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Brett Ratner, Roman Polanski, Woody Allen: Ellen Page règle ses comptes avec Hollywood

Ellen Page, le 18 octobre 2015

Ellen Page, le 18 octobre 2015 - Tizana Fabi - AFP

Dans un long message publié sur Facebook, l'actrice condamne à son tour un certain climat hollywoodien, après les révélations sur l'affaire Weinstein.

Elle fait partie des rares actrices hollywoodiennes qui ne se sont pas faites entendre depuis l'affaire Westein. Plus d'un mois après les révélations d'accusations de harcèlements, d'agressions et de viols à l'encontre du producteur, qui ont provoqué une vague de révélations dans le monde du cinéma, Ellen Page prend la parole. Par le biais d'un long post Facebook, l'actrice de 30 ans raconte sa propre expérience du cinéma, notamment avec Brett Ratner, réalisateur accusé d'agression sexuelle par plusieurs femmes.

L'actrice, ouvertement lesbienne, détaille comment le réalisateur a révélé son homosexualité devant l'équipe du film X-Men: l'affrontement final alors qu'elle n'avait que 18 ans:

"Il a regardé une femme près de moi, de dix ans plus âgée, a pointé le doigt vers moi et a dit: 'Tu devrais la baiser pour lui faire réaliser qu'elle est gay'. (...) J'étais une jeune adulte et je n'avais pas encore assimilé mon homosexualité. Je savais que j'étais gay, mais je ne le savais pas vraiment. Je me suis sentie violée quand c'est arrivé."

"Il m'a 'outée' sans s'inquiéter de mon bien-être, un acte que nous reconnaissons tous comme homophobe", accuse également l'actrice de Juno, qui a signé un émouvant coming-out en 2014 après avoir grandi devant les caméras. Elle évoque le sentiment de "honte" qui en a découlé, "l'une des conséquences les plus destructives de l'homophobie". Avant de s'attaquer, plus globalement, aux rapports de pouvoir qui régissent les relations sur les plateaux de cinéma.

"Ma sécurité n'était pas garantie sur mon lieu de travail"

Ellen Page raconte plusieurs abus dont elle affirme avoir été victime durant sa seizième année, à commencer par un dîner avec un réalisateur: "'Il a caressé ma jambe sous la table et m'a dit 'Tu dois faire le premier pas, moi je ne peux pas'. Je n'ai pas fait le premier pas."

Elle affirme avoir été touchée de manière inappropriée des mois plus tard. "Un réalisateur m'a demandé de coucher avec un homme approchant la trentaine et de lui dire comment c'était. Je ne l'ai pas fait.", ajoute-t-elle encore. "Ce fut une prise de conscience douloureuse: ma sécurité n'était pas garantie sur mon lieu de travail."

L'actrice rappelle par ailleurs le risque que prennent ceux qui parlent, tandis que les agresseurs présumés restent quasiment assurés de ne pas être inquiétés:

"Regardez ce qui est arrivé aux rares qui se sont plaints d'abus sexuels à Hollywood. Certains ne sont plus avec nous (...) Leurs bourreaux? Ils travaillent toujours. Protégés alors que j'écris ces lignes".

Woody Allen, "le plus grand regret" de sa carrière

"Nous continuons à célébrer le réalisateur Roman Polanski", accuse-t-elle, le cinéaste étant hanté par une affaire de viol présumé sur une adolescente de 13 ans. Elle cite également Woody Allen, accusé par sa fille adoptive Dylan de l'avoir agressée sexuellement lorsqu'elle était enfant; "J'ai fait un film avec Woody Allen et c'est le plus grand regret de ma carrière. J'ai honte d'avoir fait ça".

Avant d'appeler Hollywood à "se réveiller et à prendre ses responsabilités pour la manière dont chacun a joué un rôle là-dedans" et de demander à ne pas "normaliser" ces comportements, Ellen Page condamne les abus de pouvoir qui, d'après elle, régissent le milieu du cinéma:

"Je veux voir ces hommes faire face à ce qu'ils ont fait. Je ne veux plus qu'ils aient de pouvoir. Je veux qu'ils s'assoient et qu'ils pensent à qui ils sont sans leurs avocats, sans leurs millions, sans leurs belles voitures, leurs maisons".

B.P.