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Alain Delon: un acteur toujours admiré, un homme souvent critiqué

L'acteur à la beauté jugée aussi bien "infernale" que "magnétique", fête ce dimanche ses 80 ans. Retour sur une carrière extraordinaire, longue de presque 60 ans. Et sur sa part d'ombre.

Star depuis près de six décennies, Alain Delon, qui devient octogénaire ce dimanche, a conservé son aura d'acteur instinctif à la beauté magnétique mais l'homme est souvent critiqué pour ses prises de position jugées excessives ou provocatrices.

"Alain est le plus grand acteur depuis la mort de Jean Gabin et celle de Lino Ventura. C'est vraiment un très grand acteur, ce qu'on à tendance à oublier un peu", a confié il y a peu Mireille Darc, qui fut sa compagne pendant près de quinze ans et reste son amie fidèle.

Alors qu'il a mis un terme à sa carrière il y a plus de quinze ans, et que ses apparitions publiques se font de plus en plus rares, Alain Delon reste pour beaucoup une icône du cinéma français des décennies 60 et 70.

Une beauté "infernale"

"C'est une beauté infernale. Delon jeune, c'est insoutenable. Il est hypnotisant. Je peux regarder des photos de lui des heures et des heures", déclarait récemment l'acteur Vincent Lindon.

Pour le critique et historien du cinéma, Jean-Michel Frodon, Delon "est une figure unique du cinéma français d'après-guerre dont la présence à l'écran est sans équivalent, en tout cas chez les hommes". "Il possède une énergie, une intelligence dans sa façon d'être face à une caméra qui ont été bien exploitées par de grands cinéastes, au premier rang desquels Jean-Pierre Melville", déclare-t-il.

Melville a offert à Delon trois de ses meilleurs rôles dans Le Samouraï (1967), Le Cercle rouge (1970) et Un flic (1972). Admiré en France, Alain Delon et sa "gueule d'ange" sont aussi célèbres à l'étranger depuis la sortie de Plein Soleil, de René Clément (1960), film qui a conféré à l'acteur, alors âgé de 25 ans, une dimension internationale.

"C'était mon quatrième film. Il a eu un succès extraordinaire. Depuis, je suis un dieu vivant au Japon", aime-t-il à répéter...

"Delon-san (Mr Delon en japonais) a 80 ans? Vraiment ? Il était plutôt beau mec!", a déclaré à l'Agence France-Presse (AFP) Etsuko Yanai, une cinéphile de 71 ans, qui assistait il y a quelques jours au Festival du film de Tokyo.

Le "Robert Redford français"

"C'était le Robert Redford français". Mais les années passant, l'étoile de Delon a pâli au pays du Soleil Levant et parmi les festivaliers interrogés rares étaient ceux qui connaissaient encore l'acteur. En Italie, où il a été dirigé par les plus grands (Luchino Visconti, Michelangelo Antonioni,...), "il fait partie de l'élite des acteurs qui exercent une sorte de fascination, au-delà de leurs films", explique de son côté Gian Luca Farinelli, directeur de la cinémathèque de Bologne.

"Aujourd'hui encore, il reste une icône et même les jeunes, qui ne le connaissent pas nécessairement, sont sensibles à sa beauté", précise l'historien.

Mais les emportements, les provocations, l'égo hypertrophié de celui qui parle de lui à la troisième personne, affiche sa proximité avec les idées du Front national ou qualifie l'homosexualité de "contre-nature" ont largement contribué à altérer sa cote d'amour auprès des Français. Dans un sondage publié en 2013, 55% d'entre eux disaient ne pas l'aimer, voyant en lui un "mégalomane", "provocateur" et "réactionnaire".

Un monstre sacré

Mais cet inconsolable nostalgique des années De Gaulle et du cinéma de cette période reste un "monstre sacré" pour une large majorité de ses concitoyens. "Il y a chez lui cette part d'ombre qui apparaît aussi hors cinéma dans des déclarations souvent mal venues, et mal perçues", explique Jean-Michel Frodon. "Mais ces propos reflètent une facette autodestructrice du personnage qui fait partie intégrante de son aura d'acteur", estime-t-il.

Pour le journaliste Bernard Violet, auteur en 2000 d'une biographie non autorisée, l'acteur peut se révéler "un inflexible procédurier, intransigeant et cassant". La star l'avait poursuivi en justice pour le dissuader d'écrire son livre. En vain. "Il est fasciné par le milieu des gangsters, une attirance qui remonte à sa petite enfance, quand il jouait dans la cour de la prison de Fresnes (où son père adoptif était surveillant) avec les enfants des gardiens, entre flics et voyous", a-t-il déclaré.

Jé. M. avec AFP