BFMTV
People

Coronavirus: Michel Houellebecq livre sa sombre vision du monde d'après

Michel Houellebecq, en janvier 2015

Michel Houellebecq, en janvier 2015 - Patrik Stollarz - AFP

Le romancier détaille sa vision du monde post-confinement et post-coronavirus et développe une pensée très pessimiste.

Michel Houellebecq, auteur de plusieurs ouvrages célébrés pour leurs capacités à capturer voire anticiper les maux de notre société, sort du silence pour livrer sa vision du monde post-confinement et post-coronavirus. 

"Nous ne nous réveillerons pas, après le confinement, dans un nouveau monde ; ce sera le même, en un peu pire", écrit le romancier dans une lettre dévoilée ce lundi sur France Inter par Augustin Trapenard. "L’épidémie de coronavirus offre une magni­fique raison d’être à cette tendance lourde: une certaine obsolescence qui semble frapper les relations humaines", dit-il encore.

"Jamais la mort n’aura été aussi discrète qu’en ces dernières semaines"

"Il serait tout aussi faux d’affirmer que nous avons redécouvert le tragique, la mort, la finitude, etc. La tendance depuis plus d’un demi-siècle maintenant [...] aura été de dissimuler la mort, autant que possible ; eh bien, jamais la mort n’aura été aussi discrète qu’en ces dernières semaines", analyse ensuite l'écrivain, avant d'ajouter sur un ton tout aussi glaçant:

"Les gens meurent seuls dans leurs chambres d’hôpital ou d’EHPAD, on les enterre aussitôt [...], sans convier person­ne, en secret. Morts sans qu’on en ait le moindre témoignage, les victimes se résument à une unité dans la statistique des morts quoti­diennes, et l’angoisse qui se répand dans la population à mesure que le total augmente a quelque chose d’étrangement abstrait."

Houellebecq affirme enfin que la crise actuelle n'accouchera pas de livres intéressants:

"Sur la peste on a eu beaucoup de choses, au fil des siècles, la peste a beaucoup intéressé les écrivains. Là, j’ai des doutes. Déjà, je ne crois pas une demi-seconde aux déclarations du genre, 'rien ne sera plus jamais comme avant'."
Jérôme Lachasse