "du tout", même si elle a "quelques paroles en tête". 

Et parfois, des fans

Pourtant, il existe parmi les Millenials des fans comme ceux d'il y a cinquante ans. Aurélien, 22 ans et étudiant à Bordeaux, écoute Johnny depuis ses 6 ans. Il l'a découvert grâce à une de ses tantes et à sa mère, fans elles aussi. Mercredi, après l'annonce du décès de la star, il n'a pas pu aller réviser à la bibliothèque. Il a passé son après-midi à écouter son chanteur favori: "ça m'a fait un gros pincement au coeur, comme si une partie de mon enfance était partie", a-t-il confié à l'AFP.

Enfant, il recevait des albums de Johnny Hallyday à Noël. Adolescent, il s'est mis à acheter des vinyles du chanteur, avec une préférence pour sa période yé-yé. Aurélien a vu son idole deux fois en concert, en 2009 à Angoulême puis le 1er juillet à Bordeaux, lors de la tournée des Vieilles Canailles. S'il semble faire figure d'exception parmi les jeunes de son âge, force est de constater que les moins de 25 ans ne sont pas (tous) réticents face à l'oeuvre du rockeur disparu.

B.P. avec AFP