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Geneviève de Fontenay, l'ambassadrice de l'élégance et de la morale des Miss

Geneviève de Fontenay, le 10 décembre 2012

Geneviève de Fontenay, le 10 décembre 2012 - Miguel Medina - AFP

Celle qui a longtemps veillé sur "ses filles", tourne définitivement la page. Retour sur les 60 ans de règne de Geneviève de Fontenay au sein de la famille des Miss.

Ses chapeaux, son style désuet et son franc-parler ont fait d'elle une icône française, célèbre jusque dans le plus petit village de l'Hexagone: Geneviève de Fontenay a défendu farouchement depuis 1954 la tradition des reines de beauté. Pourtant, à 83 ans, la "dame au chapeau" a annoncé la fin d'un règne de 60 ans sur le monde des Miss.

Une rencontre décisive 

Née le 30 août 1932 à Longwy, en Meurthe-et-Moselle, dans une famille bourgeoise de dix enfants dont elle est l'aînée, Geneviève Mulmann se fait déjà remarquer dans son village natal, en Lorraine, en portant dès son adolescence des tailleurs chics qu'elle confectionne elle-même.

Devenue à 20 ans représentante de produits de beauté, elle rencontre en 1952 le président de la structure Miss France de l'époque, Louis Poirot, dit "de Fontenay". Il lui donnera deux fils, dont l'un est décédé à l'âge de 29 ans, et un conseil de mode jamais oublié: porter un panama pour équilibrer sa haute silhouette. Elle opte en même temps pour un style vestimentaire en noir et blanc, qui lui donnera une allure unique, reconnaissable entre toutes.

Elue "Miss Elégance" 1957, Geneviève de Fontenay a été un temps mannequin pour Balenciaga.

Gardienne de la tradition des miss

Elle reprendra seule en 1981 la direction du Comité Miss France, après la disparition de Louis de Fontenay. Au fil des ans, elle s'impose en gardienne du temple: "Une Miss est le contraire du laisser-aller, du débraillé, de la vulgarité qui me désolent tant, à l'image de ces publicités avec des paires de fesses et une ficelle dedans!"

Le franc-parler de Geneviève de Fontenay, notamment ses prises de positions paradoxales dans les débats de société ou en faveur de l'extrême gauche, ont forgé sa popularité, entretenue par un décalage savoureux entre sa gouaille et son look d'aristocrate faussement coincée.

Elle n'avoue qu'un regret: ne pas avoir tenté une carrière politique. Ce qui ne l'a pas empêchée de prendre position en faveur d'Arlette Laguiller à plusieurs reprises. Elle se désolidarisera d'elle avant le second tour de 2002 car la candidate de Lutte Ouvrière appelait à voter blanc, et non contre Jean-Marie Le Pen. En 2007, Geneviève de Fontenay a opté pour Ségolène Royal qui, selon elle, avait "la dimension présidentielle".

Conflit entre Geneviève de Fontenay et Endemol

Geneviève de Fontenay se considérait comme la mère, voire la grand-mère, de toutes ses Miss. C'est peut-être la raison pour laquelle elle prend très mal toute "errance" de ses "filles", notamment celle d'Isabelle Turpeaut, Miss France 1983, la première destituée pour des photos de charme dans Paris Match.

En 2004, la "Miss des Miss" fête sa 50e reine de beauté. Elle fait part de son émotion, à la veille d'un jubilé "qui couronne une aventure extraordinaire, marquée par la formidable adhésion des Français".

En 2002, le groupe de production audiovisuelle Endemol, géant européen de la téléréalité, lui a proposé un pont d'or, un peu plus de 6 millions d'euros, pour prendre le contrôle du concours et acquérir la marque Miss France, en proposant à TF1 l'exclusivité de la diffusion.

Rapidement, la "dame au chapeau" et Endemol entrent "en conflit éthique", selon elle, sur l'organisation du concours et de la cérémonie. En 2010, Endemol transforme en "célébrité" une Miss destituée pour des photos érotiques.

La naissance de Miss Prestige National

Folle de rage, Geneviève de Fontenay claque la porte et décide de créer un concours dissident, Miss Prestige National, déclenchant une guerre judiciaire avec Endemol. En 2013, les poursuites judiciaires sont abandonnées de part et d'autre dans le cadre d'un pacte de non agression. Désormais, l'élection Miss Prestige National peut se dérouler "à distance" de l'élection de Miss France.

Depuis 2004, le double de cire de Geneviève de Fontenay trône au musée Grévin: "C'est une idée qui m'amuse de me retrouver au musée", commente-t-elle. "On m'a proposé la Légion d'honneur. J'ai refusé car je ne la mérite sûrement pas! Il faut respecter cette médaille au nom de tous ceux qui ont sauvé la France!"

R.I avec AFP