"J'écris pour vous faire honte": Edouard Louis répond à L'Elysée

"Abstenez-vous d'essayer de m'utiliser", écrit Edouard Louis à Emmanuel Macron qui aurait apprécié son livre Qui a tué mon père.

Si comme l'affirme le journal l'Opinion, le livre d'Edouard Louis, Qui a tué mon père, est lu par les conseillers d'Emmanuel Macron et par le président lui-même, l'auteur ne s'en réjouit pas.

Comme le pointait Claude Askolovitch mercredi dans sa revue de presse sur France Inter: "A l'Elysée, on lit Edouard Louis parce qu'il serait macronien, sans le savoir. Le problème de son père n'est pas d'être pauvre ou handicapé, c'est de ne pas être émancipé de sa condition ouvrière, or justement, l'émancipation est le projet du Président". 

"Mon livre s'insurge contre ce que vous êtes"

La réponse de l'écrivain, tweetée mercredi avec la chronique de Claude Askolovitch, est sans équivoque:

"Emmanuel Macron, mon livre s'insurge contre ce que vous êtes et ce que vous faites. Abstenez-vous d'essayer de m'utiliser pour masquer la violence que vous incarnez et exercez. J'écris pour vous faire honte. J'écris pour donner des armes à celles et à ceux qui vous combattent.

Edouard Louis, auteur de En finir avec Eddy Bellegueule en 2014 et Histoire de la violence en 2016, a publié en mai dernier Qui a tué mon père. Ce roman, comme les deux précédents, est autobiographique. Il évoque l'histoire de son père, ouvrier dans le Nord, physiquement détruit par son travail, à la suite d'un accident, et victime des politiques d'austérité des gouvernements successifs.

"L'histoire de ton corps accuse l'histoire politique", écrit Edouard Louis, qui nomme dans son livre les responsables politiques. "Jacques Chirac et Xavier Bertrand te détruisaient les intestins", "Nicolas Sarkozy te faisait comprendre que tu étais en trop dans le monde, un voleur, un surnuméraire, une bouche inutile", "Nicolas Sarkozy et Martin Hirsh te broyaient le dos", "Hollande, Valls et El Khomri t'ont asphyxié", "Emmanuel Macron t'enlève la nourriture de la bouche".

M. R.