Jean-Paul Gaultier, le "Scandal" et la ministre
Elle aurait pu être une chef d'entreprise. Mais c'est une ministre. L'héroïne provocante et "scandaleuse" de la campagne de publicité pour le dernier parfum de Jean-Paul Gaultier est une jeune femme libertine, sexy, et ministre donc.
Au début du spot, elle sort d'une boîte de nuit au petit matin, et s'engouffre dans une vieille berline (une Citröen SM, voiture prisée des présidents français). S'ensuit un parcours dans les rues désertes de Paris. A bord la passagère est déshabillée et rhabillée de la tête aux pieds par des mains expertes. Elle troque robe de soirée et escarpins argentés contre un tailleur-jupe très fendu laissant apparaître ses dessous. La voiture fait alors son entrée dans la cour de l'Elysée, accueillie par une nuée de journalistes. Ils l'interpellent d'un "S'il vous plaît Madame la ministre!".
Scandale et politique
Avec Scandal, le nom de cette fragrance, conçue autour d'ingrédients à caractère, le trublion de la mode fait son grand retour. Pour marquer l'occasion, il ne s'est pas privé d'une campagne de publicité à la hauteur du scandale.
"On voulait renouer avec l'esprit de Jean-Paul Gaultier, enfant terrible de la mode, qui marie luxe, populaire et sens de l'humour, détaille Johanna Worth, directrice associée de l'agence Mazarine, à l'origine de ce spot.
Puig, le groupe qui possède désormais les parfums de Jean-Paul Gaultier a conçu le flacon dont le bouchon est constitué de jambes en l'air, littéralement, et choisi le nom. L'agence Mazarine a, elle imaginé ce spot sulfureux.
"Timing génial"
"Les femmes d'aujourd'hui sont libres, elle ont deux vies, deux métiers. On ne sait pas si la jeune femme est ici une meneuse de revue ou une escort, chacun imagine ce qu'il veut. Mais il fallait que ce soit un peu choquant, pas un petit truc timoré. C'est un manifeste pour la liberté d'être soi", nous explique Johanna Worth.
Associer scandale et ministre, il fallait oser surtout en pleine période politique bien remplie à la fois par les élections, mais aussi, par les affaires. Affaire Fillon, affaire Le Pen, affaire Bayrou.
"Le timing est génial, on y a pensé aussi", reconnaît Johanna Worth, qui assume pleinement que dans une publicité suivant des élections et des scandales, l'héroïne soit ministre et pas chef d'entreprise.