BFMTV
People

D'Abd Al Malik à Orelsan, quand le rap fait son cinéma

Orelsan et Gringe en 2013.

Orelsan et Gringe en 2013. - François Guillot - AFP

Du rap au cinéma, il n'y a qu'un pas. Abd Al Malik et aujourd'hui Orelsan en font l'expérience. Son film Comment c'est loin sort le 9 décembre.

D'Abd Al Malik à Orelsan, en passant par les apprenties rappeuses des films Max et Lenny ou Brooklyn, le hip hop s'invite en force dans le cinéma français qui se penche sur les aspirations de la jeunesse. Un an après la chronique autobiographique d'Abd Al Malik, Qu'Allah bénisse la France", le rappeur Orelsan débarque à son tour mercredi sur les écrans, mais sur un ton plus léger, avec Comment c'est loin. 

Une "comédie semi-musicale" contant l'errance de deux jeunes rappeurs en panne d'inspiration auxquels leurs producteurs donnent 24 heures pour boucler le morceau qui va lancer leur carrière. 

De la banlieue strasbourgeoise (Abd Al Malik) aux pavillons de Caen (Orelsan), en passant par les cités de Marseille (dans Max et Lenny avec la rappeuse Pand'Or) ou de Saint-Denis (dans Brooklyn illuminé par la rappeuse suisse KT Gorique), le cinéma dresse autant de portraits de la jeunesse française avec pour fil conducteur et pour moteur la musique la plus populaire chez les ados.

"Les courants musicaux les plus forts ont toujours été en liaison avec le cinéma, comme le jazz avec la Nouvelle vague ou le rock avec le Nouvel Hollywood (mouvement dans le cinéma américain des années 70).

Le cinéma d'aujourd'hui est forcément en lien avec le rap", explique Abd Al Malik, 40 ans, dont le premier film, en noir et blanc, s'inscrivait dans le sillage de La Haine (1995) de Mathieu Kassovitz, un film "précurseur" pour réunir "culture hip hop et problématique sociale au cinéma". "Rap et cinéma ont tout pour s'entendre", confirme Orelsan.

"Le truc des rappeurs, c'est d'écrire avec beaucoup d'images, on est très proche de la logique des dialogues au cinéma. Il y a des ponts qui se font peut-être plus facilement qu'avec d'autres styles musicaux", estime le rappeur de 33 ans, Aurélien Cotentin de son vrai nom, qui a coréalisé son premier film avec Christophe Offenstein.

Improvisations rap

Dans Comment c'est loin, rythmé par les improvisations rap, Orelsan partage l'affiche avec son compère Gringe (Guillaume Tranchant) avec lequel il forme le duo les Casseurs Flowters et anime une pastille humoristique (Bloqués) dans le Petit journal de Canal+. Ce récit doux-amer de ces deux musiciens incapables de terminer un morceau depuis des années "n'est pas autobiographique", mais "il y a quand même une part inspirée de la réalité", précise le rappeur normand, qui rêve maintenant d'autres films. Si la musique est évidemment centrale et le ton franchement léger, Orelsan parvient aussi à glisser dans son film quelques réflexions sur la génération des 20-30 ans et la difficulté de trouver sa voie, professionnelle et sentimentale, aujourd'hui.

Dans Max et Lenny, film de Fred Nicolas sorti en février, le rap était le moyen pour une jeune fille taciturne des quartiers nord de Marseille de se défouler et d'échapper à la délinquance.

Dans Brooklyn, tourné par Pascal Tessaud dans la ville de NTM, Saint-Denis, le hip hop était aussi un prétexte pour rendre hommage au travail des associations de quartiers. Cette association cinéma-rap a encore de beaux jours devant elle.

Juliette Gréco et Miles Davis

Le slameur Grand Corps Malade doit tourner l'an prochain l'adaptation cinématographique de son livre Patients, où il racontait sa grave chute dans une piscine et la longue rééducation qui a suivi. Le label Wati-B (celui de Maître Gims et Black M, vedettes chez les ados) prépare aussi un premier long métrage.

Abd Al Malik travaille à un deuxième film, consacré à la relation amoureuse entre Juliette Gréco et le musicien Miles Davis dans les années 50 à Paris. Oxmo Puccino peaufine également un scénario, "une histoire sur l'amitié de jeunes gens". La culture hip hop dans le cinéma, ce n'est que le début", estime le rappeur d'origine malienne, "parce que les gens commencent tout juste à comprendre la résonance de ce mouvement né il y a 30 ans."

la rédaction avec AFP