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Bertrand Cantat: "J'ai payé la dette à laquelle la justice m'a condamné"

Le chanteur, condamné en 2003 pour avoir tué sa compagne Marie Trintignant a annoncé lundi renoncer à sa participation aux festivals d'été. Il revendique son "droit à la réinsertion".

Un "comité d'accueil" particulièrement virulent attendait les fans Bertrand Cantat, lundi soir, devant la salle Rockstore à Montpellier, où le chanteur se produisait. "Cantat assassin" ou encore "La justice ne règle pas l'éthique", pouvait-on lire sur les pancartes brandies.

Face à une contestation grandissante suscitées par sa venue, Bertrand Cantat a annoncé lundi soir renoncer à se produire dans les festivals d'été. Mais il invoque également son "droit à la réinsertion", dans une lettre publiée dans la foulée sur son compte Facebook.

"Il a aussi le droit de continuer à vivre"

Le chanteur, 15 ans après la mort en 2003 sous ses coups de Marie Trintignant, "renouvelle" sa "compassion la plus sincère, profonde et totale à la famille et aux proches de Marie". "Il est des trous noirs dans le tissu de la vie qui ne se comblent pas", ajoute l'ex-leader du groupe Noir Désir.

Condamné à huit ans de prison pour coups mortels, Bertrand Cantat avait été libéré en 2007 après avoir purgé plus de la moitié de sa peine.

"J'ai payé la dette à laquelle la justice m'a condamné. J'ai purgé ma peine. Je n'ai pas bénéficié de privilèges. Je souhaite aujourd'hui, au même titre que n'importe quel citoyen, le droit à la réinsertion. Le droit d'exercer mon métier", écrit le chanteur.

"Je peux comprendre l'émotion. Il a payé, la justice a tranché. Il a aussi le droit de continuer à vivre", avait déclaré la ministre de la Culture Françoise Nyssen, le 7 mars dernier.

Tournée maintenue

Le retour au premier plan de Cantat avait soulevé la polémique en octobre, lorsqu'il avait fait la Une du magazine Les Inrockuptibles auxquels il accordait une interview, avant la sortie de son premier album solo Amor Fati. L'affaire Weinstein a contribué à alimenter cette polémique.

"La couverture des Inrockuptibles a heurté certaines personnes, je leur demande de bien vouloir m'en excuser. Ce n'était pas mon intention", affirme Bertrand Cantat sur Facebook.

Dans ce contexte, il dit comprendre "qu'être programmé dans le cadre de festivals cet été puisse poser problème". "D'où ma décision de me retirer de ceux-ci", ajoute-t-il.

"Honteux, indécent, dégueulasse"

Les dates de sa propre tournée entamée le 1er mars à La Rochelle ont en revanche été maintenues, dont celle de lundi soir à Montpellier, où une soixantaine de militants pour les droits des femmes a interpellé avec véhémence la file de spectateurs se pressant à l'entrée de la salle. Bertrand Cantat doit donner ses dernières représentations à Paris les 29 et 30 mai.

Interrogée lundi sur le plateau de Léa Salamé sur France 2, la réalisatrice Nadine Trintignant, mère de Marie, a, pour sa part jugé "honteux, indécent, dégueulasse, qu’il aille sur scène". Estimant n'avoir pas à "juger" les spectateurs des concerts de Bertrand Cantat, Nadine Trintignant a déclaré apprécier "énormément les maires qui ont refusé qu'un meurtrier vienne dans leur ville".

Magali Rangin avec AFP