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Du Bébête show aux Guignols: Jacques Chirac, "un bonheur" pour les imitateurs

La marionnette de Jacques Chirac aux Guignols.

La marionnette de Jacques Chirac aux Guignols. - Olivier Laban-Matei - AFP

La gestuelle et l'élocution de Jacques Chirac ont fait le bonheur des imitateurs et des programmes satiriques.

Avec sa voix et son phrasé si particuliers, Jacques Chirac était le client idéal pour les imitateurs de tous poils. Jean Roucas, Yves Lecoq, Laurent Gerra et bien d'autres s'y sont ainsi frottés, pendant plus de quarante ans. Moquant Jacques Chirac maire de Paris, puis président de la République. Pas toujours pour son plus grand plaisir, mais parfois à son avantage. 

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Ceux qui ont grandi dans les années 1980 ne considéraient pas Chirac comme un hipster avant l'heure, mais comme le personnage ambitieux, impatient et plein de tics de langage que montrait le Bébête Show.

Ancêtre des Guignols et inspirée du Muppet Show américain, l'émission de Stéphane Collaro, Jean Amadou et Jean Roucas - qui prêtait sa voix aux marionnettes - est née en 1982 sur TF1. Jacques Chirac y était représenté sous le costume d'un aigle - grand nez oblige - surnommé Black Jack.

C'est dans les années 1980, également, que Patrick Sébastien, grand ami de Jacques Chirac, a commencé à l'imiter, mais avoir la dent aussi dure que le Bébête Show.

"C'était une mine"

L'humoriste Thierry Le Luron - disparu en 1986 - a lui aussi joué de cette gestuelle et de cette diction, dès la fin des années 1970 pour camper celui qui était alors maire de Paris. Et si la façon de parler de Jacques Chirac donnait matière aux imitateurs, le politique s'est servi des imitations pour se corriger. 

"Je ne crois pas que j'étais celui qu'il imitait le mieux, mais j'ai beaucoup appris en le regardant m'imiter", disait-il ainsi de lui Le Luron, expliquant: "à force de répéter que je disais toutes les deux minutes 'c'est fondamental à cet égard', j'ai fini par m'interroger".

C'est dans les années 1980, également, que Patrick Sébastien, grand ami de Jacques Chirac, a commencé à l'imiter. 

"C'est un personnage de bande dessinée, il avait une gestuelle comme ça... Il avait cette espèce de voix un peu protocolaire. Pour nous c'était une mine, c'était un bonheur", se souvient le chansonnier Jacques Mailhot. 

Jacques Chirac a également fait les riches heures des spectacles et des chroniques radio et télé de Laurent Gerra. "Les Français m'adorent. Moins j'en branle, plus les Français m'aiment", faisait-il dire, prophétique, à Jacques Chirac, lors de son spectacle au Palais des Sports, truffant également ses sketch des expressions fleuries dont l'homme politique avait le secret.

"C'est important d'avoir les profiteroles bien calées quand on est assis, ça évite que ça en touche une sans déranger l'autre", glissait-il ainsi dans son spectacle, reprenant la phrase attribuée à Chirac "ça m'en touche une sans faire bouger l'autre".

"Une sympathie pour le personnage"

L'imitateur Didier Gustin, a prêté sa voix de Chirac au documentaire satirique de Karl Zéro et Michel Royer en 2007, Dans la peau de Jacques Chirac. Il témoigne lui, sur France Bleu, de la popularité du personnage auprès du public. "Encore aujourd'hui, sur scène, si j'imite Sarkozy ou Hollande, il n'y a pas cette sympathie pour le personnage. Je le fais moins mais il y a toujours cette sympathie (vis-à-vis de Jacques Chirac, ndlr) et le public aime beaucoup quand on l'imite."

Cette sympathie n'est pas étrangère aux Guignols, qui ont entretenu une histoire d'amour-haine avec Chirac, pendant plus de vingt ans. Dès 1990 - Jacques Chirac est encore maire de Paris - il a une marionnette dans Les Arènes de l'info. Puis en 1993, c'est l'époque du "Putain deux ans", quand il attend alors avec impatience l'élection présidentielle, et enfin en 1995, le "Mangez des pommes", que Chirac a si bien su utiliser. C'était avant qu'il n'apparaisse en "Super Menteur", en 2001.

Voix de sa marionnette pendant plus de trente ans, Yves Lecoq, présent jeudi sur le plateau de BFMTV, souligne: "Il y avait une sympathie, qui paraît-il transparaissait dans ma façon de l'imiter, mais la sympathie était partagée par tous les Français". L'imitateur se défend cependant de tout lien d'amitié avec l'homme politique, assurant ne l'avoir que rarement rencontré. "Je l'ai rencontré à la fin de son mandat pour le remercier de nous avoir laissé faire ce qu'on voulait".

Magali Rangin