BFMTV
People

Florent Pagny et le fisc français: 15 ans de déclarations fracassantes

Florent Pagny à Versailles en 2004

Florent Pagny à Versailles en 2004 - Pascal Pavani - AFP

Sur le thème toujours sensible de l'exil fiscal, son franc-parler et ses prises de positions sont rarement passés inaperçus. Alors qu'il vient d'annoncer avoir quitté le sol français pour s'installer au Portugal pour de "vraies raisons fiscales", retour sur les sorties les plus marquantes de Florent Pagny sur ce sujet.

On pouvait tout lui prendre: ses gosses, la télé, sa brosse à dents, son revolver, même sa femme et le canapé. Mais non, pas sa liberté de penser. Ni sa liberté de dire tout ce qu'il pense. Depuis le carton de son tube Ma liberté de penser en 2003, dans lequel il racontait ses mésaventures avec le fisc français, Florent Pagny s'est souvent illustré en interview par ses sorties fracassantes sur le sujet.

Aujourd'hui, l'interprète de Savoir aimer et Bienvenue chez moi fait parler de lui après l'annonce de son départ au Portugal pour "de vraies raisons fiscales". Mais l'artiste n'en est pas à son coup d'essai sur le sujet. Retour sur près de quinze années de propos choc, parfois provoc', d'un chanteur bien fâché avec le fisc.

"Paie-en comme j'en paye, on en reparlera coco"

Celui qui partageait sa vie pendant vingt ans entre la Patagonie et la France a utilisé la chanson pour pousser son premier véritable coup de gueule contre le fisc avec le titre Ma liberté de penser, issu de son album Ailleurs Land en 2003. Ecrit par Lionel Florence et Pascal Obispo, son hymne contre le fisc devient un véritable tube. Ce titre aux paroles légères donne alors à Florent Pagny une tribune inattendue pour régler ses comptes avec le Trésor public.

"J'peux vider mes poches sur la table/Ca fait longtemps qu'elles sont trouées/Baisser mon froc j'en suis capable/Mais vous n'aurez pas, ma liberté de penser," entonne-t-il

En 2004, le chanteur est toutefois condamné pour "fraude fiscale" à 15.000 euros d'amende et six mois de prison avec sursis. Un an plus tard, la cour d'appel de Versailles maintiendra les 15.000 euros d'amende, mais supprimera la peine de prison.

Les "Gaulois et l'argent

Si le succès artistique lui a souri grâce à cette chanson, celle-ci lui a aussi valu "pas mal d'emmerdes", comme il le confiait à Paris-Match en 2016. "Je suis devenu le type qui ne payait pas ses impôts, lâche-t-il. C’était n’importe quoi! Les gens ont fait une fixette là-dessus, dans la rue on me lançait : 'Va payer tes impôts !' Je n’ai jamais osé répondre : 'Payes-en comme j’en paye, on en reparlera coco !' mais j’aurais dû..."

Florent Pagny, qui avouait l'an passé au Parisien "payer en 1 et 2 millions d'euros d'impôts", n'a jamais éludé ses problèmes avec le fisc et le système d'imposition en France. Mais être ramené à ce sujet par les Français l'exaspère aussi. A Télé Poche, il assure notamment avoir la "chance inouïe" de payer des impôts dans tous les pays où il vit, mais s'agace de l'attitude des Français sur le sujet sensible, voire tabou, de l'argent: "Les Gaulois, ils veulent bien gagner de l'argent, mais il ne faut pas que ça se sache".

"Les Français sont assistés"

A la télévision, le chanteur a fait valoir à chaque sortie son franc-parler. Comme dans Tout le monde en parle chez Thierry Ardisson en 2005 où il justifiait notamment cette déclaration chirurgicale sur ses compatriotes: "On est dans un pays qui n'aime pas les gens qui réussissent, les Français sont assistés. Quand il y en a un qui sort du lot, cela rappelle aux autres leur lâcheté et le fait qu'ils ne soient pas à la hauteur". Ou alors dans l'émission Le Divan de Marc-Olivier Fogiel en 2016 au cours de laquelle il revenait sur la façon dont il avait "tenu tête" face aux "conneries" du fisc français. Avec le même naturel et le même sens de la punchline.

S'il est souvent ramené à ses problèmes avec le Trésor public, Florent Pagny assure que pourtant c'est bien malgré lui. En 2014, sur France Inter, l'emblématique coach de The Voice fait savoir qu'il n'a "jamais voulu faire la publicité" de ses déboires avec le fisc. "J’ai toujours estimé que c’était bien d’avoir gagné (son procès, NDLR). Ferme ta gueule, casse toi et emmerde personne, commence pas à claironner", lâche-t-il.

La dernière sortie de Florent Pagny sur son exil au Portugal confirme que chacun des propos du chanteur prend une ampleur nationale. Preuve en est avec les réactions de la classe politique qui se sont multipliées sur le sujet. Bruno Le Maire a invité le chanteur "à rester en France" alors que de nombreux politiques comme Nicolas Dupont-Aignan ou Luc Carvounas ont condamné les propos du chanteur. Mais non, ils n'auront pas sa liberté de penser...

Fabien Morin