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Au théâtre, Eric Cantona en beau-père de jihadiste

Eric Cantona

Eric Cantona - AFP

L'ex-footballeur se glisse dans la peau d'un père dont la fille a épousé un jihadiste.

Au cinéma, Eric Cantona a incarné un policier, un truand et même Eric Cantona. En novembre, la légende du foot campera le rôle d'un père en désarroi après le mariage de sa fille à un jihadiste en Syrie.

"J'adore jouer, c'est excitant. J'aime bien me retrouver face à un public", affirme l'ancien joueur, dont c'est la quatrième expérience au théâtre - la dernière remontant à 2015.

L'ex-star du Manchester United, qui est passé derrière la caméra dès 1995 et qui est marié à l'actrice et metteuse en scène Rachida Brakni, assure que le théâtre est "un moment unique et intense".

"Une pièce qui donne à réfléchir"

Au cinéma, il démarre avec Le bonheur est dans le pré (1995) d'Etienne Chatiliez et fera une vingtaine de films, mais c'est Looking for Eric (A la recherche d'Eric) de Ken Loach, où il joue son propre personnage, qui lui vaudra d'être acclamé par la critique.

Pour son retour sur les planches, au théâtre Antoine à Paris, le "King Eric" a été invité à participer à Lettres à Nour, une pièce à succès adaptée d'un roman de l'islamologue et politologue franco-marocain Rachid Benzine.

Une pièce où père et fille sont assis chacun à un bout d'une table, lisant leur échange épistolaire après que Nour soit partie rejoindre un lieutenant de Daech.

"C'est une pièce qui donne à réfléchir (...) un texte qui incite à la compréhension... comprendre comment on peut en arriver là", souligne l'ancien footballeur.

"Pourquoi n'ai-je rien vu venir?"

"La correspondance permet de développer différents points de vue", juge l'ancien numéro 7 des Red Devils.

"Pourquoi n'ai-je rien vu venir?", se demande dans la pièce le père intellectuel, musulman et libéral de Nour, comme l'ont très probablement fait les parents des milliers de Français partis en Irak et en Syrie ces derniers années rejoindre le groupe Etat islamique (EI).

"Ici, je suis au paradis, c'est la fin de l'esclavage", écrit Nour à son père après son mariage. Lui l'implore de revenir, dénonçant "la dérive mortifère de l'islamisme".

"Il faut essayer de comprendre pour que ça n'arrive plus", assure Eric Cantona, 52 ans.

"C'est quelque chose qui peut arriver à n'importe qui"

"Je suis père de 4 enfants (...) c'est quelque chose qui peut arriver à n'importe qui", poursuit la star qui a joué dans deux pièces montées par sa femme (Face au paradis en 2010, et Victor en 2015). Il a deux enfants de Rachida Brakni et deux autres d'un précédent mariage.

Le Marseillais parle doucement, avec de longues pauses, une attitude qui tranche un peu avec les colères imprévisibles et les phrases provocatrices qui l'ont rendu tout aussi célèbre que sa réputation d'attaquant.

C'est "très important qu'il y ait des écoles qui viennent voir" la pièce, assure l'ancienne idole du foot.

Lettres à Nour a été interprétée par plusieurs acteurs, dont récemment Charles Berling, qui va lui-même diriger "Canto".

Pour l'ex-star du ballon, cette pièce va "au-delà de l'information grossière qu'on donne des choses, où tout est basé sur la peur, sur l'information exclusive".

M.R. avec AFP